Alors que l’année 2021 constitue une véritable exception statistique, le lien avec les évolutions précédentes des marchés boursiers s’est imposé plus rapidement que la normale, par effet de rattrapage. Ainsi, parmi les nombreuses méthodes d’analyse cyclique, nous pouvons utiliser un index d’évolution. Cet article se concentrera sur une approche exclusive du Dow Jones afin d’établir un agrégat des données dont nous disposons. L’année 2022 sera certainement celle de la fin de la reprise, avec des mouvements correctifs plus réguliers et plus récurrents. La période la plus sensible pourrait ainsi être celle du printemps et de l’été 2022 avec la dernière partie du cycle engagé en 2019.
Cycles et Dow Jones.
Dans une précédente publication [lire], nous avions démontré l’existence d’un cycle primaire de 3,5 années sur le Dow Jones. Ce cycle est relativement fiable dans la mesure où il détermine l’évolution structurelle de l’indice américain. Les actions américaines nous offrent par ailleurs un recul statistique important et suffisamment grand pour obtenir des scénarios d’évolution dans le futur. Le graphique ci-dessous, tiré de notre précédente publication, compare les variations annuelles du Dow Jones (courbe noire) avec les variations cycliques de 3,5 années (en rouge). Il existe une certaine symétrie entre les deux courbes.
Décomposition en phases du Dow Jones.
Dès lors, une fois le constat du cycle posé, nous pouvons chercher à modéliser l’existence d’un « cycle type » à partir des données dont nous disposons. Nous réalisons ainsi les étapes suivantes : (1) nous reprenons l’ensemble des données journalières depuis janvier 1995, (2) nous décomposons la série de données en phases régulières de 3,5 années, et enfin (3) nous établissons un indice initialisé à 100 pour chaque phase afin de comparer les évolutions respectives. Le graphique ci-dessous reprend l’ensemble des phases de 3,5 années de 1998 à 2021. On notera que la date de début de chacune de ces phases est choisie arbitrairement, et qu’une approche plus rigoureuse des dates de points bas et de sommets est réalisable.
La première remarque est que les différentes phases de 3,5 années sont relativement toutes très canalisées, en particulier en milieu de cycle. Les grandes divergences d’évolution entre les phases prennent principalement effet sur les quarts du cycle. Les périodes les plus délicates en bourse sont donc celles où le Dow Jones est éloigné des sommets de ses principaux cycles. La deuxième observation est que la phase la plus performante fut celle entre 2008 et 2012, suivi de celle entre 2015 et 2019. De même, les phases avec les plus faibles performances ont été celles entre 2005 et 2008, suivi de 2001 à 2005.
Indice cyclique du Dow Jones
Voici donc enfin le graphique qui nous intéresse le plus dans notre approche. La courbe en noir correspond à la moyenne de l’ensemble des phases de 3,5 années observées depuis 1995. Cette courbe, qui paraît très linéaire, correspond pourtant assez bien à l’ensemble des évolutions passées sur une période de 3,5 années. La courbe en pointillés (bleu) montre quant à elle l’évolution récente du Dow Jones depuis 2019. La première observation évidente est que le krach de 2020 s’inscrit en dehors de cet indice cyclique : c’est un phénomène « exceptionnel » au regard de ces seules statistiques. Néanmoins, la deuxième observation est qu’il existe une symétrie extrême puissante entre les variations de l’indice et les variations récentes. Cela signifie que la phase actuelle de 3,5 année est structurellement déterminée par les phases précédentes.
Une fois cet indice cyclique établi sur le Dow Jones, nous pouvons procéder à diverses observations sur le déroulement de ce cycle de 3,5 années. On distinguera 5 phases distinctes d’évolution de l’indice cyclique :
- Sur la première partie du cycle, entre 0% et 10%, c’est-à-dire sur les 4 premiers mois de la phase, le cours du Dow Jones a globalement tendance à stagner, voir à diminuer légèrement.
- Sur la deuxième partie du cycle, entre 10% et 25%, on remarque que le cours reste assez instable mais suit une ligne de tendance implicite. Le point à 25%, tout comme le point à 10%, sont généralement des points de retournement (voir graphique précédent).
- Sur la troisième partie du cycle, entre 25% et 66% (deux tiers) du cycle, l’évolution d’indice est généralement assez linéaire, constante et soutenue. On notera le point de convergence à la moitié du cycle de 3,5 années. De même, le point à 66% agit souvent comme un point de rupture qui enclenche un retour sur le cours observé à 50% du cycle.
- Enfin, sur le dernier tiers du cycle, entre 66% et 90% du cycle, le cours a tendance à stagner, à subir des corrections répétitives et parfois une tendance légèrement baissière.
- Pour terminer, entre 90% et 100% du cycle, le cours a tendance à stagner en moyenne. Néanmoins, on remarque précédemment que cette dernière partie est très instable. Le cours peut rapidement corriger si la stagnation entre 66% et 90% était plutôt baissière. A l’inverse, il peut se produire un léger rebond de fin de cycle. Cette partie du cycle à 3,5 années est assez délicate.
Nous avons à faire des cycles globalement biaisés à la hausse.
En bref.
Que pouvons-nous alors attendre à partir de cet indice ? Nous sommes actuellement au niveau des 78% de l’indice cyclique, et la fin de la phase présente de 3,5 années devrait se produire d’ici octobre 2022. Avec le franchissement du seuil des 66% du cycle, ces derniers mois ont effectivement montré un infléchissement des performances avec des corrections plus marquées. Le seuil à surveiller sera donc probablement celui des 85% (mars 2022) et des 95% (juillet/août 2022), de même que le seuil à 10% de la phase 2022-2026. Néanmoins, il est peu probable d’assister à un très fort mouvement correctif, de nature à remettre à question la tendance de long terme. On notera en effet que ces derniers mois, tout en étant très corrélés aux cycles passés, ont été amplifiés par effet de rattrapage. Cet effet de rattrapage est désormais statistiquement inexistant sur les marchés