Bilan Hebdomadaire
“Désinflation”… voilà le mot de la semaine. Il a été prononcé par Jérome Powell, président de la FED ce mercredi. Ici, on le disait depuis un moment, mais il faut croire que le marché écoute plus ce monsieur toujours en retard avec les rendez- vous macro-économiques que de petits commentateurs sans envergure. C’est comme ça. Toutefois, quand on y réfléchit bien, ça fait un moment que le marché remonte fort, très fort. Le marché a toujours raison et il a encore eu raison ce coup-ci. En bref, la macro-économie, c’est vraiment sympathique. La lecture de la macro-économie par les marchés, c’est encore mieux! Comprendre l’interaction entre les 2, c’est le top. Voilà une combinaison parfaite pour savoir quand investir, quand prendre des risques. Je vous invite à aller lire l‘avant-dernier paragraphe de cet article: https://youtrading.com/fr/bon-anniversaire/ . Vous y trouverez un propos datant de novembre dernier sur l’absence de récession quand tout le monde criait à la future catastrophe.
La vérité est qu’une récession (toujours possible) ne pourra JAMAIS déclencher une crise économique si l’emploi est au beau fixe. Et je le dis haut et fort: JAMAIS!!! C’est une question de pyramide des âges, tout bêtement. Vous pourrez ressortir cet article dans 10 ans: il n’y aura pas de chômage de masse dans les pays développés mais une pénurie de main-d’œuvre. Les grands économistes le disent depuis des années. Elle existe déjà, tout le monde le sait.
A contrario, il y aura une vague migratoire importante de l’Afrique vers l’Europe et le reste du monde. On n’y échappera pas. Surtout dans les pays qui refusent de travailler plus ou qui refusent de travailler plus longtemps. Suivez mon regard!!! Combien de gens dans la rue cette semaine qui veulent conserver leur rente de retraité et qui votent “raciste” aux élections??? Messieurs-dames, allez donc passer 2 minutes sur cet autre article: https://youtrading.com/fr/la-demographie-de-lafrique-une-bombe-a-retardement/ qui donne des pistes de réflexion sur ce que sera le monde de 2030 ou 2040. Parfois, la faiblesse éducationnelle française dans l’économie m’afflige. La majorité des français sont des moutons de Panurge et contents de l’être. Évidemment, les lecteurs de ce billet d’humeur en sont bien éloignés, et prennent leur éducation financière à bras le corps. Ils apprennent, ils corrigent, ils apprécient, ils sont critiques. Bref ils bouillonnent, assoiffés de nouvelles connaissances. Merci à eux de donner encore du sens à cette tribune macro-économique et parfois quelque peu géopolitique.
Ainsi, la “désinflation” de “Jay” (le petit nom mignon de Powell) dans la soirée de mercredi dernier a déclenché un mouvement impressionnant des marchés boursiers déjà fortement haussiers depuis l’automne dernier. +6% en ligne droite sur le NASDAQ en 24h chrono… Eh bien oui!!! C’est le retour en force des valeurs de croissance après un hiver boursier de 14 mois: un des bear markets les plus forts de l’histoire de ce siècle.
Mais la semaine macro-économique ne se résume pas à ce mot, regardons les chiffres de plus près:
Il est tout de même à noter que tout n’est pas rose dans ce bas monde. D’abord, un PIB allemand prévu en récession sur la fin de 2022, mais les marchés ont tellement anticipé que ce n’est plus un problème, mais un constat. Les PMI chinois et européens sont chafouins mais sans dégradation voire même en train de remonter. Le pire serait derrière nous. L’inflation UE est bien en train de retourner vers des niveaux beaucoup acceptables (à maintes fois dit et redit ici ; aucune surprise de ce côté-là, pour ceux qui nous lisent régulièrement), même si , je le répète, nous ne retrouverons pas les niveaux d’antan.
Du côté US, le rapport ADP de mercredi a donné des chiffres plutôt négatifs sur la création d’emploi américaine, vous constaterez que cette statistique a encore des problèmes de fiabilité vu le NFP de vendredi dernier. La statistique ADP reste donc encore et toujours secondaire à cause de sa faible fiabilité. D’ailleurs immédiatement après, le rapport JOLTS a été particulièrement positif, Avec une variation des offres d’emploi à un niveau exceptionnel (plus d’un million d’offres supplémentaires).
Jusqu’à mercredi soir, il n’y avait donc pas vraiment de quoi se faire peur. Comme nous l’avions dit la semaine précédente dans ce même hebdo, la valse des hausses de taux ne prêtait à aucune surprise, que ce soit d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique. Et, comme bien souvent, quand il n’y a pas de surprise sur les décisions monétaires, ce sont les discours des banquiers centraux qui prennent le dessus.
Pour moi, le constat est affligeant du côté européen. Il apparaît au grand jour une forte différence de crédibilité entre la Fed et la Banque centrale européenne. Dans la petite sphère macroéconomique, nous le savons depuis longtemps, hélas. Ce n’est pas que je n’aime pas Christine Lagarde, mais les signaux d’incompétence et de bourdes sont légion depuis sa prise de fonction à la présidence de la BCE. On voit bien son manque de psychologie vis-à-vis des marchés, sa dépendance aux techniciens et son profil politisé. Elle se fout des marchés et s’intéresse plus à ménager certains membres du Conseil des gouverneurs de la BCE. En bref, c’est une politicienne. J’avais déjà été alerté par une connaissance bien placée qui a eu à faire à plusieurs reprises à des débats impliquant Powell et Lagarde : “Powell est un monstre de compétence pendant que Lagarde joue avec son téléphone ou se reprend à plusieurs reprises pour s’exprimer clairement”. Tout est dit. Je ne vous referai pas l’historique de la crise du Covid et de l’énorme bourde de la française alors que le monde économique s’effondrait : propos irresponsables selon les spécialistes, à l’époque.
La fin de semaine s’est avérée être de très très bonne facture concernant les indicateurs américains. Tout d’abord, le NFP a été exceptionnel, comme on pouvait le pressentir suite au rapport JOLTS. Il y a bien une forte pénurie de main-d’œuvre aux États-Unis, et ce n’est pas les licenciements des GAFTAM qui changeront la donne. Bien au contraire, c’est la disponibilité des compétences sur le marché du travail qui ravive les offres d’emploi dans tout le secteur de la tech américaine. C’est un signal extrêmement positif qui valide l’idée déjà exprimée ici qu’il n’y aura pas de récession, encore moins de crise économique. En tout cas, pas avec ces chiffres-là.
Comme de tradition, on a terminé la semaine avec la statistique de l’ISM non manufacturier. J’étais très inquiet quant à son décrochage du mois précédent. Finalement, ce n’était qu’un épiphénomène dû au grand Blizzard du mois de décembre sur le continent nord-américain. En janvier, tout est rentré dans l’ordre. Ainsi, il faudra rester vigilant quant à la désinflation qui ne pourra pas se prolonger aussi fortement que l’on pourrait souhaiter. C’est pourquoi le NASDAQ a subi un repli marqué en fin de séance ce vendredi.
Perspectives pour les jours à venir
Cette semaine, promis, juré, ce sera plus calme du côté des statistiques économiques. Voici le tableau des chiffres à scruter (heure de Paris):
La semaine s’annonce britannique, avec une explosion de statistiques prévue pour ce vendredi. Nous surveillerons attentivement les déclarations de Powell mardi soir. Cependant, jeudi pourrait nous réserver une surprise quant au consensus des statistiques des IPC allemandes, qui pourraient être inférieures à ce qui était prévu. C’est ce que je pense en tout cas. Les événements politiques seront également à surveiller de près. Jeudi marque le début du sommet des dirigeants de l’Union Européenne. Le sujet de l’Ukraine sera probablement au cœur des débats, mais il peut être intéressant de prêter une oreille aux grands défis énergétiques futurs auxquels l’Europe sera confrontée, tels que la politique nucléaire et notre transition vers des sources d’énergie plus propres, comme l’hydrogène ou le solaire.
Bonne semaine macro-économique à tous.