Bilan Hebdomadaire
Semaine macroéconomique qui nous a donné beaucoup d’enseignements sur le sentiment du marché et ses anticipations. En effet, les craintes inflationnistes qui commençaient à apparaître depuis quelques semaines se sont matérialisées. Mais la bourse n’en tient pas compte… pas encore. Voici les chiffres de la semaine :
C’était dès lundi que les États-Unis ont ouvert le bal avec une statistique absolument exceptionnelle sur les promesses de vente de logement. Doit-on le rappeler? Mais il est essentiel de lire les chiffres et non pas les supputations de commentateurs pseudo-avisés d’une future crise économique dont on ne voit strictement aucun élément nous apparaître. Je peux même vous dire que je suis particulièrement choqué de voir des commentaires particulièrement négatifs concernant le sujet de l’inflation et de ses conséquences.
Elle est là, elle est effectivement bien là. Ce ne sont pas les IPC allemand de mercredi, tout comme les IPC français de mardi, qui ont changé la tendance sur ce sujet-là. L’Europe entière est sous l’emprise de l’inflation (voir le chiffre de jeudi dernier). Elle ne baisse pas mais elle ne s’accentue pas. Je reste convaincu que nous sommes face à la répercussion des hausses des matières premières de l’année 2022 qui ont intégré les contrats annuels en ce début d’année lors des fameuses renégociations annuelles. Voilà pourquoi j’interprète que cette non-désinflation de début d’année est un phénomène provisoire et que la baisse (modérée) reprendra son petit rythme au printemps.
L’autre volet des statistiques de la semaine passée a concerné les PMI.
Tout d’abord la Chine a bien confirmé son redémarrage avec des statistiques particulièrement positives dès mercredi (PMI au-dessus de 50 et en progression). Bref, la machine est repartie du côté de l’Empire du Milieu. D’ailleurs je vois, ça et là, des discours expliquant que le redémarrage de la Chine va alimenter l’inflation. L’argument mis en avant est la remontée des cours du pétrole. Elle me semble être évidente suite au redémarrage de l’économie chinoise. Je rappelle tout de même que l’inflation est due, essentiellement, à une contraction de l’offre suite à la crise de covid. Ainsi, je m’étonne toujours de voir les permabears toujours mettre en avant les éléments négatifs qui se présentent à eux. Je ne nie pas le phénomène inflationniste sur le cours du pétrole mais sincèrement le retour des produits asiatiques dans nos magasins et dans les industries va aussi permettre de détendre la chaîne logistique et d’approvisionnement des pays occidentaux. C’est quand même un élément désinflationniste tout aussi évident, n’est-ce pas,
D’ailleurs, soit dit en passant, ça fait quelques semaines que les stocks de pétrole américain remontent fortement comme ils l’avaient annoncé. Dites-moi où est la pression sur le prix du baril de pétrole. Il n’y en a pas. Je crois me rappeler qu’il y a peu de temps avoir dit que le prix actuel du pétrole était à un niveau d’équilibre: il semble le tenir.
Ensuite ce sont les Américains qui ont annoncé leur indice PMI de l’ISM manufacturier (mercredi) et non-manufacturier (vendredi). Le second m’avait mis en alerte vu les chiffres de décembre et janvier qui m’avaient parus particulièrement bizarres. Me voilà rassuré avec la stat de février. Même si le chiffre manufacturier est toujours en berne, je le trouve plutôt proche d’une remontada. Bref, du côté américain, rien à signaler, la crise attendra.
Enfin, du côté européen, les chiffres sont mi-figue mi-raisin (ils n’apparaissent pas sur le tableau ci-joint). Certains pourraient trouver qu’ils ne sont pas terribles. À vrai dire, c’est tout à fait vrai. Mais au point où nous en sommes, c’est plus de la bougonnerie qu’autre chose. Surtout que l’on devient la seule zone économique en berne. Car , en effet, on notera le fort rebond des PMI britanniques: les premiers effets du nouveau gouvernement? On verra bien.
Ainsi les marchés ne s’y sont pas trompés : OUI l’inflation est là. Mais, NON nous ne sommes pas au démarrage d’une crise économique. Je rappelle que j’étais plutôt positif sur le début d’année 2023 et que je m’attendais à un deuxième semestre beaucoup plus aléatoire. On verra en temps et en heure mais je me permets de me gausser de voir les grands analystes reporter leur crise économique de 2023 sur 2024… Et devinez quoi: un jour, ils auront raison. Ces gens-là ont raison une fois… après avoir eu tort plusieurs fois. A méditer.
Perspectives macro-économiques pour les jours à venir
Une fois n’est pas coutume, c’est la deuxième semaine du mois où nous allons avoir la statistique du NFP. Ce sera à 14h30 ce vendredi. Et nous pouvons déjà dire que ce sera l’élément essentiel de la macroéconomie de cette semaine. Voici, ci-joint l’ensemble des autres chiffres à surveiller cette semaine:
En effet, peu de choses à se mettre sous la dent en ce début de semaine. On prêtera tout de même une oreille attentive au discours de Jérôme Powell ce mardi à 16h ( heure de Paris). Et il est prévu qu’il répète la même chose le lendemain à la même heure pour les distraits. Et puisque nous parlons de discours des banques centrales, c’est Christine Lagarde qui clôturera la semaine avec son discours de vendredi à 16h. Je ne vous cache pas qu’il faut s’attendre à tout avec cette politicienne qui se fout totalement des marchés, en bonne française qu’elle est. Sa carrière est bien plus importante.
Mercredi, l’enquête ADP ainsi que le rapport JOLTS nous donneront une très bonne indication de ce que sera le NFP de vendredi. Le premier donne une situation de la création d’emploi avec une autre forme de calcul que le NFP. Sa fiabilité est toute relative malgré des efforts de reconsidération de la méthode de calcul. Je trouve la statistique toujours aussi aléatoire. Ce n’est pas le cas du rapport JOLTS. Lui considère les nouvelles offres d’emploi. Il est donc révélateur du dynamisme économique du pays. Il est absolument nécessaire de regarder comment le marché réagit face à ces chiffres. Cela peut donner le ton de la fin de semaine.
Je ne pouvais pas finir cet hebdomadaire macroéconomique sans souligner le communiqué de politique monétaire de la BoJ qui aura lieu ce vendredi: le communiqué le plus inintéressant du monde… Rien ne changera, comme toujours ou presque toujours.
Bonne semaine macroéconomique à tous.