En France, la question du chômage et de l’emploi est au cœur du débat politique contemporain. Et pas seulement en France d’ailleurs… Ainsi François Hollande avait promis d’ « inverser la courbe du chômage », c’est-à-dire d’arrêter sa progression afin de le réduire. Emmanuel Macron, quant à lui, a déclaré lors de l’élection présidentielle de 2022 que la France pourrait viser le plein emploi en 2027, soit un taux de chômage d’environ 5%. En effet, un taux de chômage de 0% n’existe pas et n’existera jamais car l’ajustement sur le long terme de l’offre et la demande fait qu’il y a toujours un taux de chômage naturel, et ce dernier est estimé autour de 5% dans un pays comme le nôtre.
La lutte contre le chômage était par ailleurs un enjeu prioritaire pour 31% des Français, selon un sondage réalisé du 2 au 4 mars 2017.
Mais avant toute chose, qu’est-ce que le chômage?
Le chômage désigne la situation d’un individu qui est sans emploi, qui est à la recherche active d’un emploi et qui est disponible pour l’occuper dans les 15 jours.
Le chômage est un phénomène complexe qui a des causes multiples et qui nécessite donc la mise en place de politiques différentes.
Autrement dit, la diversité des explications du chômage se traduit par une pluralité des dispositifs de lutte contre le chômage.
Aucun de ces dispositifs ne parvient à lui seul à endiguer ce phénomène.
On distingue deux grands types de politiques de lutte contre le chômage : les politiques structurelles et les politiques conjoncturelles.
Nous traiterons ici des politiques structurelles tandis que les politiques conjoncturelles feront l’objet d’un autre article.
Les politiques structurelles visent donc, logiquement, le chômage structurel, c’est-à-dire, le chômage qui ne résulte pas directement des variations de l’activité économique à court terme.
Nous pouvons donc citer :
– les politiques de formation : afin de faciliter l’embauche des chômeurs dans les secteurs en expansion, l’Etat peut mettre en place des politiques de formation pour que les chômeurs aient les qualifications nécessaires pour occuper les emplois vacants (240 916 offres d’emploi non pourvues au 3e trimestre 2019). On peut penser aux formations externes (via Pôle Emploi) ou à la formation interne aux entreprises (via le Compte Personnel de Formation). Les politiques de formation sont donc un outil pour lutter contre le chômage car elles rendent compatibles l’offre et la demande de travail.
– les politiques d’allègement du coût du travail : pour lutter contre le chômage structurel, on peut également mettre en place des mesures visant à alléger le coût du travail (ciblées sur les bas salaires), c’est-à-dire l’ensemble des coûts supportés par une entreprise pour disposer de la main-d’œuvre (salaire net + cotisations sociales patronales et salariales). Cette baisse devrait d’abord rendre rentable l’embauche de travailleurs moins qualifiés (exemples : livraisons, aide à la personne, restauration…). Par ailleurs, la diminution relative du salaire par rapport au capital devrait inciter les entreprises à utiliser davantage de main-d’œuvre à la place des machines. N’oublions pas que la France est le pays d’Europe où les couts du travail sont les plus élevés. Cette baisse du coût du travail augmenterait ainsi les profits et pousserait les entreprises à investir davantage, à améliorer leur compétitivité-prix et donc à gagner des parts de marché. On peut aussi penser qu’elle désinciterait les entreprises utilisatrices de main-d’œuvre peu qualifiée à délocaliser leur production. Enfin, elles pourraient se traduire par une baisse du prix des biens et des services produits qui va stimuler la demande, la production, et donc l’emploi. Mais dans le contexte inflationniste actuel, cela est hypothétique! L’ensemble devrait donc aboutir à une baisse du chômage. Ce raisonnement s’applique surtout à des emplois peu qualifiés à productivité faible et dont la création est très liée à leur coût. C’est dans ce cadre que la question du SMIC comme frein possible à l’emploi se pose à nouveau. Il est quasiment impossible socialement et politiquement de diminuer le SMIC net. Cependant le coût du travail ne comprend pas seulement la part versée au salarié (le salaire net), mais aussi les cotisations salariales et patronales qui financent la protection sociale. Il est alors possible de jouer sur le montant des cotisations sociales pour réduire le coût du travail sans toucher au salaire net.
– les politiques de flexibilisation : ces politiques de flexibilisation sur le marché du travail forment tout un ensemble de mesures et ont également été mises en place pour réduire le chômage structurel. En effet, en luttant contre les rigidités institutionnelles (normes et accords qui encadrent la relation salariale), le marché du travail peut s’adapter plus facilement et plus rapidement au contexte économique (la conjoncture économique et la concurrence) et ainsi réduire le chômage. Concrètement, il s’agit d’assouplir les règles de protection de l’emploi, de faire varier sans délai et sans coût le nombre d’heures dont l’entreprise a besoin (heures supplémentaires, annualisation du temps de travail), de faciliter le recours aux emplois temporaires (CCD, intérim) auquel on peut facilement mettre fin, ainsi que la possibilité de licencier du personnel sans contrainte (depuis 2017, la loi travail autorise les ruptures conventionnelles, c’est-à-dire d’un commun accord entre le salarié et son employeur). Ce paquet de mesures doit limiter la baisse des profits quand l’activité économique ralentit et favorise l’investissement et l’embauche en période d’accélération de l’activité économique.