Alors que les indices boursiers corrigent parallèlement à des pénuries de matières premières, et que la Guerre menace la stabilité des affaires publiques, plusieurs approches fondamentales des marchés sont nécessaires. Cet article de vulgarisation de nos précédentes publications statistiques cherche à montrer les tenants et les aboutissants éventuels de la situation de crise actuelle. Dans l’état actuel des données dont nous disposons, il est probable d’assister à une détente du risque d’ici à la fin de l’été 2022 tandis que l’évolution des marchés ces dernières semaines est compatible avec nos précédents scénarios.
La bourse toujours plus basse… ou plutôt toujours moins haute…
Avant toute lecture émotionnelle des mouvements récents, il est de notre considération de rappeler que la hausse des marchés boursiers observée depuis le printemps 2021 fut sans aucun précédent statistique dans l’histoire boursières des deux derniers siècles. Le mouvement récent, de correction des marchés avec parfois une chute de plus de 20%, est encore pour l’heure une normalisation par effet de divergence statistique. En d’autres termes, la hausse extrême entraîne les corrections extrêmes.
Voilà ce que nous pouvions analyser par méthodologie cyclique il y a 4 mois [lire plus] : « Avec le franchissement du seuil des 66% du cycle, ces derniers mois ont effectivement montré un infléchissement des performances avec des corrections plus marquées. Le seuil à surveiller sera donc probablement celui des 85% (mars 2022) et des 95% (juillet/août 2022), de même que le seuil à 10% de la phase 2022-2026. ».
A ce jour, l’explication la plus rationnelle que nous pouvons établir à la concordance des corrections de marché, de la stagflation et de la guerre, est une explication monétaire. A partir du moment où de la monnaie nouvelle est injectée dans le système financier, il persiste un effet multiplicateur aux liquidités. Nous avions mesuré cet effet en 2021 en montrant qu’il prendrait fin graduellement à partir du milieu d’année 2022 (Quel serait l’impact boursier d’une réorientation des politiques monétaires ? – Youtrading FR). Nous devons aussi souligner la concordance, cyclique et historique (Pr.Brian Berry), entre les stagflations et les guerres.
Désormais, menace de récession ?
C’est une considération qui revient désormais chez de nombreux économistes : doit-on craindre une récession ? La première observation est effectivement que l’année 2022 montrait des signes cycliques évidents de ralentissement [publication 2021]. Dans un article récent, nous avons aussi montré que la détermination cyclique de l’économie américaine laissait entrevoir un risque de ralentissement sur le premier quart de l’année 2022 avant une stabilisation [Quel sera l’impact du cycle économique dans les prochaines années? – Youtrading FR].
Néanmoins, la hausse très prononcée du pétrole ou des matières premières est généralement un indicateur annonciateur des récessions, comme ce fut le cas en 2008 ou avant. En 1862, l’économiste Clément Juglar, fondateur du courant d’analyse cyclique, écrivait déjà que « le maximum du prix du blé précède et amène toujours une crise». Il est donc impératif de rester vigilant à une éventuelle accélération du risque économique.
Cependant, ce graphique nous permet de conforter notre analyse de long terme. En décomposant l’économie américaine en phases régulières, puis en faisant la moyenne de ces phases, nous retrouvons des régularités d’occurrence. Alors que la reprise après COVID correspondait au dernier tiers du graphique, le ralentissement du début du cycle actuel se traduit sur le premier quart du graphique. Il est donc probable que le risque économique diminue à l’horizon 2023, après un regain en 2022 comme anticipé. Si une récession doit prendre effet, elle sera moins intense que la précédente pour les principales économies mondiales (à noter que nous considérons ici la seule économie américaine).
La crise est-elle structurelle ?
Les crises sont rarement explicite avec une analyse simpliste consistant à exacerber une lecture purement probabiliste. Les évènements extrêmes s’analysent par des méthodes extrêmes. Ainsi, un champ entier de la théorie économique, porté par des économistes anciens tels Clément Juglar, et plus récemment comme Brian Berry, montre le lien étroit qui existe entre la stagflation et la guerre. La rare intensité des variations économiques observées ces derniers mois était un choix conscient des gouvernements, qui ne pouvaient pas ignorer les conséquences normales et causales de telles politiques, à moins d’aveuglement économique.
Désormais, toutes le matières premières sont en position de prix haussière. En euros, l’or a largement dépassé son précédent record historique pour s’installer autour de 1800€ l’once. De même pour le pétrole ou encore certains métaux précieux. En septembre 2020, nous écrivions déjà sur la forte probabilité de rebond du cours du palladium [lire]. La conséquence logique de variations économiques extrêmes, sont aussi des évènements extrêmes.
Ce qui nous paraîtrait le plus évident…
Nous réalisons enfin une réactualisation de notre indice cyclique du Dow Jones. L’indice cyclique du Dow Jones permet d’anticiper l’évolution actuelle du cours (courbe en pointillés) avec l’ensemble des cycles de 3,5 années passées. La fin du cycle actuel (100%) correspond ainsi à juillet 2022. A ce stade, nous avons confirmé une grande symétrie entre l’évolution actuelle des cours boursiers et l’ensemble des évolutions passées enregistrées.