Bilan Hebdomadaire
Les planètes s’alignent sur les marchés financiers grâce à une macroéconomie qui nous annonce un “soft-landing” voire même un “no-landing”. Nos plus fidèles lecteurs ont pu constater que la crise n’est pas là même si on peut déjà annoncer un ralentissement économique sur 2023. Voici les chiffres de la semaine dernière:
Ahhhhhhhhhhhhh, elle a fait couler beaucoup d’encre cette fameuse crise dont on ne voit pas le début d’un commencement arriver dans pas longtemps. Oui, je taquine mais il faut bien admettre que les vendeurs de scénarii catastrophes n’y ont pas été de main morte ces derniers temps.
La vérité est tout autre. Les impacts monétaires que les banques centrales infligent aux économies sont en train de faire leur effet. Autant j’avais été particulièrement agressif quant à l’inaction de nos grands argentiers à la fin de 2021 car ils ne voyaient pas du tout l’inflation arriver, autant, là, je dois admettre qu’ils ont été particulièrement performants. Je sais qu’il serait plus vendeur de fustiger les grandes décisionnaires de ce monde mais il se trouve que ce serait faux. La vérité est qu’ils veulent que l’économie ralentisse sans créer de crise sociale. Sincèrement, pour l’instant, c’est 100 % de réussite sur le sujet.
Alors évidemment qu’il y a des problèmes de dettes partout. Et, effectivement, la France est un des pays où le taux d’endettement commence à être gênant surtout quand des extrémistes œuvrent avec écho auprès des populations pour annihiler toute réforme nécessaire à notre pays. Mais, la nouvelle notation de l’agence de notation Fitch Rating considère surtout que c’est bien la réticence à la réforme qui doit être sanctionnée plus que le niveau de l’endettement. Même s’il est évident qu’il n’est plus raisonnable de pérenniser indéfiniment l’augmentation du taux d’endettement de la France.
Mais bon, pour le moment, la situation mondiale , sans être mirobolante, n’est pas vraiment catastrophique. À vrai dire, la hausse des taux d’intérêt n’a pour effet que de faire exploser des bulles spéculatives qui apparaissaient un peu partout. Ici, l’immobilier chinois. Là, la spéculation sur le Bitcoin. Par ici, la survalorisation des actions technologiques. Par là les prix totalement délirants de certaines matières premières, je pense notamment au lithium.
Mais, finalement, le retour à la moyenne se fait sans réel décrochage de l’économie globale. Il est vrai qu’apparaissent des bébés qui avaient été bien planqués dans les placards. Je pense bien évidemment à la crise bancaire américaine avec quelques banques qui se sont retrouvées au tapis assez rapidement. Mais, là encore l’ingénierie financière du 21e siècle a bien évolué. Les solutions et la rapidité de leur exécution ont tué dans l’œuf tout enchaînement qui aurait été préjudiciable au monde économique.
Ainsi les chiffres de la semaine, notamment aux USA ont été plutôt rassurants sur l’ensemble de ces sujets. La consommation américaine va plutôt bon train. Ainsi, les statistiques de mardi dernier sur les délivrances de permis de construire et les ventes de logement neuf associés au chiffre de mercredi sur les commandes de biens durables ont toutes clairement été dans le même sens. C’est costaud pour une économie soit-disant au bord de la récession.
Toutefois nous ne sommes pas dans le monde des bisounours, jeudi, la statistique sur les promesses de vente de logement US a quelque peu refroidi les investisseurs. Mais ne nous y trompons pas, la crise bancaire va faire ralentir les chiffres dans les statistiques suivantes du mois de mai concernant les chiffres du mois d’avril. Le resserrement du crédit aura un impact non négligeable et il ne faut pas le négliger. Est-ce que l’on aura pour autant une crise économique mondiale à la suite de cette correction? Il est vrai que c’est toujours possible, mais je reste convaincu que la force de l’emploi américain est le meilleur garant de l’absence de crise économique.
La semaine s’est conclue avec des statistiques venant d’Allemagne qui m’ont pour le moins surpris. D’un côté les prévisions d’inflation sont maintenant revues à la baisse, ce qui est plutôt une bonne nouvelle mais surprenante vu la remontée des prix du pétrole depuis quelques semaines. Mais bon, je prends acte car il est évident que je me trompe et me tromperai encore. L’autre chiffre qui m’a surpris concerne le PIB allemand du premier trimestre 2023 puisque le consensus attendait un + 0,3% Et que l’atterrissage a été à -0,1%. Récession technique pour le moment. Chiffres d’autant plus surprenants que la balance commerciale de l’Europe est redevenue positive ce mois-ci après avoir subi un déséquilibre grave durant 2022. On verra sur le T2 ce que cela donne.
Perspectives macro-économiques pour les jours à venir
Pour ce qui concerne cette semaine, le programme de ce début mai sera particulièrement intense et concentré sur peu de jours puisque les premiers chiffres significatifs ne nous apparaîtront qu’à partir de ce mardi. Voici le programme de la semaine:
Alors que lundi sera fermé quasiment partout dans le monde, une première statistique importante sera dévoilée à 16h aux États-Unis, l’indice PMI manufacturier de l’ISM.
Mardi c’est la banque centrale d’Australie qui ouvrira le bal des révisions des taux d’intérêt directeurs. En effet, c’est mercredi que la FED fera la même chose. Jeudi, ce sera le tour de la BCE. Alors, autant l’Australie ne semble pas continuer à augmenter ses taux, autant le consensus ne pense pas la même chose pour les États-Unis et l’Europe. Le +0,25% semble de mise. Mais, je ne suis pas d’accord avec le consensus surtout au niveau des États-Unis. On verra bien ce qu’il se passe mais je suis plutôt partisan d’une stabilisation américaine vu les statistiques tombées ces derniers temps et la crise bancaire qui fera ralentir le crédit, à coup sûr, chez l’Oncle Sam. Par contre, pour ce qui est de la BCE, il me semble évident et je l’ai déjà exprimé dans ces colonnes que l’Europe n’a pas le choix de continuer à monter ses taux.
Dans cette même semaine, et comme de tradition en début de mois, c’est la salve des chiffres sur l’emploi américain qui animera la cote. Le rapport JOLTS sera dévoilé ce mardi. Il sera suivi mercredi par l’enquête ADP. Et on conclura la semaine vendredi avec la fameuse statistique sur le NFP. Le consensus est plutôt d’un avis général à la diminution des chiffres sur tous les plans. Mais comme c’est prévu, il n’y a qu’une surprise négative par rapport à ce consensus qui fera chuter les marchés.
Même si tous les yeux vont être braqués sur ces statistiques et ces décisions, il n’en est pas moins important de surveiller les PMI des différents pays qui les proposent cette semaine. La semaine va être intense et il faudra être bien attentif.
Bonne semaine macroéconomique à tous.