Alors que l’économiste Harry Dent aux Etats-Unis ou l’économiste Jacques Attali en France annoncent une crise financière avant l’été 2023, les indices battent de nouveau records, et en particulier en Europe sous l’impulsion du luxe. Dans la foulée, certaines valeurs comme JP Morgan affichent des résultats tout à fait satisfaisants et voient leur cours bondir (+7,5 % sur la séance du 14/04).
Dans ce contexte, on distingue à la fois un phénomène technique et un phénomène fondamental de liquidités et de résultats. Néanmoins, l’étude statistique montre un affaiblissement de la force de la tendance haussière enclenchée en fin d’année 2022.
Un rebond alimenté par les liquidités
Comme à leur habitude, les indices boursiers rebondissent sur teinte de liquidités. La crise bancaire survenue il y a quelques semaines est déjà du passé, et les liquidités injectées à l’occasion ont amplifié le rebond des indices. En ce qui concerne le Dow Jones, il est probable qu’une réduction du bilan de la FED autour de 7T$ impliquerait par exemple un repli des cours vers les niveaux pré-COVID.
Dans le contexte actuel, le Dow Jones n’est pas en situation de reprendre immédiatement une trajectoire haussière. Mais il parait clair qu’une stabilisation des taux enclencherait un mouvement de rattrapage. Néanmoins, le risque économique reste important et contradictoire avec le mouvement actuel des cours. Par conséquent, le rebond des indices est alimenté fondamentalement (à la fois par l’absence de dégradation des résultats et par le retour des liquidités).
Une construction de marché toujours durable ?
Nous avons représenté dans le graphique ci-dessous les séances boursières qui ont été marquées par une variation extrême (de + 3% par exemple). On voit clairement que la crise bancaire ne s’est pas traduite par des variations « extrêmes », même si la virulence des mouvements baissiers observés nous laissent sensibles à la prudence. Nous sommes donc effectivement en présence d’une continuation de tendance haussière, sans signaler un potentiel retournement baissier pour l’heure. Cette méthode statistique nous avait permis d’anticiper le retournement de tendance en octobre.
D’un point de vue statistique, le CAC 40 montre en effet des variations toujours fortes. Le cumul des variations du CAC 40 est toujours positif, ce qui signale bien que la tendance reste haussière. Néanmoins, il est probable pour l’instant que la force de cette tendance haussière soit fragilisée. En outre, la grande divergence entre les valeurs du luxe et le reste pour l’indice nous laisse entrevoir cette faiblesse. Aussi, il est envisageable d’imaginer le CAC 40 à 8 000 points d’ici la fin d’année (il ne manque plus « que » +7 % de hausse). Nous soulignions ce potentiel il y a quelques mois.
Une tendance toujours favorable à l’Europe
Dans cette reprise haussière, l’Europe reste pour l’heure la gagnante. L’euro a rebondi de 2,70 % depuis le 1erjanvier. Cela s’explique en grande partie par le fait que la hausse des taux en Europe est plus tardive que celle des Etats-Unis. Pour ce qui est des performances boursières, le ratio CAC 40 / Dow Jones montre encore une tendance favorable au CAC 40. Ce ratio s’est stabilisé autour de 0.21, et devrait rester favorable au CAC 40 tant que le ratio reste au-delà de ce seuil.
Soulignions à ce titre l’incroyable remontée des valeurs défensives en Europe. Le titre Hermès a doublé en juin 2022 et avril 2023, passant de moins de 1000€ à près de 2000€ aujourd’hui. De son côté, LVMH a grimpé de plus de 60 % sur la période. Dans les autres secteurs, Pernod Ricard (boissons) a bondi de plus de 26 %, lorsque le titre Air Liquide bondi de près de 40 % entre octobre 2022 et avril 2023.
En conclusion
En bref, nous avons vu que le rebond actuel des marchés était toujours bien orienté en Europe, et plus partiellement, aux Etats-Unis. Tout d’abord, le maintien du rebond s’explique pour des raisons fondamentales : d’un côté les bons résultats comme LVMH en France ou bien de JP Morgan aux Etats-Unis, et d’un autre côté, l’assouplissement des conditions financières. Par suite, on observe donc bien un rebond des indices boursiers qui se matérialise d’une manière plus ou moins construite et évidente.
Notre commentaire sur la construction de la tendance reste globalement orienté en faveur de la poursuite de cette dernière. Cependant, la crise bancaire a clairement menacé l’équilibre entrepris depuis le mois de novembre.De plus, on ne peut pas exclure certains scénarios soulignés par certains économistes. Mais d’un point de vue statistique, bien que la tendance haussière soit affaiblie et puisse donc présenter un prochain signe de correction, rien n’indique que ce sera de nature à générer de nouveaux plus bas.