En cette période de conflits énergétiques, de flambée des coûts énergétiques et des prix de vente (ce qui contribue pour beaucoup à l’inflation mondiale), on parle beaucoup de nucléaire. Le nucléaire est un grand sujet de discussions et de débats actuellement, avec des écologistes qui s’y opposent farouchement mais des investisseurs qui eux, sont à la recherche d’opportunités boursières. Ainsi, le peu de titres cotés en bourse qui soient positionnés sur le secteur sont particulièrement recherchés. D’abord parce qu’on parle beaucoup d’énergie en ce moment et qu’on cherche des sources de production d’énergie alternatives au gaz et au pétrole, et aussi car on parle de la relance de la course à l’armement nucléaire. En effet, depuis le début du conflit en Ukraine, les pays qui détiennent l’arme nucléaire ont actuellement tendance à consolider leurs capacités tandis que d’autres semblent y songer secrètement. Dans ce contexte anxiogène, un titre comme Cameco, grande entreprise canadienne positionnée sur le secteur, attire les investisseurs et les spéculateurs. Ce titre gagne 35% depuis notre le mois de juillet. Un très beau score dans des marchés boursiers plutôt orientés à la baisse. La bourse étant le baromètre de l’économie, cette hausse en dit long sur l’attrait d’un secteur sur lequel nous allons nous pencher à présent.
Commençons par le niveau mondial. Avec une production globale de 2.653 TWh en 2021, le nucléaire a dépassé largement les 10% de la production d’électricité au niveau mondial. Un cap qui avait déjà été atteint en 2018 comme on peut le voir sur le graphique alors réalisé par EDF.
Ce sont en tout 443 réacteurs nucléaires au niveau mondial qui sont en fonctionnement, et cette tendance de hausse du nucléaire dans la production mondiale a commencé en 2012 donc il y a une dizaine d’années.
Sur ces 443 réacteurs, on entend souvent parler de nos 56 réacteurs (dont beaucoup ne sont pas en fonctionnement). Si on divise 56 par 443 on constate que la France dispose de 12.5% du parc nucléaire mondial, ce qui est énorme pour un pays dont le PIB représente environ 3% du PIB mondial. La France est donc une des grandes puissances nucléaires mondiales, tant au niveau de l’armement qu’au niveau de la production électrique. Un point sur lequel les différents gouvernements qui se sont succédés depuis 10 ans n’ont pas appuyé, ce qui aujourd’hui nous place en situation très périlleuse car environ la moitié de nos réacteurs nucléaires sont actuellement à l’arrêt.
Les deux autres grandes puissances de l’atome que sont la Chine et les USA, ne se sont pas privées pour leur part. La Chine en particulier, qui accélère et est partie pour dépasser l’atome américain dans les années à venir car l’accélération de sa production d’électricité nucléaire est exponentielle.
Pourtant, comme on peut le lire sur le site d’AREVA : « Le nucléaire est un grand actif industriel de la France, comme le transport ferroviaire ou l’aéronautique : la filière est réputée au niveau international pour la qualité de son ingénierie, sa culture de la sûreté, sa recherche fondamentale et appliquée. Ses ingénieurs et experts sont consultés dans le monde entier. En France, le secteur nucléaire emploie directement 125 000 personnes sur l’ensemble du territoire. Certaines régions ont développé des compétences nucléaires spécifiques, comme Rhône-Alpes dans l’enrichissement de l’uranium ou la Bourgogne dans la fabrication des gros composants pour réacteurs. En prenant en compte les emplois indirects ainsi que les emplois induits par le pouvoir d’achat des employés, le secteur soutient au total 410 000 emplois, soit près de 2 % de l’emploi français. » Un grand actif, oui, mais délaissé et sous-exploité. Ce qui n’empêche pourtant pas la France d’être le premier exportateur mondial d’équipements et de services dans le secteur nucléaire. En effet, avec un chiffre d’affaires à l’export de 6 milliards d’euros par an en moyenne, la filière nucléaire française contribue positivement aux comptes de la nation. Ses exportations sont un des postes bénéficiaires les plus importants des échanges commerciaux français.
Aujourd’hui il est question de relancer progressivement d’ici la fin de l’année plusieurs réacteurs nucléaires arrêtés. En espérant que cela ne soit pas trop tard et surtout que cela soit pérenne…