Les entreprises du secteur des services employant un nombre important d’indépendants sont actuellement chamboulées par la proposition de loi américaine qui pourrait faire évoluer le statut de ces travailleurs et ainsi peser sur la performance financière de ces sociétés.
La proposition faite par le ministère américain du Travail mardi 11 octobre dernier devrait, si elle est adoptée, rendre plus difficile pour les entreprises de catégoriser leur personnel en tant qu’entrepreneurs indépendants. Il s’agit d’un changement qui devrait avoir un impact majeur sur ce que l’on appelle la « gig economy » américaine, ou l’économie des petits boulots, qui comprend des entreprises qui offrent des services de covoiturage, de livraison et de freelance, entre autres.
Sans parler de l’importante inflation que connait l’ensemble des économies développées qui poussent les ménages à restreindre leurs dépenses inutiles pour se concentrer sur ce qui est essentiel. L’inflation a par exemple dépassé les 8 % aux États-Unis et a atteint presque 10 % en Europe, selon les derniers chiffres.
Ainsi, les actions des entreprises du secteur des transports de personnes ou de repas comme Uber, Lyft ou encore DoorDash sont fortement délaissées par les investisseurs depuis le début de l’année. Uber perd plus de 35 %, Lyft plus de 66 % et DoorDash plusde 67 % depuis le début de l’année.
Graphiques hebdomadaires de Uber et de Lyft – Source : Plateforme en ligne ActivTrader du courtier régulé ActivTrades
Que signifie la proposition américaine pour la gig economy ?
Selon la proposition de loi, une entreprise doit classer les personnes qui sont « économiquement dépendantes » d’elle pour leur principal salaire comme des employés et non plus comme des entrepreneurs indépendants. En leur garantissant le salaire minimum, le paiement des heures supplémentaires et le remboursement des frais de transport et de certaines autres dépenses liées au travail, les ajustements proposés ont été présentés comme une bénédiction pour de nombreux employés, notamment certains des plus vulnérables sur le lieu de travail.
Cependant, les entreprises concernées pourraient se retrouver en difficulté pendant un certain temps encore et cela pourrait décourager les investisseurs de miser sur ces sociétés ayant fortement perdu depuis le début de l’année. Ces changements pourraient en effet coûter plus cher aux consommateurs qui dépendent des services et éliminer potentiellement des postes d’emploi disponibles pour les travailleurs à un moment où beaucoup des personnes les plus vulnérables de la communauté en ont le plus besoin.
Est-ce un problème que seuls les États-Unis connaissent ?
Les États-Unis ne sont pas les seuls à envisager de modifier les règles entourant la « gig economy », puisqu’un précédent a été créé ces derniers temps. Le 9 décembre 2021, la Commission européenne (CE) a annoncé une proposition similaire et très attendue contenant des règles visant à améliorer l’environnement de travail des employés des plateformes telles qu’Uber via une plus grande transparence et une plus grande équité.
Au Royaume-Uni, un arrêt de la Cour suprême a été rendu en 2021 contre Uber, après une procédure de six ans, en faveur d’un groupe de chauffeurs qui se battaient pour des conditions plus équitables. La Cour a estimé qu’Uber aurait dû payer ses chauffeurs comme des employés et, depuis lors, l’entreprise verse un salaire minimum pour le temps pendant lequel un chauffeur transporte des passagers, au lieu d’un tarif fixe par trajet. Elle participe aussi à certaines cotisations comme les congés payés ou encore les cotisations de retraite.