Après avoir réalisé un double Bottom, l’or a dépassé le niveau des 1750$ l’once, ce qui confirme la fin de la phase corrective que nous connaissons depuis l’été 2020. De son côté, le pétrole se rapproche à nouveau de ses sommets annuels. Statistiquement, une reprise simultanée de l’or et du pétrole est globalement un signe de retour de l’inflation [voir notre précédent article]. Ce retour de l’inflation résulte de la reprise économique qui opère dans la plupart des pays du monde.
L’or se stabilise
Expliquer les mouvements des derniers mois
Dans notre dernier article sur l’or nous sommes revenus sur des signaux de rebond. Ces signaux se sont confirmés par un double Bottom. Ce rebond est un rebond fondamental assez puissant par effet de base. Effectivement, on notera deux dynamiques qui ont alimenté le cours de l’or ces derniers mois :
- Une baisse des quantités d’or physique offertes, ce qui a permis de faire globalement progresser le cours de l’or sur les 12 derniers mois. En effet, près de 75% de l’offre d’or physique est assurée par les minières. Entre 2019 et 2020, la production minière a diminué de près de 4% (voir analyse).
- Une baisse de 50% de la demande d’investissement entre fin 2019 et fin 2020. La demande d’investissement représente près de 30% de la demande totale, contre près de 50% pour la bijouterie et 12% pour les banques centrales. La hausse du cours de l’or en 2020 a été alimenté en très grande partie par la demande d’investissement (voir graphique ci-dessous). Quand la demande d’investissement et des banques centrales a fortement diminué à l’été 2020, les cours ont engagé une correction (hausse des taux réels).
Expliquer le mouvement actuel
Le graphique ci-dessus reprend la demande mondiale d’or chaque trimestre. Ce graphique nous permet de voir que le rebond que nous connaissons actuellement est un rebond alimenté fondamentalement. D’une part, nous avons une continuité de la reprise de la demande de bijouterie. D’autre part, la demande d’investissement est en train de reprendre du terrain par effet de base.
Nous pourrions également traduire ce mouvement de rebond du fait des facteurs macroéconomiques. Ces dernières semaines, les taux souverains américains tendent à se stabiliser tandis que le stress financier montre certains signes de retour. À cela, il faut ajouter la confirmation d’une inflation de conjoncture. En conséquence, on observe en ce moment une première résistance dans la hausse des taux réels, ce qui permet d’arrêter fortement la chute de demande d’investissement.
Ainsi, la correction que nous vivons depuis l’été 2020 est solidement contrecarrée d’un point de vue fondamental. Les signaux de rebond ne sont évidemment pas si puissants qu’en 2013, 2016 ou 2018 mais sont tout de même considérables. Tant que nous n’aurons pas dépassé 2022, la correction à la hausse des taux réels peut impacter l’or.
Le pétrole tiré par la reprise
L’or et le pétrole sont des actifs assez corrélés dans l’ensemble, principalement du fait de l’inflation et des taux. Comme le montre le graphique ci-dessous, le pétrole suit globalement l’évolution des taux gouvernementaux. Ces derniers jours on assiste à une décorrélation avec une hausse du pétrole et une légère correction des taux.
Le pétrole (ici WTI) retrouve donc des niveaux plus raisonnables, moins anxiogènes pour l’offre (>60$). Après s’être posé sur les niveaux d’avant crise, le pétrole tente une nouvelle hausse. D’une part, cette hausse pourrait être amenée à se poursuivre, en particulier au second semestre 2021 quand la reprise sera la plus intense. D’autre part, le pétrole peut être menacé par une chute plus forte des taux souverains si la reprise venait à tarder ou si une phase de risques correctifs sur les marchés se manifestait. À long terme, même si une stagnation de la demande globale est attendue, l’offre de pétrole reste sous tension fondamentalement. Globalement, c’est donc un signe plutôt favorable au prix du pétrole sur plusieurs années. Les prochains mois seront déterminants dans le franchissement ou non du canal de prix des 40$-65$ dans lequel les prix évoluent depuis 2018.
Avec une dette de plus de 2500 milliards de dollars, le secteur pétrolier souffre de prix bas. On rappellera en effet que les investissements en gaz et pétrole ont chuté de plus de 30% en 2020. Ces investissements sont en chute constante depuis le sommet du prix du pétrole en 2014.
En définitive, l’or se redresse avec une forte puissance fondamentale. La résistance sur la hausse des taux réels, provoquant le retour de la demande d’investissement, de bijouterie mais aussi des banques centrales, permet d’alimenter une nouvelle phase de hausse du métal jaune. L’or et le pétrole tirent également profit de l’inflation qui se confirme sur le premier trimestre 2021, en particulier sur les matières premières. Les mouvements sur les taux à venir au début et à la fin de l’été pourraient ainsi être déterminants pour les deux actifs.