Depuis le krach de 2020, les marchés sont dans une dynamique continue de hausse. Ce phénomène s’explique pour la quasi-totalité ou presque par la disponibilité de quantités très importantes de liquidités. Les politiques des banques centrales dirigent désormais les marchés, à moyen et long terme. Cette extrême puissance monétaire, cumulée aux dynamiques économiques nouvelles, devrait conduire à certaines réorientations sur les marchés.
La reprise économique n’est pas parfaite !
Écarts de croissance et faiblesse de la reprise.
Contre les attentes, le PIB français a reculé de 0.1% au premier trimestre 2020. Dans le même temps, le déficit public devrait atteindre 220 milliards d’euros en 2021 (soit 9.4% du PIB ou encore 8.5 milliards de déficit supplémentaire par rapport à 2020 !), avec une croissance estimée à 5%. L’écart entre les dépenses et les recettes devient considérable, ce qui menace grandement l’équilibre de l’État à long terme.
Les prévisions établies par L’OCDE tablent sur un retour pour la France au niveau du PIB de fin 2019 d’ici au deuxième trimestre 2022. C’est une reprise plus lente que celle estimée pour le PIB mondial. La croissance actuelle est une croissance par effet de base, qui s’accompagne d’inflation et de perte de solvabilité accrue des pouvoirs publics. Nous pourrions donc parler de situation de stagflation. D’importants écarts de croissance et d’endettement se creusent entre continents et pays de ces continents, particulièrement en Europe.
Une reprise… sans croissance…
À long terme, le taux de croissance est très fortement ralenti à la fois par l’endettement et les récessions multiples. Cette configuration de croissance en Occident, avec un rattrapage jusqu’en 2022 pour l’Europe, est favorable à une hausse de l’inflation et des taux (nominaux et réels). Une nouvelle dynamique va apparaitre avant un an avec une moindre croissance, des déficits et dettes publiques considérables, et enfin
Alors que l’inflation aux États-Unis dépasse des plus hauts de 8 ans (lien au cycle économique), la même dynamique semble se reproduire en Allemagne (inflation estimée à plus de 2%) et dans d’autres pays. Une accélération de l’inflation serait de nature à augmenter fortement les inquiétudes des États, en particulier en zone euro avec des politiques budgétaires très laxistes.
Risques boursiers ?
Pénurie de liquidités ?
Entre mars 2020 et mai 2021, soit en l’espace de 14 mois, le bilan de la FED a augmenté de 90%, soit la création de près de 3 700 milliards de dollars. Pour les seules banques centrales américaines, européennes et du Japon, ce sont près de 8000 milliards de dollars qui ont été créés sur la même période ! C’est-à-dire l’équivalent de 70% de la valorisation de tout l’or du monde pour ces trois banques centrales seulement.
Cette création monétaire colossale résulte directement dans une hausse simultanée du cours de la plupart des actifs financiers. À long terme, les marchés disposent ainsi de suffisamment de liquidités pour continuer sur leur tendance de fond. Cependant, à court terme, de légères pénuries de liquidités se font sentir. Le retour de la volatilité, la correction des cryptomonnaies, la hausse des taux, sont autant de signes de résistances sur les indices boursiers.
Risques politiques et de taux
Nous pourrions ainsi assister à des phases à risque sur actions fin juin/début juillet ou encore mi-septembre avec l’élection fédérale allemande. En effet, plusieurs dynamiques sont à différencier :
- Le début de l’été pourrait se traduire par des tensions sur les indices boursiers. Le maintien d’une certaine volatilité, les signaux de rupture de liquidés et l’évolution des taux sont amènes à traduire certaines phases correctives classiques.
- De même, la fin de l’été pourrait se traduire par le retour d’évènement politiques et une détente sur les taux, ce qui peut être correctif pour les actions. En effet, la récurrence de cycles monétaires en août et septembre [voir article], devrait conduire à de nouvelles dynamiques sur les marchés à moyen terme.
Enfin, on notera également ici la cohérence avec la saisonnalité du S&P500. Effectivement, les mois avec des moindres performances sont les mois de juin, d’août et de septembre particulièrement. À l’inverse, les mois avec les performances les plus élevées sont plutôt perceptibles en avril, octobre ou encore novembre.
En définitive, les États et les banques centrales cherchent à tout prix à alimenter ce trou d’air économique par des quantités monétaires extrêmement conséquentes. Nous en revenons à la situation post-2008, qui s’est accompagnée d’une hausse des bilans centraux jusqu’en 2015. Cela ne pouvait mécaniquement conduire qu’à une hausse continue des indices, avec des corrections de moyen terme. Cette crise n’a fait qu’amplifier les tendance d’avant COVID.