Cette publication est une étude spéciale sur l’évolution de la fréquence et de l’intensité du risque en fonction des perspectives d’investissement en actions. La gestion du temps en bourse est centrale, et de nombreux investisseurs peuvent augmenter considérablement leur risque sans regarder aux mécanismes qui animent les marchés. Nous nous concentrerons ici sur le cas de l’indice américain Dow Jones depuis janvier 2012 jusqu’à nos jours. Cette approche révèle que les risques augmentent sensiblement à court terme tandis que la puissance des mouvements devient plus intéressante à long terme.
Risques et fréquences de correction.
Pour mesurer le risque qu’implique une succession d’allers et retours sur un même marché en fonction du temps, on réalise une étude statistique. On sélectionne ainsi des données sur différentes échelles de temps (journalier, hebdomadaire, mensuel, etc…), et l’on calcule dans un premier temps le taux de mouvements baissiers qui ont pris effet. Le graphique ci-dessous reprend en abscisse la période sur laquelle on investit (en mois), et en ordonnée le taux de risque associé à chaque horizon de d’investissement.
À court terme.
À court terme, la fréquence de correction sur le Dow Jones demeure relativement élevée. Sur les évolutions journalières, la fréquence de correction de Dow Jones est de 45% du temps (taux équivalent pour la période 1915-2021 ou bien 2012-2021). Investir quotidiennement conduit donc à des pertes 45% du temps en moyenne.
La fréquence de correction diminue par la suite sur les évolutions hebdomadaires, avec un taux de semaines baissières de 38,4%. La fréquence de correction diminue encore à 35% dans une perspective de positionnement toutes les deux semaines. Le risque de perte à court terme est donc relativement élevé.
À moyen terme.
La fréquence de baisse des actions diminue de manière plus intéressante à partir d’un mois. La fréquence de correction passe de 30% sur un horizon d’un mois, à moins de 20% sur un horizon de trois mois. Sur le graphique, on observe que la courbe fléchie une première fois à partir d’un horizon de temps de 2 semaines. Avec un horizon de temps de 2 semaines à 3 mois, la diminution de la fréquence des pertes est relativement importante.
On observe par ailleurs que la fréquence de perte est légèrement au-dessus de la normale dans une perspective d’investissement de deux semaines à un mois. À l’inverse, la fréquence de perte est sous la normale dans une perspective d’investissement de plus de 2 mois. Un creux de risque est donc présent autour de 3 mois.
À long terme.
À long terme, la fréquence de baisse diminue encore. Plus l’investissement se fait sur de longues périodes de temps, plus la diminution de la fréquence de correction est faible, mais demeure cependant très intéressante. Dans une perspective d’investissement de 6 mois, le risque de perte n’est plus que de 16,6%, soit presque trois fois moins qu’en prenant des positions journalières.
Au-delà de quelques mois, le risque de pertes sur plusieurs années demeure très faible. Depuis 2012, l’indice Dow Jones n’a jamais connu une année de baisse, tandis que la fréquence de correction annuelle se situe probablement entre 5% et 10% de manière historique.
Risques et intensité des corrections.
Au-delà de la fréquence des corrections selon ses allers et retours sur le marché sur une période donnée, nous devons considérer l’intensité de ces corrections. L’intensité des corrections se mesure notamment à travers la volatilité, et demeure également un élément d’indication majeur du risque [voir notre article à ce sujet]. Sans grande surprise, la courbe de la volatilité (annualisée), calculée à partir des périodes sélectionnées, suit la courbe des fréquences de correction. C’est-à-dire qu’à long terme, les corrections deviennent moins fréquentes mais aussi moins intenses. C’est aussi un élément de démonstration à la récurrence de marchés longuement haussiers ou bien longuement baissiers sur plusieurs années.
On observe que la courbe de volatilité annualisée du Dow Jones se stabilise assez rapidement à partir des données sélectionnées toutes les deux semaines. Néanmoins, la différence entre la volatilité mesurée sur la même période selon les données journalières ou bien mensuelles est très grande. Si l’on prend les données journalières, la volatilité annualisée du Dow Jones est de 17,5%, contre 8% pour la volatilité mesurée à partir des données semestrielles. En bref, les tendances à long terme deviennent mornes, avec une moindre volatilité et fréquence du risque.
Paradoxalement, la courbe de volatilité annualisée est inverse sur des actifs comme le Bitcoin. Tandis que la fréquence des corrections diminue plus fortement sur le Bitcoin avec les longues périodes, l’intensité des hausses et des baisses est plus forte à long terme. C’est également pour cette raison que les actions demeurent très attractives, car elles permettent de bénéficier d’un très faible risque global dans le temps.
Conclusion
En définitive, les risques de pertes sont plus importants pour un trader qui effectue des allers-retours sur une courte période que pour un trader qui effectue le même nombre d’allers-retours sur une grande période. On observe un très léger creux de risque autour de 3 mois tandis que le risque à très court terme demeure très élevé, avec des corrections plus récurrentes et plus intenses. Ainsi, les marchés suivent un schéma fractal mais de manière différenciée. C’est-à-dire que la cyclicité des marchés est variable selon l’échelle de temps considérée, ce qui aboutit à des figures graphiques de nature différentes selon l’échelle de temps. L’étude des fréquences, de l’intensité et de la temporalité nous permettent en outre de déduire la cyclicité du marché, plus efficiente.