En économie, l’étude des cycles économiques est généralement contenue à quelques rares publications. On se propose ici d’établir un modèle type d’évolution cyclique en respectant la méthodologie précédemment appliquée à divers actifs [source]. En réalisant notre étude, deux constats s’imposent à nous : le premier, c’est que la crise économique récente est également le résultat d’un phénomène structurel et endogène ; le deuxième, c’est que les perspectives des prochaines années sont conformes à nos diverses analyses précédentes.
Décomposer l’économie américaine.
Pour étudier au plus près les dynamiques structurelles de l’économie américaine, nous décomposons mathématiquement les différents cycles qui déterminent les variations du PIB depuis 1957. Sans entrer dans les détails, nous retrouvons la courbe ci-dessous qui permet de nous donner une partie des principaux cycles qui, combinés entre eux, décrivent les dynamiques structurelle de l’économie.
On remarque avec stupéfaction que les principaux cycles qui déterminent l’économie américaine sont effectivement très proches de ceux observés ou calculés par des économistes comme Kondratiev, Ragnar Frisch, Martin Armstrong et autres. La période la plus déterminante des variations trimestrielles du PIB serait ainsi une période de 5,7, suivie d’une période de 11,4 et enfin de 17,2. Ce sont les périodes des trois cycles primaires des variations du PIB américain depuis la fin des années 1950.
En termes de prédominance, le cycle 5,7 influe à hauteur de 8% de l’ensemble des cycles combinés. Les cycles 11,4 et 17,2 influent quant à eux à hauteur de 2% et 0,6%, ce qui est au-dessus de la moyenne d’influence des cycles secondaires. La période (5,7 ou 11,4 ou 17,2 ici) peut aussi bien concerner un mois qu’une année par multiplication (12 cycles de 5,7 mois donnent un cycle de 5,7 années).
Phases de croissance de l’économie américaine
Une fois ce postulat établi, nous pouvons préciser notre raisonnement. On décompose désormais la série de donnée du PIB américain et phases respectives de 5,7 années (soit presque 23 trimestres par phase). Ainsi, depuis 1957, il s’est écoulé près de 13 phases de 5,7 années. Comme dans la quasi-totalité des études suivant la même méthodologie, notre première observation est qu’il existe une symétrie assez puissante entre les diverses phases du cycle économique. Plutôt que de représenter indépendamment les 13 phases depuis 1957, on réalise la moyenne de tous ces cycles pour obtenir l’indice ci-dessous.
Cette courbe décrit, selon la position dans le cycle de 5,7 années, un « cycle-type » de l’économie américaine. Cet indice est assez fiable. Par exemple, la plus forte contraction trimestrielle du PIB enregistrée fut en 2020, c’est-à-dire au niveau des 70%-75% du cycle. Ce décrochage corrèle avec un décrochage structurel de l’économie américaine sur cette phase comme le montre l’indice. Il paraît donc évidemment faux de dire que la crise du COVID est une crise exclusivement exogène causée par le virus. On rappellera par exemple que le Japon est entre en récession dès le quatrième trimestre 2019, soit bien avant les mesures restrictives.
Quelles perspectives?
Ainsi, sur une période de près de 6 ans, quelle est l’évolution type des variations du PIB américain ? On peut distinguer 5 grandes phases de croissance ou de ralentissement :
⦁ Entre le début et 25% du cycle, la croissance tend à s’accélérer globalement. C’est typiquement ce qu’il s’est produit entre 2004 et 2006 ou encore entre 2010 et 2012.
⦁ Entre 25% et 40% du cycle, la croissance ralentit une première fois. En général, ce décrochage ne remet pas en question la phase de croissance globale. C’est en moyenne la deuxième étape la plus sensible du cycle au risque de crise.
⦁ Entre 40% et 60% du cycle, l’économie tend à se stabiliser sur un point haut. Dans les années 1970 et 1980, cette phase intermédiaire était particulièrement intense, et des phases de vives croissances étaient rapidement suivies de phases de vifs ralentissements.
⦁ Entre 60% et 80% du cycle, c’est en général à ce niveau que ce manifeste le risque de crise le plus élevé. Cette période a par exemple concentré la crise de 1980 (creux à 78%) ou encore la crise de 2008 (creux à 75%), la crise de 2021 (creux à 75% également), etc.
⦁ Enfin, entre 80% et 100% du cycle, on assiste en général à une stagnation de la croissance. Malgré deux exceptions opposées en 1981 ou 1958, c’est en général une période de normalisation, comme nous l’avons vécu exactement en 2021.
Pour simplifier la projection aux prochaines années, nous avons remplacé les unités en pourcents en abscisse par les dates de la phase 2021-2027. Ce qui ressort de cette approche, c’est que la croissance pourrait se stabiliser sur le premier voire le second trimestre 2022. Le risque de ralentissement serait plus prononcé autour de la mi-2023. Pour la suite, nos observations sont assez cohérentes avec l’étude des divers cycles monétaires et financiers. Le principal risque de récession sur cette décennie se situe statistiquement entre le dernier trimestre 2025 et 2026. Dans tous les cas, cette approche paraît assez cohérente pour 2022 et 2023 avec la plupart des anticipations traditionnelles.