Si l’économie a déjà entamé une grande partie du ralentissement depuis le début d’année 2022, la question inquiète les marchés. Pourtant, la trajectoire de l’économique que nous connaissons aujourd’hui est tout à fait symétrique aux cycles économiques. Nous verrons au long de cette publication que la dynamique économique devrait montrer des signes de ralentissement pour 5 à 6 mois encore. Néanmoins, ce risque économique présente des caractéristiques typiques des cycles économiques et une dynamique semblerait émerger pour les prochaines années.
Les cycles de croissance concordent !
Dans nos séries d’articles, nous sommes revenus sur les trois types de cycles qui composent la dynamique économique :
- Le cycle de Kitchin qui correspond aux cycles courts d’une quarantaine de mois.
- Le cycle de Juglar qui correspond aux cycles intermédiaires d’une durée de 7 à 11 ans. Lire plus : 1923-2023 : légende des cycles boursiers de 40 mois – Youtrading FR.
- Le cycle de Kondratiev qui correspond aux cycles longs d’une durée de 40 à 60 ans. Lire plus : Où sommes-nous dans le cycle de Kondratiev ? – Youtrading FR.
Dans les débats qui peuvent opposer les économistes, on retrouve la question de notre position dans la dynamique de ces cycles économiques. Le graphique ci-dessus montre le taux de croissance annuel de l’économie américaine depuis le sortir de la Seconde Guerre mondiale. La moyenne mobile ajoutée permet de lisser les cycles intermédiaires et d’affiner notre analyse. Il est probable que la sortie du quatrième cycle de Kondratiev, commencée vers 1950, s’est achevée vers 2005, et plus spécifiquement 2009. Depuis la crise financière, on assiste à une augmentation du taux de croissance moyen observé dans l’économie. Ce signal n’est pas neutre, car la croissance repasse durablement au-dessus de sa moyenne mobile, ce qui n’était pas arrivé depuis plus d’un demi-siècle !
Choc de croissance en cours ?
Si le cycle long de Kondratiev est identifié, l’analyse est plus délicate pour les cycles intermédiaires de 7 à 11 ans (cycles de Juglar). Dans la théorie des cycles, un cycle de Kondratiev (d’une durée intermédiaire de 54 ans) est composé de 6 à 7 cycles intermédiaires d’une durée médiane de 8 à 9 ans, idéalement 6. On peut ainsi identifier un grand cycle de Juglar (lui-même composé de deux cycles Kitchin courts) dont les pics de croissance respectifs ont été 1951 et 1955. Ce cycle de Juglar a impulsé un grand cycle de Kondratiev. Le 6e cycle de Juglar s’est probablement manifesté sur la période 2001-2009, achevant ainsi un grand cycle de Kondratiev de plus d’un demi-siècle.
Dans cette logique, la période 2009-2020 marquait le premier cycle de Juglar d’un nouveau cycle (ce qui reste à vérifier à postériori). Mais une trop grande stabilité de la croissance comme ce fut le cas ne permet pas d’impulser véritablement une phase de croissance durable. C’est pourquoi le choc du COVID a révélé des évolutions cycliques historiques.
Une chose importante apparaît dans notre analyse : le mouvement de la vague post-2020 est sensiblement similaire au mouvement observé dans la phase 1 en 1950. Un grand choc de croissance positif fait suite à des récessions plutôt brèves. Ce pic de croissance est impressionnant et agit de sorte que la croissance repasse au-dessus de la croissance moyenne historique.
Quel niveau de croissance ?
Comme nous assistons à un changement de phase dans le cycle de Kondratiev, la volatilité des cycles augmente et les cycles courts se manifestent plus clairement. De ce fait, il est normal d’assister à une période d’expansion de 18 à 22 mois depuis la récession de 2020, suivi d’une phase de repli similaire. Cela nous mène donc au bas du cycle économique au printemps 2023, et plus spécifiquement vers le milieu d’année 2023. On peut donc légitimement espérer, en ce sens, que l’économie connaisse encore des turbulences pour 5 à 6 mois encore.
La croissance annuelle pourrait dans un premier temps rejoindre la trajectoire de croissance moyenne comme support, c’est-à-dire une croissance en glissement annuel d’un peu plus de 4 %. Pour ce faire, suite au choc de croissance positif qui a culminé à plus de 10 % fin 2021, l’économie devrait avoir une croissance nulle ou (légèrement) négative en 2023. Ce qui explique la cause inhérente du risque économique en 2023.
Mais réciproquement, de par notre position théorique dans le cycle économique, on sait que ce risque économique, même s’il n’est pas négligeable, devrait être plutôt bref et relativement limité. Le risque économique véritable se manifesterait plutôt à partir de 2026, ou à partir de la fin 2025 (deuxième cycle de Kitchin marquant la fin du deuxième cycle de Juglar depuis 2009). Des déviations sont toujours largement possibles dans ces scénarios, mais les forces cycliques à l’œuvre nous incitent à lire de la sorte les fluctuations économiques.
Il est enfin important de noter que la bourse a souvent marqué son point bas plusieurs semaines ou mois avant la fin des diverses récessions.