Avec l’inflation, avec la hausse des taux d’intérêt, on entend beaucoup parler en ce moment de crise monétaire.
La monnaie revient au centre de la problématique.
Mais qu’en est-il vraiment?
Que savons-nous réellement de la monnaie.
Voici donc un article de fond pour les lecteurs de Youtrading…
Toutes les opérations économiques nous confrontent à l’usage de la monnaie. En tant qu’instrument de paiement, elle fait partie de l’expérience quotidienne de chaque individu. Pourtant, la monnaie constitue un objet d’étude complexe.
La difficulté liée à la définition de la monnaie et plus largement les aspects techniques de l’activité monétaire conduisent régulièrement à véhiculer contre-sens et prénotions erronées dans l’espace public et médiatique.
§ A titre d’exemple, on parle souvent du bitcoin, que l’on définit abusivement comme une monnaie alors qu’il s’agit seulement d’un titre ou actif financier.
§ De même, à l’heure où des plans de soutien massifs à l’économie ont été réalisés par les gouvernements européens dans le contexte de crise sanitaire et économique, l’expression de « planche à billets » a fait son grand retour et de nombreux français et médias s’interrogent de l’origine de cette monnaie, se demandant s’il est possible d’en créer de façon illimitée.
§ Enfin, l’euro a souvent été accusé de nombreux maux et notamment de la faiblesse de la croissance française. Le rôle de la BCE dans l’économie reste pour beaucoup énigmatique.
Tentons d’y voir plus clair.
Nos économies sont monétaires dans la mesure où les produits ne s’échangent pas contre des produits, mais contre de la monnaie qui, à son tour, s’échange contre des produits. La place essentielle de la monnaie dans les économies contemporaines nous amène à nous interroger sur ses fonctions et ses formes (dans cet article), ainsi que sur les mécanismes de sa création (dans un prochain article).
Dans une situation de troc ou l’on n’utilisait pas la monnaie, l’échange entre deux agents économiques ne peut avoir lieu que si les deux agents souhaitent se procurer le bien ou service que l’autre possède et acceptent de céder, en échange, le bien qu’ils possèdent. Il faut également que la valeur des biens dans la transaction (l’échange) soit considérée comme équivalente par les deux parties prenantes. C’est ce qu’on appelle le problème de la double coïncidence des besoins. Le troc apparait limité dans une économie où le volume des échanges est très important et les agents économiques très nombreux.
L’introduction de la monnaie, quelle que soit sa forme, facilite les échanges à condition que les agents économiques aient confiance dans sa capacité à se procurer n’importe quel bien ou service et qu’elle conservera son pouvoir d’achat dans le temps (par sa stabilité).
La monnaie est un instrument d’échange pour les paiements qui remplit trois fonctions économiques :
– La monnaie est un intermédiaire des échanges. Les biens et services s’échangent contre de la monnaie. La monnaie permet de faciliter les échanges et de les augmenter.
Ex : je m’achète un smartphone en échange de monnaie, je règle mes dettes avec de la monnaie.
– La monnaie sert à évaluer le prix de tous les biens et services. Elle remplit donc une fonction d’unité de compte qui permet de mesurer la valeur de biens et services hétérogènes, dans un même langage, une unité de compte commune.
Ex : en France, et dans les pays de la zone €, les prix sont exprimés en €.
– La monnaie a une fonction de réserve de valeur. Elle peut être conservée pour une utilisation ultérieure et peut donc servir à reporter ses achats dans le temps (à condition que les prix restent stables). Plus l’inflation est forte, plus la monnaie perd de sa valeur. Entre 1913 et novembre 1923, les prix sont multipliés par 750 milliards suite à une émission de monnaie démesurée. En 1923, certains allemands achetaient deux bières en même temps, de peur qu’à la seconde où ils payaient, les prix aient encore augmenté.
Ex : je dispose d’un billet de 100€, je n’ai aucune obligation de les dépenser immédiatement. Je peux le conserver pour le dépenser demain ou l’an prochain.
Pour aller plus loin, le bitcoin est-il une monnaie ?
Créée en 2009, on compte 25 millions d’utilisateurs dans le monde. C’est la première crypto monnaie qui a été crée (il en existe plus de 1500).
A l’heure actuelle le bitcoin n’est pas vraiment une monnaie car il ne répond pas vraiment aux différentes fonctions de la monnaie
r Ce n’est pas un instrument de paiement universellement accepté. Aucune crypto monnaie ne l’est d’ailleurs. Rien n’oblige les entreprises ou les administrations publiques à les accepter et, en pratique, rares sont celles qui le font. En gros, on peut l’utiliser pour payer des biens et des services, mais un nombre limité.
r Le B n’est pas une unité de compte avec laquelle on pourrait exprimer le prix de tous les autres biens. On peut exprimer les prix en B mais connaissez-vous le prix de votre smartphone en bitcoin ?
r La valeur du B n’est pas assez stable pour être utilisé comme réserve de valeur. Son cours est extrêmement volatil.
r L’appellation même de crypto monnaie pose problème car le Bitcoin n’est pas de la monnaie.
r Nos économies sont monétaires dans la mesure où les produits ne s’échangent pas contre des produits, mais contre de la monnaie qui, à son tour, s’échange contre des produits. La place essentielle de la monnaie dans les économies contemporaines nous amène à nous interroger sur ses fonctions, ses formes, ainsi que sur les mécanismes de sa création.
La monnaie prend différentes formes au cours du temps… Ce que nous verrons dans une deuxième partie!
A suivre…