C’est un véritable vent d’optimisme qui souffle sur les marchés financiers en ce début d’année 2023, contre toute attente. Au bout de moins de trois semaines de cotation, le CAC 40 gagne plus de 9% et a ainsi rattrapé l’ensemble de ses pertes de 2022. Le Dow Jones gagne quant à lui 3% et rattrape un tiers de ses pertes de l’an dernier, et le Nasdaq, très chahuté en 2022 avec une chute vertigineuse de 33%, reprend environ un cinquième de cette perte en s’adjugeant 6%. Pour une fois, l’indice français est mieux loti que ses homologues américains. Il faut dire aussi que sur de nombreuses années, il avait fait moins bien. Par exemple, en 2020 le CAC 40 avait perdu 8% tandis que le Dow Jones gagnait 5% et le Nasdaq pas moins de 41% de hausse!
Mais la question à se poser n’est pas tant liée à la comparaison entre ce qui se passe chez nous et Outre-Atlantique qu’à la compréhension de ce phénomène général de hausse des marchés financiers.
Les causes du marasme boursier de 2022 sont toujours présentes :
-La guerre en Ukraine est toujours là et aucun signe de détente ne s’amorce, au contraire le conflit se radicalise et les haines se cristallisent. On parle juste moins d’arme nucléaire ou du moins ce genre de menaces de la part des Russes n’est plus prise au sérieux.
-L’inflation est toujours présente, même si elle a légèrement marqué le pas ces dernières semaines (voir notre article avec les derniers chiffres : Une crise toujours larvée selon les derniers chiffres. – Youtrading FR
-La hausse des taux ne s’est pas arrêtée, les seuils critiques n’ont pas été franchis à la baisse. Ainsi le taux de l’OAT France 10 ans est actuellement de 2.64% ce qui signifie que la France, quand elle emprunte à 10 ans s’engage à rembourser 2.64% par an. On est loin des taux négatifs que l’on a connus il n’y a pas si longtemps.
‘Euribor qui est le taux auquel les banques se prêtent de l’argent entre elles, qui est resté négatif de 2016 à 2022 est actuellement en pleine ascension, à 3.3%
-La récession guette toujours et d’ailleurs le dernier trimestre de 2022 a vu le PIB français reculer de 0.2% selon les données provisoires de l’INSEE.
Et on pourrait parler de la dette publique qui atteint des records, ou encore du taux de sinistralité des entreprises (Selon les chiffres d’Altares, avec 42 500 procédures ouvertes sur 2022, le nombre de défaillances accuse une hausse de près de 50 % par rapport à 2021).
Mais les marchés boursiers se basent sur les anticipations, et ils anticipent l’avenir de manière positive :
-C’est paradoxal mais le nombre énorme de contaminations au COVID qui a lieu en Chine en ce moment fait penser aux investisseurs que l’ouverture de la Chine qui se profile après cette vague profitera à nouveau à l’économie européenne, privée des touristes chinois depuis trois ans. C’est donc vers une anticipation positive liée à la Chine que se sont tournés les investisseurs.
-La baisse des prix du pétrole remonte elle aussi le moral. Le fait que, pour le moment, l’hiver soit relativement doux (après une vague de froid début décembre) adoucit les espoirs également…
Il faut dire que depuis le mois de juin, le cours du pétrole n’a fait que refluer, perdant 30% de sa valeur, comme le montre le graphique suivant (Brent) :
-Enfin et surtout, ils considèrent que la période de forte remontée des taux d’intérêt touche à sa fin. Que les Banques centrales, qui mènent le jeu, vont bientôt arrêter leur processus. C’est d’ailleurs cela qui explique le succès des émissions de dettes depuis le 1er janvier, malgré des taux d’intérêt relativement élevés. Personne ne saurait dire quand les taux d’intérêt s’inverseront mais beaucoup d’économistes estiment qu’avant l’été la question sera de savoir quand la pente des taux commencera à s’inverser…
On le voit, ces facteurs psychologiques, ces anticipations sont relativement fragiles! Pour le moment, elles fonctionnent mais le fondement même de la Bourse étant de valoriser des entreprises, c’est finalement la saison des résultats, qui ouvre dans quelques semaines, qui donnera le tempo pour la suite. Nous en profiterons pour parler des grandes entreprises françaises, comme nous l’avons fait au sujet de LVMH le mois dernier (Bernard Arnault : homme le plus riche du monde devant Elon Musk, la fierté de la France! – Youtrading FR).