La présidente de la Banque Centrale Européenne (BCE), Christine Lagarde, a souligné cette semaine que les politiques monétaires entre les États-Unis et l’Europe divergeront certainement cette année – et ce, pour plusieurs raisons.
D’abord, l’impact de la guerre russo-ukrainienne n’est pas – et ne sera pas – le même pour les pays européens que pour les États-Unis.
Alors que certains pays insistent pour que l’Europe prenne des mesures plus strictes contre la Russie, comme voter un embargo sur l’énergie russe à l’instar des Etats-Unis ou du Royaume-Uni, d’autres expliquent qu’une telle décision sera très compliquée à mettre en place, qu’il faut pouvoir la tenir dans la durée et que cette mesure aura des conséquences plus que néfastes sur leurs économies.
L’Allemagne est par exemple l’un des pays européens les plus dépendants des approvisionnements énergétiques russes – plus de 52 % du gaz naturel et du charbon et 34 % du pétrole utilisés en Allemagne proviennent de Russie, et le pays ne peut se passer des importations d’énergie russes.
« Il n’y a actuellement aucun autre moyen de garantir l’approvisionnement de l’Europe en énergie pour le chauffage, les transports, pour la production d’électricité et pour l’industrie » aurait déclaré le chancelier allemand, Olaf Scholz.
Ensuite, le resserrement de la politique monétaire, qui a déjà commencé aux Etats-Unis, est beaucoup plus agressif qu’en Europe. Et pour cause, même avant la guerre, les deux économies se trouvaient à des stades différents du cycle économique et de business d’après Christine Lagarde.
Alors que la Fed a commencé à resserrer sa politique monétaire pour lutter contre l’inflation la semaine dernière, en relevant son taux directeur pour la première fois en 3 ans d’un quart de point de pourcentage, la BCE a simplement décidé de réduire son programme de relance plus tôt que prévu pour qu’il s’arrête au cours du 3e trimestre 2022.
Christine Lagarde est prudente sur la hausse des taux. Elle considère en effet qu’elle dispose toujours d’une « marge supplémentaire » avant la première hausse. Elle n’est pas non plus pressée de relever les taux d’intérêt, car l’institution ne semble pas vouloir les relever avant un certain temps après l’arrêt de son programme d’achat d’obligations.
Jerome Powell, de son côté, adopte un ton beaucoup plus « hawkish » lorsqu’il considère le rythme de hausse des taux cette année. Il explique que le FOMC doit agir « rapidement » pour lutter contre l’inflation galopante. Il se dit même prêt à être « plus agressif » pour éviter que l’inflation ne s’installe trop durablement… Les traders estiment que 6 autres hausses des taux américains devraient se produire en 2022.
Aller plus loin
- Guerre en Ukraine : l’Allemagne s’oppose à un embargo sur le gaz, pétrole et charbon russes – Capital
- Stagflation en zone euro : pas de menace, assure la BCE – La Tribune
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