Le cours du baril de pétrole (WTI) a clôturé en baisse de plus de 7,5% sur le mois de juin 2022, du jamais vu depuis novembre de l’année précédente. Depuis le printemps, le cours du baril semble désormais se stabiliser autour de 110$ le baril. Cependant, on assiste à la formation de figures techniques similaires à certaines matières premières qui pourraient signaler un retournement de tendance. Ainsi, le cours du blé a fortement corrigé durant cette période de récoltes. Bien que le monde soit toujours exposé au risque d’un nouveau choc haussier, la détente des tensions sur certains marchés de matières premières pourrait ravir certains pays. Ainsi, il est probable que le cours des matières premières, pétrole en tête, connaisse une nouvelle dynamique d’ici la fin de l’été 2022.
Pétrole WTI : dans une figure technique majeure !
Depuis le mois de mars, le cours du baril semble être entré dans une figure technique dite de triangle symétrique. Une résistance intermédiaire majeure se situe autour des 113$ le baril. Tant que le cours se situe sous ce seuil, les probabilités de sorties baissières devraient demeurer limitées. En théorie, les sorties des triangles symétriques sont relativement tardives. Hors invalidation, on peut donc s’attendre à une cassure de la figure entre mi-juillet et mi-septembre 2022.
Cette figure, si toutefois elle est validée, donne les objectifs haussiers à 140$, et 150$. A la baisse, les objectifs sont à 85$ et 70$. Par ailleurs, la cyclicité tend à montrer des probabilités en faveur de ce dernier scénario. De plus, on notera la formation potentielle d’une figure en épaule-tête-épaule (ETE) depuis mai. Cette figure est assez propre car elle marque un écart de un mois et demi entre les deux épaules, et une amplitude inférieure à 5% entre les sommets de ces épaules. L’objectif suggéré par cette figure donne une zone entre 85$ et 90$ le baril. Néanmoins, aucune sortie de la figure n’a été constatée encore. Mais la cassure du triangle symétrique serait potentiellement renforcée par cette figure.
Pour rappel, l’OPEP avait décidé d’augmenter sa production de 650 000 barils par jours, sur les 95 ou 96 millions de barils produits quotidiennement. En outre, cette légère augmentation de la production devrait se matérialiser d’ici les prochaines semaines. Mais le risque d’un nouveau « choc » haussier n’est cependant pas à exclure. Dans tous les cas, le pétrole enregistre son premier mois baissier depuis novembre 2021. Rappelons en effet que le cours du pétrole WTI a performé de plus de +70% entre janvier 2022 et son sommet en mars.
Le blé en forte baisse…
Sur le mois de juin, le cours du blé a chuté de près de 20%. Cette forte correction n’arrange pas forcément les agriculteurs en période de récolte du blé. Néanmoins, on reconnaît techniquement la même figure sur le cours du blé que sur le pétrole. Ce triangle symétrique a effectivement validé une cassure baissière. L’objectif suggéré par la figure donne un prix à 7,6$ le boisseau (283$ la tonne). Cet objectif peut même être plus élevé en prenant en compte le support oblique historique du cours du blé. Néanmoins, cette variation du blé suggère effectivement une grande détente des tensions sur le marché des matières premières. Par ailleurs, l’évolution du cours du blé est souvent en avance ou plus prononcée que l’évolution du cours du pétrole dans les contextes de pénuries.
Pas de changement structurel de l’inflation ?
« Malheureusement », les derniers chiffres en zone euro montrent que la part de l’inflation due à l’énergie et aux matières premières est en recul. L’inflation sous-jacente (hors énergie et matières premières) s’établissait à 2,7% en février 2022, contre 3,8% en mai en zone euro. La part de l’inflation sous-jacente dans l’inflation totale est ainsi passé de 45% à 60%. L’accélération de l’inflation ne se fait donc plus par l’énergie et les matières premières : la hausse des prix se généralise à l’économie. Ainsi, une diminution du cours des matières premières ne changerait pas la structure de l’inflation, et pourrait simplement la réduire partiellement.
Cette détente sur le cours des matières premières peut être interprété par le marché comme un signal de risque récessif. En effet, le pétrole a reculé le 30 juin sous l’impulsion des chiffres de la confiance des consommateurs américains. Ce type de signal pourrait accompagner un retournement haussier ou baissier du pétrole d’ici la fin de l’été. Enfin, dans l’hypothèse d’une chute du cours du pétrole, cela pourrait être considéré positivement par les marchés si le risque récessif demeure modéré. Dans l’hypothèse d’une hausse supplémentaire du cours du pétrole, les conséquences pour l’économie mondiale seraient probablement désastreuses. En outre, cela confirmerait le risque d’une récession induite par l’impossibilité de produire, qui est le pire scénario qui serait vécu par les marchés.