D’après un rapport publié par le World Gold Council le 5 mai 2023, la demande d’or de la part des banques centrales a atteint un record pour un premier trimestre depuis le début de la série de données dans les années 2000. Les banques centrales ont en effet ajouté 228 tonnes à leurs réserves globales.
Ces chiffres sont d’autant plus impressionnants que les banques centrales ont acheté un total de plus de 1 130 tonnes d’or l’année dernière, la quantité la plus élevée en 55 ans. Il s’agit d’une augmentation de 152 % par rapport à 2021 où les banques centrales n’avaient acheté qu’environ 450 tonnes d’or.
Selon le World Gold Council, cette forte hausse a certainement été due à l’instabilité géopolitique et à l’inflation élevée observée partout dans le monde.
« Cela a marqué une année record pour les achats de la part des banques centrales : 2022 n’a pas seulement été la treizième année consécutive d’achats nets, mais également le deuxième niveau le plus élevé de la demande annuelle enregistrée depuis 1950, stimulée par une demande de +400 tonnes à la fois au T3 et au T4 », a déclaré le World Gold Council.
Malgré ces achats massifs, le prix de l’or a terminé l’année quasiment inchangé alors que 2022 a été une année volatile. Gagnant plus de 13 % entre janvier et mars, le prix de l’or a ensuite chuté de plus de 28 % depuis ses plus hauts de mars à novembre avant de gagner plus de 13 % du plus bas en novembre à fin décembre.
Graphique journalier Gold – Source : ActivTrader
Il est intéressant de constater que la plupart des achats d’or de banques centrales en 2022 provenaient des économies émergentes, la Banque centrale de Turquie étant le plus grand acheteur. La Chine, l’Inde, l’Égypte, le Qatar, l’Irak, les Émirats arabes unis et Oman ont également considérablement accru leurs réserves d’or au cours de l’année.
Pendant le premier trimestre 2023, la Monetary Authority of Singapore a été le plus grand acheteur de l’or avec l’ajout de 69 tonnes, suivie de la Banque populaire de Chine avec 58 tonnes et la Turquie avec 30 tonnes. De plus, la banque centrale indienne a acheté 7 tonnes d’or.
Et maintenant ?
La demande d’or de la part des banques centrales devrait être plus faible en 2023 d’après les estimations du World Gold Council. Mais il est possible que les économies développées augmentent également leurs réserves comme les économies développées.
En tant qu’investissement, l’or pourrait continuer un rôle important auprès des investisseurs privés et professionnels, surtout si de nouveaux épisodes de faillites bancaires venaient à se produire au cours de 2023.
Le World Gold Council a en effet constaté une hausse significative de la demande d’or en mars après la chute de SVB – les investisseurs cherchant à investir dans des actifs refuges pour se protéger de la forte volatilité des marchés et des difficultés potentielles du secteur bancaire et financier traditionnel.
En cas d’incertitudes économiques, les investisseurs cherchent souvent des moyens de se protéger contre les risques de pertes sur les marchés financiers.
L’or est un actif qui a traditionnellement joué le rôle de valeur refuge, car il est considéré comme une valeur sûre contre l’inflation, la dévaluation des devises, les tensions géopolitiques et les risques systémiques, entre autres.
En période de crise, la demande pour l’or augmente fortement, car les investisseurs fuient les marchés risques comme le marché des actions pour investir dans des valeurs refuges. Lorsque cela se produit, on parle de fuite vers la qualité ou flight-to-safety en anglais.
Dans ces moments-là, les investisseurs cherchent à mettre leur argent dans un actif qui présente une faible corrélation avec les autres classes d’actifs, comme les actions ou les obligations.
L’or répond d’une certaine façon à ces critères, ce qui en fait un actif idéal en cas de crise, de forte volatilité ou d’incertitudes. C’est d’ailleurs un outil de diversification pertinent pour les investisseurs.