Les marchés boursiers mondiaux semblent avoir repris leur exubérance et dépassent de manière puissante les niveaux records de 2020. Ces mouvements actuels s’accompagnent d’un contexte de rattrapage économique par effet de base, d’une hausse des taux, de l’inflation, et de l’endettement. Il est important d’anticiper les mouvements macroéconomiques qui pourraient se dessiner dans les prochains mois.
Reprise économique : où en est-on ?
Intensification de la reprise
La reprise économique est encore très faible pour les services en Europe, tandis que la reprise industrielle est beaucoup plus forte (les niveaux d’avant crise sont largement dépassés). La reprise est également à son paroxysme aux États-Unis avec une reprise industrielle extrêmement puissante.
Concrètement, le contexte actuel ne nécessite pas des déficits monstrueux pour relancer une économie qui se relance par effet de base. Le risque des plans de relance et de soutien massifs est de voir émerger des tensions monétaires ou inflationnistes. Dans notre dernier article, nous sommes revenus sur les éléments qui favoriseraient un retour de l’inflation.
Ce à quoi nous pourrions assister
La reprise s’accompagne d’une hausse de l’inflation et d’une hausse des taux. Tant que la hausse de l’inflation demeure suivie d’une hausse des taux, les taux réels (taux moins inflation) stagnent. Cela profite au rebond de l’or à moyen terme par exemple. Néanmoins, il faut s’attendre à ce que les taux réels augmentent à long terme.
Dans les scénarios actuels, les déficits et le taux de croissance devraient atteindre un sommet autour du premier semestre 2022. Le risque sera celui de voir, comme en 2013, une diminution de l’inflation avec le ralentissement de la croissance à venir, diminuant les risques de hausse prononcée des taux.
Il faut donc être attentif à ce que :
1/L’inflation continue à augmenter durablement dans les 6 à 12 prochains mois.
2/Le ralentissement de la croissance qui pourrait prendre effet à partir de 2022 ne provoque pas une vague de risques économiques globale (profits, taux d’épargne, emploi, faillites).
Marchés boursiers : ce qu’il faut surveiller.
Tensions monétaires
La reprise économique est très bénéfique aux actions. Cela s’accompagne d’une hausse naturelle des taux souverains. Les taux interbancaires restent quant à eux extrêmement faibles malgré quelques légers signes de tensions ces dernières semaines (Archegos, etc.). La hausse des marchés boursiers s’inscrit dans un contexte de forte création monétaire et de retour de la croissance. Ce qui favorise un contexte fort de survalorisation des indices.
La survalorisation des indices s’inscrit également dans un cycle normal de survalorisation qui a statistiquement plus de 80% de chances durer environ 17 ans [voir étude]. Ce cycle de survalorisation a débuté en 2009. Les menaces qui pèseraient sur les marchés à long terme seraient effectivement le maintien d’une inflation assez forte, obligeant à la hausse des taux directeurs et augmentant significativement les risques de marchés.
Les marchés sont devenus très sensibles à la conjoncture monétaire. La puissance des banques centrales est devenue considérable, mais ne résoudra pas les problèmes de hausse des taux liés à l’inflation. Des taux hyper-négatifs sont à ce jour impossibles, ce qui augmente le risque de tensions monétaires avec des taux directeurs à 0% dans les prochaines années.
La reprise… Et après ?
La reprise devrait s’achever d’ici 12 à 18 mois pour la plupart des pays, en tous cas sur sa phase la plus intense. L’été 2021 pourrait marquer un premier revirement avec la confirmation de la reprise en Europe. Ce qui serait un facteur amplificateur à l’inflation d’une part et à une hausse des taux souverains européens d’autre part.
Nous l’avons vu, le principal signal à surveiller est celui d’un retournement des taux. Statistiquement, plus de 80% des hausses de moyen-terme sur les taux souverains sont suivies par une correction des marchés boursiers. Régularités illustrées par le graphique ci-dessus qui reprend le S&P500 et le taux US à 10 ans. La tendance sur les taux reste cependant globalement haussière et un puissant retournement baissier des taux n’est probablement pas à attendre avant plusieurs années.
En conclusion, les marchés boursiers sont à leur paroxysme avec la hausse des taux et de l’inflation. Les risques de marchés devraient augmenter avec les premières tensions à venir à l’été, mais surtout avec la diminution de la reprise horizon 2022. Les risques de krach sont statistiquement limités du fait des taux interbancaires, mais des incertitudes économiques anormales demeurent pour un sortir de crise. Enfin, d’un point de vue macroéconomique, on ne pourra que rappeler les mots d’avant crise de l’ancien Secrétaire au Trésor, Lawrence Summers : « Les plans de relance sont comme une drogue avec des effets de tolérance, pour garder la croissance constante, les déficits doivent devenir toujours plus grands. »