Alors que l’inflation accélère encore aux Etats-Unis et en zone euro, beaucoup d’investisseurs se questionnent sur la relation entre l’or et l’inflation. Depuis quelques mois effectivement, l’or semble atteindre une corrélation nulle avec l’inflation, alors que la corrélation avait essentiellement été négative jusqu’ici. Comment expliquer un tel phénomène ? Que pouvons anticiper des réactions à venir du cours de l’or ? L’idée selon laquelle l’or est un actif fortement lié à l’inflation n’est pas exacte. Cependant, on peut estimer que l’or profite généralement des inflations de long terme. L’enjeu des prochains mois sera de
OR et inflation : un lien réel ?
La corrélation à long terme entre l’or et l’inflation n’est pas une évidence. En effet, depuis les années 1990, alors que l’inflation perdait du terrain chaque année, le prix de l’or n’a cessé de progresser. Il existe cependant une certaine symétrie entre les changements dans le rythme d’augmentation des prix et les retournements du prix de l’or. La conclusion historique est d’observer que l’or est un actif stable, et profite des inflations de long terme plutôt que des inflations de court terme.
Le graphique ci-dessus montre la relation entre le prix de l’or (abscisse) et le taux d’inflation pour les Etats-Unis (ordonnée). On remarque qu’une inflation supérieure à 3% a généralement tendance à traduire une « verticalisation »de la relation entre inflation et or. C’est-à-dire que l’inflation augmente plus rapidement que le cours de l’or. En clair, on remarque que l’or est avant tout un actif stable. L’inflation peut accélérer les performances de l’or, mais la stabilité de l’or montre que la relation entre l’or et l’inflation est essentiellement valide durant une hausse lente du rythme d’inflation. En revanche, l’or est avantageux pour sa stabilité durant les stagflations. Alors que la plupart des actifs sont impactés par la hausse de l’inflation, l’or conserve une certaine attractivité du fait de sa stabilité.
La corrélation à l’inflation en passe de devenir positif.
Récemment, la corrélation à 20 mois entre l’inflation et le prix de l’or tend à redevenir positive ces derniers mois. La dernière fois que la corrélation entre l’inflation et le prix de l’or était nulle fut en 1995, 2003, 2007, 2010 et 2015. Ces dates correspondent généralement à des phases d’accumulation qui ont précédé une seconde accélération haussière du cours de l’or. Cela renforcerait l’hypothèse que l’or pourrait idéalement entrer dans une phase d’accumulation.
Entre 2018 et 2020, la corrélation observée entre l’or et l’inflation fut effectivement négative. Alors que l’inflation stagnait, le prix de l’or a fortement augmenté. En effet, le prix de l’or ne suit pas mécaniquement le sens de l’inflation mais plutôt le niveau des prix. Pour rappel, l’inflation correspond à la variation du niveau des prix. En cela, l’inflation est bénéfique à l’or s’il s’agit essentiellement d’une inflation structurelle de long terme. Pour l’heure, la hausse de l’inflation se fait à court terme mais devrait profiter à l’augmentation durable du niveau des prix dans l’avenir.
Performances de l’or
Depuis 1960, alors que le standard or était encore en vigueur, la performance mensuelle de l’or est de l’ordre + 0,6 % par mois. C’est-à-dire l’équivalent de + 7,5 % par an. Cette performance annuelle dépasse même + 13 % si l’on considère les données depuis 1971. En outre, la volatilité annualisée enregistrée sur l’or entre 1960 et 2018 sur le cours de l’or s’élève à + 16 %. Cette volatilité très faible et très inférieure aux actions (volatilité moyenne du S&P 500 de 25 % par an environ). Cela traduit le fait que l’or est effectivement caractérisé par sa stabilité. La présence de variations limitées du cours de l’or est un argument très favorable à celui-ci.
Ainsi, après une performance de plus de 25 % en 2020, l’or est resté globalement stable en 2021. Désormais, cette performance demeure encore nulle en 2022.
En conclusion
En bref, deux hypothèses se confrontent. La première consiste à dire que l’inflation ne s’est pas (encore) transmise aux prix de l’or. La deuxième hypothèse consiste à considérer que l’or est un actif stable. Dès lors, même durant les stagflations et la moindre performance de la plupart des actifs, l’or reste un actif défensif pour sa stabilité.
En effet, l’or est un actif qui profite généralement de la baisse des taux, alors que la hausse des taux est plus insensible pour l’or. Cela illustre une propriété intéressante en temps de forte inflation et de politiques plus restrictives : l’or conserve sa stabilité durant l’instabilité des marchés monétaires.