Comme nous l’avons vu dans le précédent article (INFLATION : Parlons simple pour poser le concept – Youtrading FR), les prix augmentent en conséquence d’une augmentation de la masse monétaire.
Mais cette masse monétaire en expansion entraine une forte demande de la part des agents économiques qui profiteront de cette augmentation.
On en vient à un autre facteur de la hausse des prix : l’offre et la demande.
Quand le sud de l’Europe est touché par la sécheresse, le prix de l’huile d’olive augmente dans les supermarchés partout en Europe. Le prix des hébergements à Londres et dans le sud de l’Angleterre a flambé au moment des Jeux Olympiques. Si vous réservez vos billets de train ou d’avion longtemps à l’avance, vous paierez moins cher que si vous réservez quelques jours avant votre départ. Lorsqu’une guerre éclate au Moyen-Orient, le prix du pétrole augmente en Europe. Lors du Festival de Cannes, les prix des hôtels alentours flambent. Ainsi, selon Trivago.fr (2016), « les voyageurs qui veulent séjourner à Cannes durant le festival devront payer 390 euros en moyenne pour une nuit d’hôtel. C’est 236 euros de plus (soit +153%) qu’en temps normal où la même prestation coûte environ 154 euros »
Qu’est-ce que ces événements ont en commun ? Ils révèlent tous l’action de l’offre et de la demande, les deux forces qui animent les économies de marché. Elles déterminent la quantité produite de chaque bien ou service et le prix auquel il sera vendu.
Précisons qu’un bien est un produit matériel et stockable (par exemple : un smartphone, une trottinette, une imprimante 3D), tandis qu’un service est un produit immatériel et non stockable (par exemple : un cours de conduite dans une auto-école, une consultation chez le médecin ou une coupe de cheveux).
Revenons aux termes d’offre et de demande : ils font référence au comportement des individus en interaction au sein des marchés. Un marché est défini par un groupe d’acheteurs ou de vendeurs d’un bien ou d’un service particulier. Le groupe des acheteurs détermine la demande pour le produit et le groupe des vendeurs l’offre d’un produit. Il est important de comprendre que le niveau de l’offre, comparativement à la demande, et inversement, à des conséquences sur le niveau des prix.
Ainsi, typiquement, si la quantité offerte est supérieure à la quantité demandée, le prix aura tendance à baisser. Par exemple, des producteurs de betterave du Calvados ou du Nord, découragés par l’interdiction de certains produits phytosanitaires, se sont rabattus sur des productions légumières identiques à celles qui sont cultivées dans la Manche, d’où une probable offre supérieure à la demande actuelle et des prix qui plongent comme celui des carottes ou des poireaux dans la Manche (premier producteur de carottes, poireaux et navets).
Inversement, si la quantité demandée est supérieure à la quantité offerte, le prix aura tendance à augmenter.
Ainsi, on constate aujourd’hui que le prix de nombreux produits (comme les pâtes) repart à la hausse. Cela peut s’expliquer très simplement. Le Canada, premier producteur de blé dur, la seule matière première des pâtes alimentaires, a souffert de la sécheresse. Par conséquent, les récoltes sont beaucoup plus faibles que d’habitude, d’où une flambée des prix mondiaux.
En France, le marché a été lui aussi durablement affecté par une météo défavorable (pluies abondantes pendant la floraison et la moisson), réduisant l’offre de blé dur français pour faire des pâtes alimentaires. Ainsi, la demande de blé dur étant inférieure à l’offre, les prix ont donc mécaniquement augmenté et le consommateur le ressent quand il achète ce produit. Le prix du café devrait lui aussi augmenter à cause de mauvaises récoltes au Brésil, à la suite des gelées exceptionnelles de cet hiver.
Quant à la hausse actuelle des prix des carburants, elle s’explique par les perspectives de la reprise économique qui fait s’envoler la demande mondiale de pétrole ainsi que les tensions en Libye et au Kazakhstan. Sans parler de celles en Ukraine…
En conclusion, l’offre, la demande et les prix sont liés.
L’inflation des prix passe aussi par là. Mais la masse monétaire n’est pas étrangère au phénomène puisque son augmentation ne fait pas que déprécier la monnaie relativement aux biens et services, elle fait aussi augmenter la demande et donc les pressions sur les prix des biens et services.
Précisons qu’une baisse des prix régulière et continue (ce qu’on nomme la déflation) est une fausse bonne nouvelle car le consommateur, voyant que les prix baissent, reportera à plus tard ses choix dans l’espoir que les prix baissent encore davantage, ce qui malheureusement bloque la consommation, la production et, finalement, toute la machine économique.
Jean-David Haddad