Bilan Hebdomadaire
La semaine passée a été énorme au niveau macroéconomique. Se concentrer sur les chiffres les plus importants sans oublier l’ensemble des données de ces derniers sera le difficile exercice de cet article. Voici les chiffres de la semaine dernière (en 3 parties, tellement c’est vaste):
Malgré le weekend rallongé, c’est dès lundi que les Américains ont ouvert le bal avec les chiffres de l’indice PMI manufacturier de l’ISM. Même si celui-ci n’est pas flamboyant, eh bien il remonte. Vous verrez que, finalement, tout au long de la semaine, aucun chiffre particulièrement négatif n’a été constaté. Nous sommes donc toujours, en tout cas dans ces colonnes, dans le scénario le plus probable d’une absence de crise mais de l’apparition d’un ralentissement économique. Toutefois, vous verrez que les nuages menaçants pointent le bout de leur nez…
Mais de quels nuages parle-t-on? Eh bien j’ai envie de vous dire que cela commença dès mardi dernier avec la Reserve Bank of Australia qui a pris par surprise les marchés en passant une hausse de taux de 25 points de base. La semaine des révisions de taux d’intérêt commençait mal.
Mais les marchés ont fait fi de la nouvelle car certainement trop éloignée du vieux continent et des États-Unis. Pourtant il y a beaucoup à dire sur le sujet. Ainsi, ce mardi, les marchés se sont concentrés sur des chiffres provisoires de l’inflation européenne qui ont été mauvais mais parfaitement cohérent puisque l’effet du prix du pétrole a été un élément important dans la stagnation du niveau de l’inflation. Ainsi, les chiffres du mois d’avril ne seront pas déflationnistes. Je suis beaucoup plus positif concernant le mois de mai (pour le moment).
C’est dans l’après-midi que les Américains ont sorti le très attendu rapport JOLTS. Une statistique très regardée par les banquiers centraux américains. Le chiffre est sorti très négatif en insufflant l’idée que le ralentissement économique est bien en train de se mettre en place. Il faut dire que sur ce sujet-là il y a beaucoup d’indicateurs qui nous indiquent quand même que cela va ralentir assez fortement. Vous verrez que la FED n’en a eu que faire.
C’est donc mercredi que la plus grande décision de la semaine était attendue. Je parle bien sûr de la décision du FOMC sur le niveau de ses taux d’intérêt directeur. Ici, dans ces colonnes, j’avais clairement dit que je ne comprendrais pas une nouvelle hausse de taux et j’avais logiquement anticipé une stagnation sur ce sujet-là. Hélas, il n’en a rien été alors que les indicateurs sont clairement orientés vers un ralentissement économique. La Fed s’appuie notamment sur les chiffres de l’emploi qu’elle veut absolument réduire puisqu’elle considère que la tension sur le marché du travail est la principale cause de l’inflation. Alors évidemment, ce n’est pas tout à fait faux. Mais, en continuant cette hausse permanente de taux, je crains que le médicament soit plus violent que le mal lui-même (l’inflation) dont je vous rappelle que le premier responsable est la Fed et ses erreurs de 2021. Je me demande si ce n’est pas la goutte d’eau qui vient de faire déborder le vase. Je me demande si les banques centrales, et notamment la banque centrale américaine, ne viennent pas de faire une erreur fatale. Ces hausses de taux continuelles risquent de faire péter violemment quelques bulles résiduelles qui affaibliront clairement le système bancaire américain, et par la même occasion la stabilité financière du pays. Je pense bien sûr à la bulle immobilière, notamment la partie commerciale. Il est dorénavant raisonnable de considérer le sujet non pas comme un cygne noir mais comme un risque important.
C’est jeudi que la Banque Centrale Européenne a emboîté le pas des Américains. Autant vous pouvez me dire que nous sommes tout le temps suiveur, autant il y avait des arguments pour continuer la hausse des taux.
Ce qu’il faut retenir concernant les deux banques centrales les plus importantes du monde est qu’ils considèrent que l’inflation est toujours importante. toutefois il y a une grande différence dans la sémantique entre américains et européens. Dans le premier cas, on est face à une fin des hausses quand, dans le second, on annonce clairement la continuation de ces augmentations.
Je le dis et je le répète depuis 2 ans. La faute inexcusable des autorités monétaires de la fin 2021 sera, peut-être, la plus grande erreur de ces 15 dernières années. Refuser de diagnostiquer le démarrage de l’inflation à ce moment-là a provoqué un retard catastrophique dans la réaction des banques centrales. Le démarrage de la hausse des taux n’a eu lieu qu’au début de l’été 2022 avec une violence proportionnelle à la panique qui s’est instaurée à ce moment-là. C’est ainsi qu’en à peine un an les taux américains sont passés de 0% à plus de 5%. Voilà comment nous en sommes arrivés à la crise bancaire et certainement dans les semaines à venir à une crise immobilière. Bravo Mesdames Messieurs, vous avez été formidables d’incompétence. Une mauvaise conjonction à ce moment-là risque d’envoyer le monde dans un cycle récessif violent. Même si je pense que ce n’est pas réellement possible tant que l’emploi résiste, il ne faut tout de même pas être aveugle pour se rendre compte que nous marchons à côté du ravin et que nous nous en rapprochons très dangereusement. La moindre erreur et nous tombons.
Vous auriez pu penser que vendredi ce serait terminé calmement? Vous vous trompez, la statistique la plus importante du début du mois était attendue à 14h30 heure de Paris: le NFP. J’avoue avoir été surpris par le niveau important de cette statistique. Il apparaît maintenant une forte distorsion entre les offres d’emploi et les créations. Les premières sont fortement baissières et les secondes toujours fortement dynamiques. J’attends de pied ferme que le NFP des mois suivants en boîte le pas du rapport JOLTS.
Perspectives macro-économiques pour les jours à venir
Pour ce qui concerne cette semaine, le programme sera beaucoup plus modéré même si des rendez-vous importants nous sont proposés. Voici le programme de la semaine:
Après un lundi sans intérêt vu les festivités plus ou moins importantes du 8 mai selon les régions du globe, c’est seulement mercredi que nous aurons rendez-vous avec la macroéconomie et les chiffres de l’inflation américaine. Une pause dans la désinflation est attendue, elle me semble évidente vu les indicateurs constatés lors du mois d’avril.
Alors que l’Europe sera quasiment absente cette semaine, c’est la Grande-Bretagne qui animera la fin de celle-ci. Ainsi, jeudi, la Banque d’Angleterre annoncera probablement une nouvelle hausse de ces taux d’intérêt directeur. C’est vendredi qu’elle clôturera la semaine avec ses chiffres du PIB.
Bonne semaine macroéconomique à tous.