Bilan Hebdomadaire
Après un lundi totalement vide concernant les statistiques économiques, la semaine passée a été riche d’enseignement. Certains chiffres ont retenu toute notre attention. Nous chercherons, dans cet article, à les interpréter pour des arbitrages judicieux dans nos portefeuilles d’investissement. Voici les chiffres de la semaine passée:
La semaine macroéconomique a débuté avec les chiffres des PMI chinois dans la nuit de mardi à mercredi dernier. Sans grande surprise, l’Empire du Milieu suscite une réelle inquiétude. La reprise économique est molle, voire très molle. Face à cette situation, je formule une hypothèse sur ce nouveau phénomène qui se présente à nous : la Chine ne suscite plus l’attrait qu’elle avait autrefois. Ainsi, il semblerait que l’industrie mondiale, dans le cadre de cette politique zéro covid (totalement ubuesque), ait trouvé des alternatives aux comportements erratiques de cette puissante industrie. Les retards de livraison, les bateaux en attente de cargaison, les usines à l’arrêt suite aux lubies d’un dictateur asiatique ont conduit l’industrie occidentale, voire le monde entier, à rechercher d’autres fournisseurs plus fiables, stables, récurrents, proches et réactifs. En somme, la Chine est en train de payer le prix de ses erreurs stratégiques, et je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine satisfaction en voyant ces industries européennes qui pleuraient autrefois des commandes et qui ont clairement revu leur schéma d’approvisionnement. La relocalisation continue de marquer des points.
Un autre événement a fortement marqué la journée de mercredi. Les chiffres de l’inflation dans plusieurs pays européens ont été largement revus à la baisse. Dans mes précédents écrits, je soulignais déjà l’urgence de faire baisser rapidement l’inflation. C’était la conclusion de mon exposé sur les nombreux risques qui pèsent dangereusement sur l’économie mondiale. Vœux exaucés!!! Tant mieux. La mécanique est simple à comprendre : la hausse des taux d’intérêt correspond à une augmentation du coût de l’argent. Cette hausse a pour conséquence immédiate une diminution significative des investissements dans tous les secteurs de l’économie mondiale. Ces hausses des taux d’intérêt étaient indispensables pour freiner le phénomène inflationniste que les banques centrales ont nié en 2021. Mais voilà, l’impact de ces augmentations de taux n’est pas immédiat sur l’économie réelle, mais se manifeste avec un certain délai.
C’est pourquoi, à maintes reprises, j’ai souligné que la grave erreur date de 2021. La hausse des taux n’a été initiée qu’en juin 2022 avec un retard d’au moins 6 mois. Nous payons aujourd’hui ce retard de 6 mois. Si l’inflation n’avait pas montré de signe évident de ralentissement dès ce printemps, il aurait été clair que nous aurions dû faire face à de nouvelles hausses de ces fameux taux alors que le ralentissement économique est déjà en cours. Ce scénario est appelé la stagflation, et nous en sommes proches. Ainsi, la forte baisse des chiffres de l’inflation dans l’ensemble du continent européen est une bonne nouvelle, voire une très bonne nouvelle. Bien que seule la statistique allemande soit présentée dans le tableau ci-dessus, cette tendance est la même dans tous les pays importants de la zone euro.
Ce mercredi a également été marqué par la publication de la première statistique sur le chômage américain, le fameux rapport JOLTS. Je dois avouer avoir été surpris par la persistance impressionnante de la vigueur économique américaine qui continue de proposer de nouveaux emplois. Depuis des mois, notre scénario privilégié dans ces colonnes était celui d’un ralentissement économique accompagné d’une augmentation très peu significative du taux de chômage. En dépassant la barrière symbolique des 10 millions d’offres d’emploi sur le mois de mai, le rapport JOLTS repousse toute idée de déclenchement d’une crise économique à plus tard. Vous constaterez que les chiffres publiés tout au long de la semaine confirment cette tendance.
Jeudi matin, ce sont les chiffres des pays européens qui nous ont interpellé. La situation sur la partie manufacturière est toujours aussi tendue même si les chiffres apparaissent en vert (ce qui signifie qu’ils sont un peu moins mauvais que ce que prévoyait le consensus des analystes). La situation reste donc étriquée voire dangereuse.
Pour confirmer les chiffres de mercredi sur l’inflation des différents pays européens, les IPC de la zone euro se sont avérés fortement baissier. Je tiens à signaler que c’est l’ensemble des variables de cette statistique qui sont à la baisse que ce soit la partie conjoncturelle ou structurelle. Et c’est vraiment une bonne nouvelle. Mais ne l’ai je pas déjà dit un peu plus haut.
Le jeudi est aussi le jour traditionnel de sortie de l’enquête ADP concernant la création d’emploi aux États-Unis. Le chiffre est sorti particulièrement positif. Mais, il est préconisé de toujours attendre la confirmation des chiffres du NFP du vendredi. Et devinez quoi: la confirmation a bien eu lieu. Avec un chiffre de 339 000 créations alors que le consensus prévoyait 180 000, on peut simplement dire que les chiffres tiennent et qu’ils tiennent avec vigueur. On repassera pour la crise économique tant espérée par certains. Notre scénario du “No landing” (que nous avons mis en avant il y a maintenant 6 mois) est toujours celui qui prévaut. Même si, il faut bien l’avouer, nous passons par quelques sueurs froides).
En nous attardant sur la statistique des salaires moyens aux États-Unis, on constate que la hausse est inférieure au consensus et en diminution. Une statistique dont on parle très peu ici mais qui est très importante puisqu’elle est la révélatrice (ou pas) d’une inflation structurelle. Les économistes sont particulièrement attentifs à ce chiffre car il craignent toujours, dans les cas inflationnistes, la fameuse boucle prix-salaire. Ainsi, de manière académique, ils vous diront que l’inflation n’existe pas actuellement puisqu’elle n’a pas de caractère “auto-alimenté” et n’a donc pas vocation à perdurer dans le temps. Il est vraiment souhaitable que ce soit le cas… sinon…
Perspectives macro-économiques pour les jours à venir
Pour ce qui concerne cette semaine, le programme sera de nouveau modéré quantitativement même si des rendez-vous importants ne devront pas être manqués. Voici le programme de la semaine:
Voilà un bout de temps que le lundi était plutôt calme, et cette fois-ci c’est peut-être ce jour qui sera le plus important de la semaine.
Ainsi nous y découvrirons rapidement les chiffres des PMI “service” britanniques et américains pour la période de mai. Mais, la statistique la plus importante à surveiller est certainement celle de l’indice PMI non manufacturier de l’ISM aux États-Unis.
À la suite de ces chiffres peu de choses à se mettre sous la dent tout au long de la semaine si ce n’est quelques statistiques australiennes et quelques décisions canadiennes. En effet, la Banque centrale du Canada décidera (ou pas) d’une stabilisation des taux ce mercredi. Ça ce sera aussi le cas de la banque centrale indienne ce jeudi. Et oui, nous avons intégré depuis peu la surveillance des statistiques du subcontinent indien. C’est maintenant le pays le plus peuplé du monde et il sera rapidement le pays qui apportera le plus de croissance à la planète. Bonne semaine macroéconomique à tous.