Bilan Hebdomadaire
Début de semaine sino-européenne rassurante pour les macro-économistes, fin de semaine beaucoup modéré sur les USA, voici les chiffres importants de la semaine passée:
La semaine macroéconomique a été marquée par un début particulièrement rassurant sur l’état de la santé économique de la Chine. Ainsi tous les consensus ont été largement battus, le pessimisme était trop fort. Alors il faut effectivement toujours être méfiant des chiffres de l’Empire du Milieu mais il faut bien avouer que le marché comme d’habitude ne considère pas la mauvaise fiabilité d’une statistique mais la différence entre ce que l’on attendait et ce qu’il se passe, même si on peut être très douteux des chiffres chinois. Mais ce sujet est un serpent de mer depuis des années.
Par ailleurs les autorités chinoises ont annoncé qu’un retour au rythme de croisière autour des 5 à 6 % de croissance annuelle allait être retrouvé assez rapidement. Là aussi le doute peut dominer toutes nos pensées. Mais le marché achète. Le marché achète la Chine et le meilleur indice chinois du monde est le CAC 40. Alors oui, il est bien français ce CAC40. Mais quand on voit l’influence chinoise sur les résultats de nos majors du luxe et des alcools. Sincèrement, l’indice le plus intéressant et le moins dangereux est bien notre Cacounet national. Ainsi LVMH, Hermès, Kering, L’Oréal, Rémy Cointreau (pas au CAC40) et même Pernod-Ricard nous ont tous fait un début d’année tonitruant à tel point que le CAC40 avec les dividendes réinvestis, le trop méconnu CAC40GR, a effleuré ses sommets historiques durant la semaine.
En Allemagne, mardi dernier, les chiffres de l’inflation ont enfin entamé la redescente de ces monts himalayesque. J’ai presque envie de dire que, mécaniquement, l’indice ZEW du sentiment économique allemand ne pouvait que se redresser, ce qu’il a fait dans la foulée. Pour rappel, l’indice allemand ZEW (Zentrum für Europäische Wirtschaftsforschung) exprime le sentiment du monde des affaires sur leurs perspectives économiques dans les six prochains mois. Un niveau au-dessus de zéro est signe d’optimisme. Un indice en-dessous de zéro est signe de pessimisme. Cet indicateur est compilé à partir d’un sondage effectué auprès d’environ 350 investisseurs industriels et analystes allemands. Ainsi, nous sommes repassés au-dessus de 0… Tout va bien finalement.
Mercredi, la Banque du Japon (BoJ) a laissé sa politique monétaire inchangée, y compris le plafond de rendement des emprunts d’Etat japonais (JGB) à dix ans, allant à l’encontre des attentes du marché qui anticipait l’annonce d’un arrêt progressif de sa politique de relance massive sur fond de pressions inflationnistes croissantes. Cette décision surprise a fait chuter le yen et les rendements obligataires nippons qui avaient profité des spéculations sur une révision de la politique de contrôle des taux de la banque centrale. Pour sa première réunion de l’année, la BoJ a donc décidé à l’unanimité de maintenir l’objectif des taux à court terme à -0,1% et de contenir le rendement des obligations d’Etat à dix ans autour de zéro. Doit-on s’étonner encore de l’immobilisme nippon. L’immobilisme de la BoJ étant maintenant un label déposé. La surprise de décembre était donc bien l’exception et non pas encore la nouvelle règle macro-économique japonaise.
C’est alors que les stats américaines ont commencé à sortir. Et on a été déçu. Semaine précédente, on avait précisé qu’il fallait faire très attention aux chiffres des ventes de détails vu que c’était les chiffres de décembre et donc ceux des fêtes de fin d’année. Décevant, en dessous du consensus, la réaction du marché a été immédiate et très claire. Le soir-même, tous les indices américain perdaient entre 2 et 3%. Ici, vous avez compris que c’est bien la consommation américaine qui est clairement l’indicateur le plus sensible à l’éventuelle annonce de récession économique sur le continent américain. Voilà pourquoi, je suis en grande surveillance sur ces chiffres beaucoup plus que les PMI industriels.
Le lendemain, jeudi, étonnamment, les marchés européens ouvraient sans conviction jusqu’à ce que Christine Lagarde nous fasse un discours assez agressif sur l’inflation et en même temps rassurant sur les chiffres de l’éventuelle récession européenne qui, selon elle, ne serait que faiblarde. C’est ma position, ici, depuis des mois. Et j’en remets une couche, je maintiens mon scénario du “No-landing” toujours comme étant mon principal sauf événement impactant supplémentaire sur la planète. Les marchés européens décidèrent, alors, de rejoindre les américains en perdant quelques plumes.
Vendredi les chiffres de l’immobilier américain ni bon ni mauvais ont rassuré les marchés. Ainsi Wall Street décida de repartir de l’avant en toute fin de semaine malgré un rebond des taux d’intérêt sur le 10 ans après leur fléchissement durant la semaine. Même constat sur le 2 ans US.
Perspectives pour les jours à venir
Cette semaine, le nouvel an chinois laissera les marchés asiatiques plus ou moins calme:
Mais pour le reste du monde, il faudra faire attention tout d’abord et dès mardi aux PMI des deux côtés de l’Atlantique. Mercredi, on verra si des Allemands confirment leur renouveau par l’indice IFO, indicateur, lui aussi, du climat des affaires outre-rhin.C’est là que les Américains sortiront les chiffres les plus importants de la semaine. Le premier est jeudi avec les commandes de bien durable et les ventes de logement neuf (eh oui, toujours la consommation). Vendredi, on surveillera aussi le PCE US. Et on gardera surtout un œil sur Christine Lagarde qui a pris la fâcheuse habitude de faire réagir négativement les marchés depuis quelques semaines maintenant.
Un dernier point d’intention est tout de même à signaler avant de clôturer cet hebdo macro. En effet, commence, ces prochains jours, la saison des résultats des entreprises. C’est effectivement de la microéconomie. Mais voir si les entreprises réussissent toujours à dégager des bénéfices en progression est surtout un indicateur très important pour la macroéconomie malgré toutes les alertes qui semblent apparaître sur ce sujet. Ainsi, attention à la volée de “profit warning” qui risque de tomber dès ce début d’année 2023.
Bonne semaine macro-économique à tous.