Bilan Hebdomadaire
Semaine macroéconomique fortement perturbée par les problèmes bancaires aux Etats-Unis. Les craintes inflationnistes se confirment en Europe mais rassurent aux US. Voici les chiffres de la semaine :
La dernière semaine macroéconomique n’a donc commencé que mardi dernier. Toutefois, lundi, c’est le président américain qui a rassuré sur la crise bancaire qui se déroule actuellement aux États-Unis. Il faut bien avouer qu’il a bien réussi son examen de passage vu le comportement des marchés américains durant toute la semaine dernière.
Mais il faut bien avouer que ces mêmes marchés ont été bien aidés aussi par les premiers chiffres de la semaine : l’inflation américaine plus connue sous le nom d’IPC. Ils ont été bons, même très bons.
Au vu du graphique proposé ci-dessus, on voit que les tendances que l’on ressentait depuis quelques mois se confirment au fur et à mesure du temps. Ainsi, en décortiquant le chiffre brut de l’inflation américaine par secteur, on constate que nous sommes proches de la déflation concernant la part “énergie” de la statistique mais aussi de la part “industrie”. C’était annoncé depuis quelques semaines sur ce même média. Et il est fort probable que nous rentrions en déflation sur la partie “énergie” dès le mois prochain vu la chute des cours du pétrole que nous vivons actuellement. Pour la part des “biens” ou “industrie”, je m’étonne de voir tout le monde voir le redémarrage de la Chine comme une source inflationniste. C’est clairement un retour d’une abondance de produits dans les étales… Pour moi, c’est plutôt annonciateur d’une future désinflation sur cette partie de l’inflation US.
Concernant la partie alimentaire en jaune sur le graphique, vous percevez qu’il n’y a pas de détente à l’heure actuelle sur les chiffres de l’inflation “alimentaire”. Il est fort probable que cela ne tarde pas à baisser vu que des indicateurs avancés nous annoncent une détente continuelle sur le prix des matières premières agricoles.
Naturellement, le point noir actuel est la part des “services” qui semble ne pas vouloir diminuer mais plutôt continuer à augmenter. Elle reste très structurante dans la construction de l’inflation des mois suivants.
Ainsi, nos anticipations concernant les futurs chiffres de l’inflation américaine sont toujours les mêmes. Nous allons continuer à constater une diminution de l’inflation dans les prochains mois. Toutefois, pas de retour à la normale à attendre tant que la part “service”, en bleu sur le graphique, sera toujours aussi inflationniste. Je ne vois donc pas l’inflation retombée autour de 2% avant longtemps, il semble qu’il y ait des anticipations pour un 2,9. Je serai plutôt partisan d’un 3,5 à 4% vu les chiffres actuels à l’horizon de la rentrée prochaine voire fin d’année 2023.
Ceci étant dit, nous pouvons anticiper l’idée que la Fed a fait le gros de sa hausse des taux d’intérêt. Nous sommes très proches de l’arrêt de la hausse de ces mêmes taux. Vous ne lisez pas ici un arrêt de la hausse des taux d’intérêt aux États-Unis car je me réfère toujours à ce que dit Jérôme Powell . Et il a clairement dit qu’il n’avait pas terminé avec les hausses de taux d’intérêt. Ainsi, on peut largement anticiper l’idée qu’une hausse de 25 points de base à la prochaine réunion de la Fed soit la décision qui sera prise (semaine prochaine).
Mercredi les chiffres des IPP ont confirmé cette tendance avec une accentuation de la détente sur les prix à la production. Ainsi, le consensus a largement sous-estimé ce retour à la normale puisqu’elle avait pensé à un chiffre autour de 0,3%. Le chiffre définitif est tombé à -0,1%. L’écart étant très substantiel avec le consensus, les indices américains sont tous partis vers le nord (jargon de trader pour indiquer une hausse des cours de bourse).
C’est jeudi que l’Europe est entrée en scène avec la décision de la Banque centrale européenne sur les taux d’intérêt directeur. Nous avions exprimé, la semaine passée, que Christine Lagarde était obligée de passer 50 points et rien d’autre… C’est exactement ce qu’elle a fait. Elle n’avait vraiment pas le choix parce que le chiffre qui tombera le lendemain explique tout…
Vendredi, c’était donc le chiffre des IPC européens… 8,5 %, Le chiffre était attendu, il n’a donc pas surpris les marchés. Mais vous comprenez mieux pourquoi Christine Lagarde n’a eu pas le choix de monter ses taux d’intérêt. Nous restons tout de même sur un écart entre l’inflation européenne et les taux d’intérêt directeur européen extrêmement substantiel puisqu’il est de 5 %. Vu que nous sommes “à la bourre” par rapport aux américains, dites-vous bien que nous n’en avons pas fini avec la hausse des taux d’intérêt en Europe.
Pour les amateurs de choix d’allocations géographiques, il semble évident que la part belle doit être donnée aux États-Unis et non pas à l’Europe. USA are back… Surtout quand on voit le chiffre du bilan de la Fed qui a fortement remonté de 300 milliards de dollars la semaine dernière suite à la crise bancaire. Les graphiques des indices boursiers européens et américains sont extrêmement clairs sur la situation.
Perspectives macro-économiques pour les jours à venir
Pour ce qui concerne cette semaine, le programme est chargé. Il faudra être attentif aux statistiques qui sortiront mais aussi à la réaction des marchés suite aux nouveaux chiffres qui seront proposés. Voici le programme de la semaine:
Le clou de la semaine sera évidemment ce mercredi avec la décision de la Banque centrale américaine sur ses taux d’intérêt. Le consensus penche pour une augmentation de 25 points de base. Et comme je vous le disais plus haut, je suis tout à fait d’accord avec cette optique. Il ne faut toutefois pas rejeter l’idée que la FED décide de maintenir ses taux à 4,75 %. Mais franchement, je n’y crois pas. Par contre, il est possible que Jérôme Powell annonce des choses très intéressantes sur le timing de son pivot. Et là je peux vous dire que, si c’est le cas, il ne faudra pas hésiter à acheter de l’américaine.
Comme à son habitude, jeudi, c’est la BoE qui enchaînera avec sa propre décision de hausse de taux qui semble aussi aller vers 25 points de base supplémentaires.
Évidemment que l’on n’occultera pas les autres statistiques telles que le ZEW allemand de mardi, les permis de construire aux US de jeudi, les PMI de certains pays européens de vendredi ou encore les commandes de biens durables US de ce même jour. Mais il est vrai que c’est bien mercredi soir que l’on attendra tous.
Bonne semaine macroéconomique à tous.