Bilan Hebdomadaire
Alors que la semaine dernière semblait être une semaine charnière voire même dangereuse concernant les statistiques macro-économiques, les résultats ont été finalement conformes aux attentes et n’ont donc provoqué aucun mouvement particulier sur les marchés. Toutefois les chiffres annoncés restent particulièrement riches d’enseignements. Certaines données ont retenu toute notre attention. Nous chercherons, dans cet article, à les interpréter pour des arbitrages judicieux dans nos portefeuilles d’investissement. Voici les chiffres de la semaine passée:
Il est maintenant traditionnel de commencer la semaine au ralenti. Lundi dernier n’a donc eu aucune donnée particulièrement importante à nous transmettre.
C’est mardi que les choses sérieuses ont commencé. Comme nous l’avions vu dans l’hebdo de la semaine dernière, c’était la journée à ne pas manquer. En effet, la salve de chiffres sur l’inflation en Europe et aux États-Unis avait toute son importance à la veille des décisions des banques centrales américaines et européennes. C’est ainsi qu’il me semblait évident que des statistiques sur les IPC, bonnes ou mauvaises, allaient provoquer des mouvements importants sur les marchés financiers.
Mais voilà il n’en fut rien. L’ensemble des statistiques fut conforme au consensus à quelque chose près. Même si dans ces colonnes nous avions anticipé des chiffres inférieurs aux attentes, et c’est techniquement ce qu’il s’est passé, il faut bien avouer que nous avons été un petit peu anticipateurs de chiffres encore plus baissiers.
D’abord, techniquement, et notamment chez l’Oncle Sam, les chiffres sont sortis légèrement inférieurs aux attentes. L’IPC annuelle est maintenant à 4%, alors que le consensus attendait 4,1. La seule chose à retenir est que nous avons connu une baisse non négligeable de l’inflation américaine puisque nous venons de 4,9% d’inflation le mois dernier ( sur 12 mois glissants). Mais il faut bien admettre que j’avais été un poil trop optimiste en suggérant l’idée que nous serions encore plus bas que 4%. J’étais plutôt dans l’idée d’un 3,8. On verra le mois prochain si on y arrive.
Car il faut retenir de ces IPC que nous avons enfin une modération voire un infléchissement, dont nous avons déjà fait état dans ces hebdos, des prix sur la partie “service”. On peut déjà avancer que le mouvement est enclenché et qu’il va perdurer durant l’été. Cette partie de la statistique sur l’inflation est stratégique vu qu’elle représente la partie structurelle, et non pas le volet conjoncturel de l’IPC US (alimentation et énergie). En bref, c’est le scénario idéal pour la banque centrale américaine. Les marchés savaient déjà ce que Jérôme Powell allait dire le lendemain.
Pour l’Europe, même constat, même si le mouvement de désinflation se met en route sur le vieux continent, il faut bien avouer que l’interventionnisme de certains Etats en distribuant de l’argent tout azimut à leurs populations respectives a été ultra-improductif dans le combat que l’on doit mener contre cette inflation galopante. Ainsi, nous voyons des pays très haut perché encore à ce jour. La Suède, l’Allemagne et, finalement, aussi la France en tête des Etats “vilains petits canards”. À l’autre bout du classement, je pense notamment à l’Espagne qui est revenu dans des standards beaucoup plus acceptables en ne se pervertissant pas à ce que l’on peut appeler vulgairement de “l’hélicoptère-money” (Concept suggérant une injection monétaire directe par des dons pécuniaires aux populations sans contrepartie). Il sera intéressant de faire le bilan de l’utilisation de cette nouvelle forme de création monétaire et des conséquences graves qu’elle a provoqué depuis 2020, tout en étant conscient de ce qu’elle a permis d’éviter aussi (Objet d’un nouvel article au vitriole sur Youtrading? Oui peut-être).
Voilà comment l’Allemagne est toujours au-dessus de 6% d’inflation, la France au-dessus de 5 et, beaucoup plus grave, la Suède très proche des 10. A côté de cela, on voit les États-Unis à 4 et un pays comme l’Espagne très proche des 3%. Il ne faut pas s’étonner que Christine Lagarde ait été particulièrement agressive à l’encontre des gouvernements européens et de leur politique irresponsable d’arrosage des populations. La conséquence immédiate, et que nous avons déjà longuement expliquée dans ces colonnes, est que la BCE est condamnée à remonter ses taux encore et encore. En effet, les conséquences court termistes des uns provoquent des décisions beaucoup plus long terme de l’autre. Doit-on rappeler que chaque billet donné à un habitant sans contrepartie provoque le creusement du déficit de l’État en question, et une augmentation inconsidérée de la charge de la dette à cause de la hausse des taux qui a été provoquée par ce même État irresponsable et bien trop politisé et court-termiste? Ça coûtera cher un jour, très cher surtout si, en période faste, il n’est pas appliqué des réductions importantes des déficits étatiques.
Mercredi, les Américains enfoncaient le clou avec la statistique sur les IPP (l’inflation du côté des producteurs) qui s’est avérée être en forte baisse: -0,3% au lieu de -0,1%. Vous comprendrez pourquoi les marchés sont restés d’une sérénité totale dans l’attente de la décision de la FED qui semblait totalement évidente: l’arrêt de la hausse des taux d’intérêt directeur. C’est ainsi qu’il n’a pas été surprenant de voir la nouvelle tombée. De notre côté, dans ces colonnes, j’avais eu la sincère conviction que cela devait arriver à la réunion du FOMC précédente. Finalement, macro-économiquement, cela n’a pas eu d’impact conséquent, tant mieux (on attendra tout de même l’ensemble des statistiques de mai pour entériner cette affirmation). Par ailleurs, il ne fallait surtout pas s’inquiéter du discours hawkish du président de la Banque centrale américaine… c’est une habitude de ménager la chèvre et le chou dans la situation que nous connaissons actuellement. Ne croyez pas que Powell ne regarde pas le niveau des marchés boursiers, il savait qu’il pouvait en remettre une couche sans retourner les marchés financiers. Bien vu, j’applaudis.
Jeudi fut d’abord le jour de la décision de la Banque centrale européenne de remonter ses taux de 0,25 point. Nous ne reviendrons pas sur cette décision qui est totalement logique, nous venons de nous exprimer plus haut sur ce sujet.
Ce qui est à noter pour ce jeudi est plutôt la persistance chinoise à un redémarrage poussif de son économie. Ainsi, une nouvelle statistique médiocre est sortie dans la nuit: la production industrielle n’a progressé que de 3,5% pour un consensus prévoyant 3,8 alors que le chiffre précédent était au niveau de 5,6%. La réaction du PCC ne se fera pas attendre, croyez-moi.
C’est avec ces données que l’on voit bien que le ralentissement économique mondial est bien présent puisque ce même jour les Américains ont donné des statistiques sur les ventes au détail plutôt mollassonnes. La consommation américaine souffre mais elle ne rompt pas. Jusqu’à quand vu la baisse de l’encours d’épargne des Américains?
La semaine s’est terminée avec l’inflation européenne qui, sans surprise, à respecter le consensus. Finalement, cette statistique est bien inintéressante quand on voit les comportements totalement différents de chaque pays au sein de l’Union Européenne. Un peu de cohérence messieurs-dames ne vous ferait pas de mal. Je vais finir par croire que les Anglais avaient raison de quitter ce grand… bordel.
Perspectives macro-économiques pour les jours à venir
Pour ce qui concerne la semaine que nous venons de commencer, le programme se concentrera sur les 2 derniers jours de la semaine. Voici le programme hebdomadaire:
Toutefois, on surveillera de très près les chiffres des permis de construire aux États-Unis ce mardi. Je vous avoue être très surpris par le consensus annonçant une stabilisation. Une nouvelle baisse me semble beaucoup plus réaliste tant le resserrement dû à la crise bancaire n’est pas terminé. J’ai du mal à croire que la forte baisse du mois précédent s’arrête là. On surveillera bien sûr la réaction des marchés suite à cette statistique qui me semble très importante actuellement.
C’est jeudi que l’on surveillera une autre statistique sur l’immobilier américain concernant les ventes de logement existants. Et ce n’est pas faire offense aux Anglais qui se même jour verront leur banque centrale passer une nouvelle hausse de taux: je vous certifie que c’est un non-événement vu la situation britannique.
Vendredi clôturera la semaine avec une salve importante de chiffres concernant les prévisions des PMI sur la zone euro et les États-Unis. Ainsi, quatre membres du G7 que sont la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et les États-Unis nous délivreront cet indicateur avancé qui interroge les directeurs d’achat de leurs industries préférées.
Bonne semaine macroéconomique à tous.