Bilan Hebdomadaire
Les planètes s’alignent sur les marchés financiers grâce à une macroéconomie plutôt bienveillante ces derniers jours. Voici les chiffres de cette semaine galvaudée par les fêtes de Pâques:
Voilà que la plus longue trêve boursière de l’année est passée. En effet, les fêtes de Pâques sont traditionnellement un moment de coupure pour la sphère financière dans le monde occidental. Le spleen absolu du trader. Rendez vous compte, 4 journées à s’ennuyer avec des écrans vides d’informations financières.
Enfin, non, pas tout à fait, puisque nos amis chinois se sont “amusés” à encercler Taïwan pour des manœuvres qu’ils ont considéré comme satisfaisantes. Ce n’est pas un hasard que les Chinois aient agi de cette manière pendant le weekend pascal. La tension monte tranquillement sur le sujet de l’île de Formose. Toutefois, les marchés ont fait fi de cette information au redémarrage de la semaine. Je vous invite à relire cet article traitant du cas taïwanais:
En macroéconomie, les investisseurs ont sagement attendu les chiffres américains sur l’inflation de mercredi. Les statistiques des IPC sur le nouveau continent sont ressorties positives tant la désinflation bat son plein. Toutefois, il est vrai qu’il faut distinguer l’IPC de l’IPC “core”. Le premier chiffre intègre l’ensemble des paramètres de l’inflation; le second exclut la part alimentaire et énergie de celle-ci.
Pourquoi existe-t-il deux types d’inflation dans les statistiques des macros économistes? A vrai dire, l’IPC “core” est une statistique beaucoup plus intéressante car elle est considérée comme la structure de l’inflation sur longue période, là où les parties “alimentaires” et “énergie” sont considérées comme fluctuantes et volatiles, et donc conjoncturelles. De manière plus mathématique, quand vous additionnez l’IPC core (composition de la part “services” et de la part “biens”) aux secteurs “alimentaires” et “énergies” de l’inflation, vous obtenez l’IPC. Ainsi l’IPC intègre tout, et devient moins lisible pour les experts macroéconomiques. Avec l’IPC, vous constatez la véritable inflation subie par le consommateur, dans son porte-monnaie, de manière générale. L’IPC “core” est, quant à lui, la partie sous-jacente de l’inflation que le consommateur ne ressent pas de manière immédiate mais qui impacte structurellement son pouvoir d’achat. Voilà pourquoi les gens ont une perception de l’inflation différente de la réalité. Ils se focalisent sur leur plein d’essence et leur chariot de course alors que la structuration globale de l’inflation intègre des éléments beaucoup plus impactants sur longue période mais beaucoup moins visible dans le quotidien du consommateur. Finalement, ce n’est qu’une histoire de ressenti à court terme qui n’est pas à négliger car le caractère social de l’IPC peut devenir prioritaire. Et c’est effectivement le cas dans un grand nombre de régions du monde où le pouvoir d’achat est très faible. La France en fait-elle partie??? On se le demande parfois.
Ainsi, mercredi dernier, la statistique est tombée avec sa froideur habituelle. L’IPC “core” a été conforme aux attentes. Il a légèrement baissé comme attendu. Il faut savoir que c’est la part des services qui semble avoir touché un point haut. Il est, certes, élevé mais j’ai le sentiment que nous soyons arrivés au point d’inflexion de cette part structurellement inquiétante. Pour ce qui est de l’IPC, grâce à la forte baisse du pétrole ces dernières semaines, le chiffre a été particulièrement baissier. Le consensus avait sous-estimé l’impact de l’or noir sur cette statistique.
Ainsi, le ressenti par les mêmes consommateurs concernant l’inflation aura un impact positif dans les semaines à venir sur la consommation américaine. Le télescopage de la hausse salariale qui ne se renie pas aux États-Unis avec la forte baisse des prix d’énergie et la modération (enfin?) des prix sur l’alimentaire aura un impact positif sur les futurs chiffres de la consommation du côté de l’Oncle Sam, même si l’on peut modéré ce propos à cause de la crise bancaire. Je rajoute à cela que des chiffres sur les importations et exportations de la Chine lors du mois précédent permettront un retour des produits “pas cher” dans les étales. La concurrence asiatique est de retour. Ainsi il ne sera pas étonnant de constater dans les mois qui viennent une nouvelle baisse de la partie “biens” de l’IPC core.
En conclusion, concernant l’inflation, il me semble assez évident que le bottom ne soit pas touché. Il est toutefois à prévoir une modération des chiffres lors de la nouvelle séance de statistiques du mois prochain. Eh oui, le prix du pétrole a fortement rebondi ces jours (début avril) à la suite de la décision de l’OPEP+ de réduire sa production. En effet, le WTI tout comme le BRENT ont remonté de plus de 20% ces derniers jours après avoir touché un niveau de prix historiquement travaillé par les traders.
La fin de semaine a été animée par quelques statistiques complémentaires. Ainsi jeudi, l’IPP, c’est-à-dire la statistique de l’inflation du côté des producteurs, a été particulièrement baissière puisque le chiffre est ressorti à -0,5%, là où on l’attendait à +0,1%. Je m’étonne toujours de voir les analystes des grandes banques américaines se tromper régulièrement sur leurs estimations de manière aussi importante. C’est bien évidemment le prix du pétrole qui a fortement impacté l’industrie de l’Oncle Sam. La désinflation est en route et bien en route. Et elle n’a pas fini son chemin.
La semaine s’est clôturée par les statistiques toujours américaines sur les ventes au détail. Mon petit doigt me disait que le chiffre serait mauvais. Et il l’a été. Le consommateur américain se sert la ceinture. C’est pour moi conjoncturel. Il est évident que les chiffres du mois prochain seront aussi modestes voire mauvais. La raison en est très simple: la crise bancaire a provoqué un stress dans les milieux financiers qui restreindra, le temps d’un retour à la normale, l’accès au crédit pour les américains. Finalement n’est-il pas une bonne nouvelle de dire aux plus gloutons qu’il est nécessaire de modérer leurs habitudes de consommation exagérée? On peut le penser. mais, je tend à penser que ce phénomène sera de courte durée… dois je vous rappeler ce que j’ai exprimé sur le redémarrage de la Chine et l’impact sur la disponibilité de produits “made in China”?
Ainsi en conclusion de cette semaine, il s’avère que les marchés ont fortement apprécié ces nouvelles. Selon moi, nous sommes dans le scénario d’un alignement des planètes. L’inflation baisse. Les taux d’intérêt réels vont ramener la sphère économique à la raison. Le chômage reste très faible, et vous savez que je pense que c’est structurel. Il n’en faut pas moins, quand sont dévoilés des chiffres stratosphériques sur les résultats des entreprises, pour envoyer les marchés vers de nouveaux sommets historiques. C’est le cas de la France avec LVMH qui a sorti encore une fois des résultats époustouflants. Le CAC vient de passer la barre symbolique des 7500 pts pour la première fois de son histoire.
Perspectives macro-économiques pour les jours à venir
Pour ce qui concerne cette semaine, le programme sera fortement allégé aux US. Place à l’Europe. Mais ce sera certainement la micro-économie et les résultats d’entreprises qui animeront la cote de cette semaine. Voici le programme de la semaine:
C’est mardi que je serai très attentif à l’indice ZEW en Allemagne en attendant le point d’inflection de la semaine avec les chiffres de l’inflation européenne et britannique de mercredi matin.
C’est seulement jeudi que les américains pointeront le bout de leur nez avec quelques chiffres sur le chômage et les ventes de logement.
On conclura la semaine avec une myriade de statistiques britanniques. On parle trop peu du rebond spectaculaire de la Grande-Bretagne depuis l’arrivée au pouvoir de Rishi Sunak. Enfin, la fin de la déchéance britannique?
Bonne semaine macroéconomique à tous.