Bilan Hebdomadaire
La semaine macroéconomique qui vient de se passer était certainement celle qui devait être la plus calme de l’année. Mais il n’y en a rien été tant la tension sur les taux d’intérêt américain doit être scrutée au plus près. Voyons dans cet article l’ensemble des chiffres qui a animé la planète bourse durant la semaine passée. Nous en interpréterons les conséquences macroéconomiques mais aussi celles qui doivent orienter vos arbitrages dans votre portefeuille d’investissement. Voici les statistiques de la semaine passée:
Tout d’abord les chiffres de la Chine ont été particulièrement inquiétants lors de cette semaine ( même s’ils n’apparaissent pas dans ce tableau). Il s’agit de l’importation en baisse de 12 % alors que le consensus était prévu à 5. La Chine va mal, son industrie pédale dans la semoule. Et la conséquence est que les exportations sont aussi atones avec un -14%.
Pour le reste, tout s’est passé jeudi dernier lorsque les États-Unis ont délivré leurs statistiques sur l’inflation. À vrai dire, on ne peut pas dire que les chiffres soient particulièrement mauvais. En effet, soit les chiffres sont sortis conformes au consensus soit inférieur à ce qui était prévu. Donc de ce côté pas de surprise particulière.
IPC US à fin juillet 2023
Et c’est justement cela qui a posé problème au marché. Dans ces colonnes, il y a quelques mois, nous avions émis l’hypothèse que l’inflation américaine baisserait jusqu’autour de l’été. Et il se trouve que nous sommes en plein dedans. Ces chiffres ont été particulièrement aidés par un prix du pétrole plutôt bienveillant et une chute du prix des matières premières agricoles et non agricoles un peu partout dans le monde. Mais voilà on arrive au bout de cette logique.
La question n’est pas de savoir si l’inflation globale baisse mais si l’inflation structurelle est bien en train de se résorber. On l’appelle IPC core. C’est simplement une statistique qui soustrait les fluctuations des prix de l’énergie et de la partie alimentaire de l’inflation. Et il se trouve que sur ce sujet là, la problématique est particulièrement compliquée.
Pour cela il est intéressant d’observer la courbe de l’inflation soustrait de ces éléments volatils. Mais puisque nous y sommes, autant aller jusqu’au bout et aller voir non pas à l’inflation core mais l’inflation supercore.
Comme son nom l’indique, Le terme « supercore » va un peu plus loin que l’inflation core. Il exclut non seulement les éléments volatils tels que les produits alimentaires et l’énergie, mais il peut également exclure d’autres composants de l’IPC qui pourraient être sujets à des variations temporaires ou à des distorsions. Ces autres éléments pourraient inclure des produits ou des services spécifiques qui ont connu des variations inhabituelles de prix.
IPC supercore Us de fin juillet 2023
Évidemment la partie la plus inquiétante reste la partie “transportation services” que nous voyons ici en jaune de moutarde. Elle persiste à augmenter encore et toujours. Si vous avez pris l’avion vous devinez bien que le prix des transports aériens en a terminé avec la braderie générale. Vous apercevez aussi que la partie médicale est maintenant en déflation… Comprenez bien que, quand il n’y a pas de pandémie à se mettre sous la dent, c’est embêtant pour le chiffre d’affaires des médecins. Vous percevez que nous sommes aussi proches de la déflation sur la partie des services des eaux, du ramassage des ordures et des services à la personne. C’est finalement la nébuleuse statistique “other” qui vit un rebond très important (difficile d’en décrire les contours puisque c’est l’ensemble tout ce qui ne rentre pas dans les autres catégories).
Nous voilà en face d’une inflation structurelle qui ne veut pas baisser et qui aura tendance à ne plus vouloir le faire tant que la pression sur les salaires sera toujours aussi forte. Cette pression est évidemment due à une absence structurelle de chômage aux États-Unis.
Voilà pourquoi dans ces colonnes, vous voyez que nous avons atteint les objectifs que nous pensions raisonnables en ce début d’année 2023. Les marges manœuvres pour une continuation de la normalisation de l’inflation deviennent extrêmement faibles dans le contexte et macroéconomique actuel. C’est maintenant que la politique de resserrement monétaire de la FED doit prendre le relais. Ainsi, il devient évident que le pivot de la politique monétaire américaine n’est pas prévu pour les mois à venir. Nous restons persuadés que les taux d’intérêt resteront haut même si nous sommes arrivés sur l’objectif de la Banque centrale américaine.
La conséquence de ces chiffres a provoqué un stress inquiétant sur les taux d’intérêt américain à 10 ans. Ce stress est un avertissement des marchés auprès de la banque centrale quant à son jeu d’équilibriste. Le stress bancaire du printemps avait, lui, annoncé des moments difficiles si les taux d’intérêt continuaient à monter. Or, nous sommes tout près des bornes hautes sur les taux d’intérêt américain ( d’ailleurs, c’est pareil en Europe).
Taux 10 ans US
Sans vouloir être annonciateur d’une grande catastrophe, il est impératif que la hausse des taux qui se présente à nous reste très modérée.
Et ce n’est pas avec les chiffres de la fin de semaine sur l’IPP que la FED trouvera de nouvelles marges de manœuvre pour modérer la hausse des taux d’intérêt vu que les chiffres sont déjà proches de la déflation.
IPP US à fin juillet 2023
Bref rien de rassurant sur la planète macroéconomique lors de cette semaine si ce n’est les chiffres rassurants du PIB britannique de vendredi. A vrai dire, la série de statistiques fournie par la Grande-Bretagne est particulièrement rassurante. Nous avions déjà évoqué notre sentiment positif quant au démarrage du nouveau Premier ministre Rishi Sunak à la tête du gouvernement.
Perspectives macro-économiques pour les jours à venir
Pour ce qui concerne la semaine que nous venons de commencer, le programme sera encore une fois très allégé avec un grand nombre d’organismes qui ont fermé leurs portes pour raison de congés annuels. Toutefois, il reste quelques statistiques importantes à retenir. Voici le programme hebdomadaire:
C’est mardi que les statistiques sur la consommation américaine seront dévoilées. Elles seront accompagnées mercredi par les chiffres du permis de construire de la même zone économique. C’est seulement vendredi que l’Europe dévoilera ses chiffres sur son inflation.
En bref, pas grand-chose à se mettre sous la dent, N’hésitez pas à profiter de ces deux ou trois semaines de pause pour regonfler les batteries pour une rentrée qui s’annonce stratégique.
Bonne semaine macroéconomique à tous.