Bilan Hebdomadaire
Semaine macroéconomique occultée par les problèmes bancaires de l’Oncle Sam mais toutefois celle-ci nous a donné beaucoup d’enseignements sur le sentiment du marché et ses anticipations. En effet, les craintes inflationnistes se confirment. Et la bourse a enfin décidé de prendre en compte le scénario noir de la stagflation, scénario déjà évoqué mais soudainement oublié à l’automne. Voici les chiffres de la semaine :
C’est donc mardi que le discours de Jérôme Powell a été extrêmement clair sur la situation macroéconomique en ce qui concerne les États-Unis. “La route est encore longue pour faire retomber l’inflation et elle sera encore probablement mouvementée” dixit Jérôme Powell. Et d’ajouter “Nous continuerons de prendre nos décisions réunion par réunion en fonction de la totalité des données économiques”.
Le Président de la Banque centrale américaine a ajouté “nous essayons de réaligner l’offre et la demande à travers différents canaux dont celui des emplois vacants”. Ainsi à travers ce propos, il nous explique qu’il sera beaucoup plus observateur du rapport JOLTS dans les mois à venir pour prendre des décisions. Ainsi, attardons nous sur l’intérêt de ce rapport peu connu du grand public.
Le rapport JOLTS est un outil précieux pour les économistes, les analystes et les décideurs politiques qui cherchent à comprendre les tendances du marché du travail américain et à évaluer les besoins du marché de l’emploi.
De son véritable nom “Job Openings and Labor Turnover Survey”, ce rapport est publié mensuellement par le Bureau of Labor Statistics (BLS) aux États-Unis. Ce rapport fournit des informations sur le marché du travail américain, y compris le nombre d’emplois vacants, le nombre de personnes embauchées, le taux de rotation de la main-d’œuvre et d’autres statistiques clés. Ici, Powell insiste bien sur la partie “emplois vacants” de cette analyse.
Ainsi, ce rapport fournit des informations importantes sur la dynamique du marché du travail américain. Ces données sur les offres d’emploi aident les économistes et les analystes à évaluer la demande de travailleurs qualifiés dans différents secteurs de l’économie. Les chiffres sur les embauches et les taux de rotation de la main-d’œuvre permettent une évaluation de la capacité des entreprises à pourvoir des postes vacants et à retenir les employés. Les statistiques du rapport JOLTS peuvent également aider les décideurs politiques à comprendre les besoins du marché du travail et à élaborer des politiques en matière de formation et de développement de la main-d’œuvre.
En bref, le rapport JOLTS est riche d’enseignement pour bon nombre d’acteurs économiques. La prépondérance que vient de lui donner Jérome POWELL est tout simplement méritée au regard de ce qu’il apporte aux acteurs économiques américains.
Pour en revenir aux chiffres de la semaine, c’est effectivement l’emploi américain qui a été au centre de toutes les attentions. Ainsi, mercredi dernier, l’enquête ADP ainsi que ce rapport JOLTS, dont nous venons de vous expliquer tout l’intérêt, ont livré des chiffres particulièrement positifs. C’est à partir de ce moment-là que nous pouvions être plutôt serein sur le fameux Non Farm Payrolls (NFP) de vendredi dernier. Et nous n’avons pas été déçus, le chiffre a été très positif.
Conséquences négatives immédiates sur les marchés financiers. L’interprétation a été que les taux d’intérêt allaient être à la hausse dans les prochains mois. C’est ainsi que les valeurs de croissance représentées par le Nasdaq ont repris leur chemin baissier déjà entamé depuis deux semaines. Evidemment que la crise bancaire initiée par Silvergate et maintenant SVB, ont alimenté une peur supplémentaire des marchés de revoir le scénario de 2008 se remettre en place.
Cette semaine qui se voulait être plus ou moins tranquille s’est avérée être déclencheuse d’une peur des marchés beaucoup plus importante que ces derniers mois. Méfiez-vous.
Perspectives macro-économiques pour les jours à venir
Pour ce qui concerne cette semaine, le programme est assez chargé. Il faudra être d’autant plus attentif aux statistiques qui sortiront et à la réaction des marchés suite aux nouveaux chiffres qui seront proposés. Voici le programme de la semaine:
La semaine commencera avec les statistiques très importantes de l’inflation aux États-Unis plus appeler plus communément dans le monde de la macroéconomie: IPC .Ce sera ce mardi à 13h30 (Heure de Paris).
Les ventes au détail américaines ainsi que les prix à la production du côté de l’Oncle Sam animeront la côte de ce mercredi.
C’est jeudi que l’Europe entrera en scène avec l’intervention de la Banque centrale européenne et la révision de ces taux d’intérêt. Même si le chiffre attendu est très attendu, on peut considérer que le marché a déjà considéré sa position sur cette réévaluation. Ainsi, il est quasiment acquis que la hausse de taux sera de 50 points de base. Proposer moins serait totalement irresponsable vu l’inflation actuelle. Proposer plus serait tout aussi irresponsable car les marchés interpréteraient une panique de la Banque Centrale Européenne quant à la situation inflationniste sur le vieux continent.
Ainsi, cette semaine risque d’être volatile et peut-être pas dans le sens que l’on espèrerait. Dans cet hebdomadaire nous n’avons pas parlé de la réaction des taux à 10 ans et à 2 ans sur le marché américain mais il est évident que le marché est en train de se rendre compte qu’il a sous-estimé les effets pervers de cette fameuse hausse de taux ultra-rapide de la mi-2022. Ajoutez à cela les premiers cadavres qui sortent des placards dans le système bancaire américain et vous comprenez facilement que nous sommes proches de la catastrophe même si il est trop tôt pour considérer qu’elle est en train d’arriver. Ils ne vont tout de même pas refaire les mêmes erreurs que celles de 2008? Non ce n’est pas possible.
Bonne semaine macroéconomique à tous.