Bilan Hebdomadaire
Les 2 dernières semaines macroéconomiques ont été animées par des indicateurs en cours de retournement… Autant sur l’activité économique que concernant l’inflation. Tout d’abord , les chiffres de la fin mars ci-joints:
La fin du mois de mars a été particulièrement marquée par des chiffres plutôt bienveillants outre-Atlantique. En effet, les promesses de vente de logement ainsi que les inscriptions hebdomadaires au chômage étaient particulièrement bonnes. En tout cas, il n’y a rien de particulier à signaler sur ces chiffres peu alarmants. Même les chiffres, du mardi 28 mars, sur la confiance des consommateurs étaient particulièrement intéressants. En bref, rien de particulier à signaler du côté de l’Oncle Sam sur le plan économique. Circulez, il y a rien à voir pour les pessimistes. Nous verrons un peu plus loin que c’est peut-être la dernière salve de chiffres plutôt positifs sur l’économie réelle avant des jours beaucoup moins radieux.
Mais du côté du vieux continent, les statistiques macroéconomiques ne nous ont pas servi la même soupe. Il s’agit pas, ici, de statistiques équivalentes à celle que je viens de vous donner sur les États-Unis. Je vous parle des chiffres de l’IPC européen ou en d’autres termes de l’inflation sur le continent qui nous est cher. Pour tout vous dire, le chiffre a été particulièrement surprenant tant le phénomène de désinflation qui vient de se mettre en route en Europe est violent et clair. Alors, effectivement, le momentum nous permet de voir que nous recoupons le pic historique, espérons-le, de l’inflation. C’est donc pourquoi le consensus était très baissier sur cette statistique puisqu’il estimait le nouveau chiffre annuel autour de 7,1% comparativement au mois précédent qui était de 8,5. Mais, ce n’est pas là l’étonnement dont je vous fais état. La surprise est le fait que la décélération de l’inflation (plus communément appelé “déflation”) a été encore plus forte que prévu. Ainsi le chiffre est tombé à 6,9 %.
La raison de ce chiffre, qui a beaucoup plu au marché, est le fait que certains pays européens n’ont pas eu la même politique d’accompagnement des consommateurs que celles de la France et de l’Allemagne. Des pays moins importants, mais quand même aux poids non négligeables, n’ont pas distribué des chèques tout azimut. Ainsi, et je ne prendrai ce que ces exemples , l’Espagne et l’Italie ont vu l’inflation, les concernant, totalement s’effondrer sur le mois de mars. Vous mélangez tout ça dans un shaker en faisant la moyenne pondérée sur la zone euro.Vous laissez reposer quelques jours et vous vous retrouvez avec une statistique particulièrement désinflationniste. Bref, l’alignement des planètes pour les marchés “actions”.
Mais voilà, la semaine suivante n’a pas donné toute satisfaction. A vrai dire, la macroéconomie ne peut pas donner le beurre et l’argent du beurre aux opérateurs. Il exige toujours un contre-balancement à une statistique positive ou négative. Voici les chiffres de la semaine passée:
Cette première semaine du mois d’avril était donc la semaine des traditionnelles statistiques sur l’emploi américain ainsi que ceux de l’ISM. Du côté européen, la trêve Pascal avait déjà débuté dès lundi dernier puisque quasiment aucune statistique d’importance n’a été éditée par les différents organismes délivrant des chiffres macroéconomiques.
Les Américains plus studieux n’ont même pas respecté le vendredi Saint puisque la statistique habituelle du premier vendredi du mois a bien été éditée ce jour-là. Je parle bien sûr du NFP: le NON FARM PAYROLS.
Durant toute cette première semaine du mois, les statistiques et rapports sur l’emploi montraient les premiers signes de faiblesse de l’économie américaine. Ainsi, il paraissait évident que le NFP allait fléchir même légèrement. Mais il n’en fut rien, le NFP est sorti conforme au consensus même si celui-ci est plutôt modéré dans son chiffre (236000 emplois). Toutefois, ne nous y trompons pas, la statistique qui est importante à l’heure actuelle n’est pas le NFP mais bien le rapport JOLTS édité mardi dernier.
Le rapport JOLTS est un outil précieux pour les économistes, les analystes et les décideurs politiques qui cherchent à comprendre les tendances du marché du travail américain et à évaluer les besoins du marché de l’emploi.
De son véritable nom “Job Openings and Labor Turnover Survey”, ce rapport est publié mensuellement par le Bureau of Labor Statistics (BLS) aux États-Unis. Ce rapport fournit des informations sur le marché du travail américain, y compris le nombre d’emplois vacants, le nombre de personnes embauchées, le taux de rotation de la main-d’œuvre et d’autres statistiques clés. Ici, depuis quelques semaines, Powell insiste bien sur la partie “emplois vacants” de cette analyse.
Ce rapport fournit donc des informations importantes sur la dynamique du marché du travail américain. Ces données sur les offres d’emploi aident les économistes et les analystes à évaluer la demande de travailleurs qualifiés dans différents secteurs de l’économie. Les chiffres sur les embauches et les taux de rotation de la main-d’œuvre permettent une évaluation de la capacité des entreprises à pourvoir des postes vacants et à retenir les employés. Les statistiques du rapport JOLTS peuvent également aider les décideurs politiques à comprendre les besoins du marché du travail et à élaborer des politiques en matière de formation et de développement de la main-d’œuvre.
En bref, le rapport JOLTS est riche d’enseignement pour bon nombre d’acteurs économiques. La prépondérance que Jérôme POWELL vient de lui donner est tout simplement méritée au regard de ce qu’il apporte aux acteurs économiques américains.
Le rapport JOLTS pour la période de mars annonce une baisse significative des emplois vacants sur le mois de mars 2023. Ainsi, il est fort à croire que, dans les mois qui viennent, nous aurons des chiffres de l’emploi américain beaucoup moins importants que ceux enregistrés ces derniers mois. En effet, une fois les chiffres des emplois vacants revenus à des standards habituels ( car ils sont très élevés depuis 2020) , il est fort à parier que la création d’emploi en ressente les conséquences.
Mais est-ce que cela engendrera une crise économique? C’est encore trop tôt pour le dire. Beaucoup trop tôt. Avec quasi certitude, on peut anticiper un ralentissement économique du côté US. Mais pas plus! Évidemment, les plus pessimistes vous diront que l’on va vers une crise systémique. Mais pour le moment, nous ne voyons que les conséquences de la politique de la Banque centrale américaine concernant sa hausse de taux rapide et spectaculaire. Vous pouvez associer à ces fameuses conséquences la crise bancaire et la tension que celle-ci va provoquer sur le crédit.
Ainsi nous voyons apparaître, sur la semaine précédente, quelques soubresauts d’un ralentissement économique qui peut augurer le déclenchement d’une récession voire d’une crise économique. Mais, en ce qui me concerne, je ne vois toujours pas un élément créateur d’un décrochage important de l’économie mondiale. Ce n’est pas parce que l’on marche à côté du ravin que l’on va tomber dedans. Mais il est évident que le surendettement général des économies mondiales est un baril de poudre auquel il ne faudrait pas associer une étincelle. Étincelles et poudre sont bien existants, mais il faut qu’elles soient dans la même pièce. Le krach boursier attendra encore, surtout que les banques centrales arrosent volumiquement la poudrière, et la poudre mouillée…
Perspectives macro-économiques pour les jours à venir
Pour ce qui concerne cette semaine, le programme sera fortement allégé puisque les premiers chiffres significatifs nous apparaîtront qu’à partir de ce mercredi. Voici le programme de la semaine:
Nous nous contenterons donc des chiffres de l’inflation américaine mercredi à 14h30 qui, selon toute vraisemblance, seront toujours déflationnistes. Je ne vois pas de raison pour laquelle le consensus ne serait pas respecté. Toutefois, il faut rappeler que le pétrole a continuellement baissé tout le mois de mars. Mais j’ose penser que les analystes l’ont bien vu et l’auront bien évalué. Ce ne sera pas la même chose le mois prochain concernant les statistiques d’avril vu le rebond actuel du pétrole suite à la peau de banane que l’ OPEP+ a glissé sous le pied de l’Oncle Sam (une réduction surprise de sa production de pétrole).
Nous terminerons cette semaine calme au niveau des chiffres macroéconomiques par les statistiques des ventes au détail sur le nouveau continent. Je suis plutôt d’avis de regarder ce chiffre de manière attentive car c’est plutôt là qu’une mauvaise surprise peut nous apparaître. C’est à 14h30 ce vendredi.
Bonne semaine macroéconomique à tous.