Récemment, Christine Lagarde, présidente de la BCE (Banque Centrale Européenne), a indiqué que le programme de rachats d’actifs («quantitative easing») s’achèvera «au tout début du troisième trimestre, ce qui nous permettra de relever notre taux à notre réunion de juillet». Dès lors, «nous serons probablement en mesure de sortir des taux d’intérêt négatifs d’ici à la fin du troisième trimestre».
C’est dans l’anticipation de ce relèvement que les différents taux du marché monétaire ont commencé à grimper, sortant de la négativité dans laquelle ils se trouvaient depuis plusieurs années.
Un petit point d’économie est nécessaire pour comprendre le mécanisme sous-jacent.
La banque centrale fixe untaux d’intérêt appelé « tauxdirecteur » qui est le tauxd’intérêt auquel elle va prêter de l’argent aux banques. C’est en fonction dece taux directeur et de ses évolutions que les taux d’intérêt des banquesvis-à-vis de leurs clients vont augmenter ou diminuer. Ainsi, si les taux d’intérêtpratiqués dans l’économie sont longtemps restés très bas, voire négatifs, c’est parce que la banquecentrale européenne a un taux directeur lui même négatif (-0.5%), ce qui signifie qu’elle prête del’argent non seulement gratuitement aux banques mais qu’en plus elle les rémunère pour emprunter! Une situation qui ne pouvait pas durer éternellement et que l’inflation fait voler en éclats.
Depuis la crise de 2008, ce sera la première fois, en juillet, que le taux directeur de la BCE augmentera.
Le taux qui est actuellement à -0.5% et qui va remonter à 0% est le taux de dépôt. Autrement dur, c’est le taux d’intérêt fixé par la banquecentrale auquel sont rémunérés les dépôts que placent les banques et autresétablissements financiers auprès de la banque centrale.
Les banquiers peuvent emprunter de l’argent auprès de la banque centrale, mais peuvent aussi seprêter de l’argent entre eux à court terme, a un taux d’intérêt qui est fixésur le marché monétaire et qui en France s’appelle l’EURIBOR.
Et cet EURIBOR est lui aussi resté négatif depuis 2016 avant de remonter fortement sur les dernières semaines. Autrement dit, une banque qui emprunte del’argent à une autre banque était rémunérée pour le faire ! Ce n’est plus le cas. Ces taux négatifs ont largement permis, entre autres, àl’économie européenne de ne pas s’effondrer.
Le graphique suivant montre le parcours de l’Euribor à 1 ans depuis une décennie.
Ce n’est que très récemment qu’il s’est mis à flamber.
Voilàpourquoi les taux d’intérêt des crédits immobiliers octroyés aux particuliers étaient si bas et remontent. L’argent que la banque vousprête, la plupart du temps ne lui coûtait rien ! Voire parfois luirapportait !
Cette situation de tauxnégatifs qui a démarré depuis bientôt 6 ans a contaminé aussi le marchéobligataire !
Du jamais vu dansl’histoire… Le taux de l’OAT France 10 ans (Obligation Assimilable du Trésor) est passé lui aussi en territoirenégatif depuis juin 2019 mais à présent, ce taux à surveiller de près remonte lui aussi. Cela signifie par ailleurs, que le cours des obligations en question baisse.
La tendance de ces taux est donc haussière depuis un an et ce n’est pas fini!