Alors que les indices ont dessiné un rebond depuis plusieurs semaines, les fonds renforcent la mule. D’après les données rapportées par CNBC, les positions vendeuses initiées par les fonds d’investissement sur le S&P 500 atteint près de 107 milliards de dollars. Les paris baissiers se sont ainsi accentués sur les secteurs technologiques et de la consommation. Dans tous les cas, il apparaît que les trois prochaines semaines initieront probablement la tendance à venir durant l’automne. Comme nous le montrerons, nous sommes certainement proches d’un seuil temporel stratégique. Une baisse plus grande des marchés serait certainement le fait d’un évènement de crise, tandis que la reprise progressivement d’une configuration haussière jusqu’en 2023 confirmerait la normalisation du phénomène baissier.
Soutien du rebond ou prudence absolue ?
Il est important de rappeler que le rebond observé sur le S&P 500 (et les autres indices) s’est accompagné de volumes particulièrement faibles ces dernières semaines. Pourtant, ce rebond dépasse +18 % de hausse (la moyenne historique des rebonds dans un bear market comme en 2000 est de +21 %). La fin de ce rebond confirme l’objectif haussier suggéré par le double bottom de notre précédente analyse de marché (Récession aux Etats-Unis et rebond des marchés – Youtrading FR).
Désormais, la prudence est maximale chez les fonds. Le fait que le degré de couverture soit particulièrement élevé traduit aussi le manque accru de visibilité. Le graphique ci-dessus, tiré de Nautilus Reasearch, démontre la bonne corrélation avec les niveaux actuels du S&P 500 et les cours passés. Pour le CAC 40, la moyenne de l’ensemble des périodes passées laisse supposer un scénario le plus proche de celui de 2015. Cependant, des divergences majeures avec ce modèle peuvent subsister.
Le risque statistique bien réel
L’étude des variations hebdomadaires cumulées du S&P 500 montrent que l’indice est sur une zone de pression baissière excessive, similaire à mars 2020, décembre 2018 et janvier 2016, mais encore août 2009 et mai 2003. Cet indicateur en noir sur le graphique mesure les 50 dernières variations hebdomadaires cumulées. Il permet de mesurer l’intensité de la tendance en cours. Par exemple, si des variations baissières durent trop longtemps, ou qu’elles sont trop intenses, alors l’indicateur signalera la présence de ventes excessives qui traduisent certainement un point bas. Ainsi, on observe sur cet indicateur spécifiquement, qu’un niveau extrême de l’indice signale un point d’achat ou de vente. Ainsi, un minimum de la valeur de l’indicateur traduit un signal d’achat. Dans tous les cas, les prix actuels sont des niveaux d’achats intéressants à long terme.
Dès lors, on sait que les niveaux actuels du S&P 500 sont statistiquement « normaux », et qu’une accélération de la baisse serait un phénomène exceptionnel de crise. En ce sens, on ne verrait de baisse supplémentaire significative sans qu’une crise similaire à celle de 2008 ou de 2000 éclate. La prudence est donc de mise dans la mesure où l’incertitude sera celle d’un signe noir, ou bien la chute actuelle restera comme une simple correction.
Ratio put/call
Pour rappel, le ratio put/call désigne le nombre de positions vendeuses prises sur le marché des options en rapport au nombre de positions vendeuses. Depuis mi-juin et le début du rebond des marchés, ce ratio put/call est passé de plus de 1,8 à près de 1,3 aujourd’hui. C’est-à-dire que la hausse du S&P 500 s’est accompagnée par une réduction de la part des positions vendeuses. Le graphique ci-dessous montre l’évolution du ratio put/call pour le S&P 500 depuis 1 an.
Bien que les positions vendeuses restent supérieures aux positions haussières, les investisseurs semblent maintenir les supports clés à long terme. Quoi qu’il en soit, les acteurs majeurs du marché sont globalement protégés face à une baisse des marchés.
En conclusion
En bref, nous avons vu que les positions vendeuses sur le marché américain atteignaient des niveaux records. Cela confirme que les fonds et les acteurs de la finance mondiale voient le rebond récent comme une hausse globalement non durable. En effet, le rebond sur les marchés s’est construit avec des volumes très faibles. Malgré le retour relatif des positions acheteuses initiées sur les marchés américains, la prudence chez les investisseurs reste de mise.
Ainsi, il apparaît statistiquement que nous sommes dans les 5 plus grandes corrections connues depuis les années 1990. En outre, cela signifie que le risque d’accélération baissière soudaine est élevé pour les 6 à 12 prochains mois. Cependant, dans le cas inverse, il peut aussi s’agir d’une correction classique qui serait progressivement éliminée (60 % des cas historiques recensés avec l’indicateur).
Dans les deux scénarios, plusieurs catalyseurs justifieront ou non un mouvement de hausse ou de baisse :
- Dans le scénario haussier, le scénario de la banque centrale se confirme. Nous sommes désormais proches du taux neutre. Sans aggravation significative de la récession et du marché de l’emploi, et dans la continuité d’une diminution de l’inflation, alors on retrouverait progressivement une perspective haussière sur les marchés.
- Dans le scénario baissier, la récession devient structurelle et le marché de l’emploi se dégrade plus rapidement que prévu. Une augmentation de l’inflation serait également très mal accueillie. Enfin, une crise de solvabilité de la part de certains acteurs financiers ou entreprises, ou encore des difficultés sur les budgets publics provoqueraient une baisse significative des indices.