Un enjeu majeur des marchés financiers est souvent de jouer sur les effets temporels. Il s’agit de périodes qui, statistiquement, présentent une régularité dans le comportement du cours de certains actifs. Ces effets temporels ont des causes multiples et il n’est pas de notre rôle de les discuter ici. Néanmoins, le cas du CAC 40 présente, malgré la faiblesse de l’historique disponible, des effets temporels tout à fait singuliers. Décryptage de la saisonnalité du CAC 40.
Saisonnalité du CAC 40
On entend par saisonnalité l’évolution du CAC 40 sur chaque mois de l’année, et ce observé sur plusieurs années.
Le CAC 40 montre des régularités intéressantes dans on comportement. En effet, nous avons représenté dans le graphique ci-dessous la performance moyenne mensuelle d’après les données étudiées entre 2013 et 2023. Le mois le plus performant des 10 dernières années a été novembre (+3,4 % en moyenne), suivi d’avril (+2,96 % en moyenne), et février (+1,8 % en moyenne). A l’inverse, les mois les plus négatifs sont août (-1,3 % en moyenne), décembre (-1,17 % en moyenne), et mai (-0,8 % en moyenne).
Mais l’étude mérite d’être détaillée. En effet, il se peut que la performance moyenne ne soit pas représentative des performances passées car ces dernières seraient trop différentes (-20 % et +50 % par exemple). Pour pallier à ce problème, on peut ajuster la performance moyenne mensuelle par sa volatilité. C’est-à-dire qu’une performance moyenne mensuelle élevée avec une faible volatilité (une faible dispersion autour de la moyenne) donnera une saisonnalité ajustée très fiable.
Ce graphique permet de visualiser un indice qui reflète au mieux l’arbitrage fiabilité / performance moyenne de chaque mois de l’année. La saisonnalité ajustée du CAC 40 montre un constat sans appel. Ainsi, le mois d’avril est de loin le mois le fiable et le plus performant. Il est suivi par le mois de novembre. Ensuite, la plupart des mois ne montrent pas un arbitrage fiabilité / performance suffisant. Malgré tout, nous pourrions commenter que août et décembre présentent une configuration non-négligeable à la baisse.
Par conséquent, on voit qu’il y a un effet temporel plutôt favorable de novembre à avril. Alors que la performance moyenne mensuelle (tous mois confondus) du CAC 40 est de +0,6 %, une personne qui aurait investi de novembre à avril tous les ans aurait réalisé une performance moyenne de 8 % par an. Soit une performance moyenne de +1,3 % par mois ! C’est-à-dire que le CAC 40 performe deux fois plus que sa moyenne entre début novembre et fin avril… Ce phénomène est déjà connu, mais la décennie passée confirme explicitement ce fait ancien. Un investisseur qui se serait concentré sur les mois de novembre à avril sur les 10 dernières années aurait donc surperformé le marché.
Néanmoins, les causes de ce phénomènes sont complexes. Il faudrait en effet considérer la cyclicité du CAC 40, la publication des résultats et les effets de volume pour débattre du caractère endogène de ce phénomène. A la lumière de ces causes potentielles, on pourrait s’attendre à ce que ce phénomène se poursuive.
Saisonnalité ajustée du bitcoin
Le cas du CAC 40 est aussi à mettre en relation avec celui des autres actifs. Le cas du bitcoin, qui est un actif plus volatil, permet une comparaison. La saisonnalité du bitcoin s’exprime donc aussi comme la moyenne des performances sur plusieurs années. Le graphique ci-dessous montre la performance moyenne du bitcoin sur chaque mois de l’année d’après les cours étudiés entre 2015 et 2023. Les mois les plus intéressants seraient donc à priori octobre, décembre et février. On retrouve là encore plus ou moins cet effet novembre-avril.
Dans l’autre cas ajusté, on remarque que ce sont les mois de octobre, février et juillet qui sont les plus fiables et performants à la hausse. A l’inverse, septembre semble le mois le plus fiable et le plus performant à la baisse. Cette étude est très intéressante car elle montre aussi que le bitcoin tend à avoir des dynamiques qui se rapprochent partiellement de celles du CAC 40, et plus globalement, des indices boursiers.
En bref
Cette observation est connue sous le nom d’effet de « Sell in May and go away » (vendre en mai et partir). Elle n’est pas négligeable, car cet adage aurait doublé les performances de l’investisseur permanent sur les 10 dernières années. D’autres indices montrent un comportement favorable autour de l’hiver, comme le bitcoin. Les causes de ce phénomène sont à la fois psychologiques (vacances, volumes, etc…), économiques (résultats, anticipations, etc…), fiscales (versement des dividendes, encaissement des plus ou moins-values, etc…)… Mais cela relève d’un autre débat.