Depuis le millénium, on peut aujourd’hui constater rétrospectivement que les pays occidentaux ont bénéficié d’une inflation très basse, surtout son la compare à la croissance économique. Pour ce qui est de la France, entre 2002 (année de passage à l’Euro) et 2017, l’inflation annuelle moyenne a été de 1.4% ce qui est historiquement bas si on la compare à celle de la seconde moitié du vingtième siècle :
Par comparaison, le PIB français est passé de 1500 milliards de dollars à 2600 milliards de dollars sur la même période, ce qui correspond à une croissance annuelle moyenne de 3.6%. En fait, tout allait très bien : la croissance ne se traduisait pas par des hausses de prix. Donc, le pouvoir d’achat moyen augmentait, et les taux d’intérêt baissaient. C’est aussi ce contexte qui a permis au système d’absorber la terrible crise de 2008. Une crise qui a d’ailleurs fait croitre la dette et a poussé les banques centrales à intervenir massivement dans les économies en faisant tourner la « planche à billets », donc en créant de la monnaie. Cela se matérialisait par les fameux Quantitative Easing. Aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe (les Banques Centrales arrosaient l’économie de liquidités en achetant des obligations). Pendant ce temps, les dettes souveraines augmentaient. Forcément…
Mais tout basculé en 2020 avec la crise du COVID qui a vu les banques centrales intervenir encore plus dans l’économie, surtout en Europe, afin d’épauler les mesures de blocage de l’économie décidées par les gouvernements. Et donc la dette a encore augmenté. Avec ces politiques ultra-accommodantes, la monnaie devenait de plus en plus abondante. Le COVID est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Et cette fois, cette abondance de la monnaie a fini par déprécier cette dernière eu égard à la valeur des biens et services existants, mais aussi par rapport aux matières premières. L’inflation est apparue dès l’année 2021.
Lorsque la Russie a déclaré la guerre à l’Ukraine en 2022, que les gouvernements occidentaux ont décidé de couper les ponts avec la Russie, cela a encore accéléré cette inflation, avec en particulier une hausse des prix du gaz, du pétrole et des matières premières. Et les dettes souveraines augmentaient toujours.
Alors, face à l’inflation, les banques centrales ont réagi brutalement et de manière extrême en faisant augmenter de manière très forte leurs taux d’intérêt.Ces derniers se sont bien entendu répercutés sur l’ensemble de l’économie :-sur le cout des crédits payés par les particuliers-sur le cout des crédits payés par les entreprises-sur les taux interbancaires (taux d’intérêt auxquels les banques se prêtent de l’argent entre elles).
L’EURIBOR qui est le taux européen auquel les banques se prêtent de l’argent, est longtemps resté négatif, ce qui était en soi une aberration. Mais le voilà qui s’est mis à flamber depuis plus d’un an. Le graphique suivant montre les évolutions de l’Euribor depuis 20 ans :
Tout cela n’a pas été sans conséquences. Le mois dernier, 5 banques ont cessé leurs activités ou ont été sauvées. Or, on peut remarquer qu’au début d’une crise bancaire, on ne veut pas y croire, et qu’ensuite il y a un effet de dominos. La crise de 2008 a duré 20 mois. Celle-ci ne fait que commencer. On peut aussi noter qu’avant la crise de 2008, l’Euribor avait aussi fortement grimpé. Et le fait que les banques restreignent les crédits n’est peut-être qu’un début de ce qui nous guette : le « crédit-crunch ». Voir article sur Youtrading : Allons-nous vers un « credit-crunch? » – Youtrading FR
Il est évident que les banques sont plus volontaires à accorder des crédits en période faste, lorsque le moral est au beau fixe, plutôt qu’en période de crise. Et en se montrant plus difficiles sur les conditions d’obtention des crédits, elles vont paralyser un peu plus l’économie. C’est alors un cercle vicieux qui se met en place ! Et qui se déclenche lorsque la croissance économique baisse. Les conséquences consistent en un choc de demande négatif car du coup, ayant moins de crédits, les ménages consomment moins et les entreprises investissement moins.
Les marchés financiers internationaux se trouvent ainsi aujourd’hui à la croisée des chemins, alors qu’ils culminent sur des plus hauts. Ce qui pourrait entraîner des bouleversements bien plus importants par la suite… Nous pourrions être dans une situation comparable à 2007… Mais rien n’est jamais certain même s’il y a comme un air de déjà vu!