A l’origine de tout, une innovation, un progrès technique : internet. Peu de gens croyaient en son avenir il y a encore 20 ans ! Internet a pourtant complètement changé la manière d’appréhender l’économie.
Grâce à internet est née l’économie collaborative. Vous en avez probablement entendu parler. Et la vivez au quotidien : Uber, AirBnB, Blablacar, etc.
L’économie collaborative (ou « share economy » en anglais), dite aussi participative, n’est pas si facile à définir. Grâce aux exemples que je viens de donner, vous percevez de quoi il s’agit. Wikipedia en fait partie puisque c’est une encyclopédie collaborative ! D’ailleurs, selon la définition de Wikipedia, « l’économie collaborative est une activité humaine de pair à pair, qui vise à produire de la valeur en commun et qui repose sur de nouvelles formes d’organisation du travail ou d’échanges. Elle repose sur une société du partage, qui passe par la mutualisation des biens, des espaces et des outils, des savoirs (l’usage plutôt que la possession), l’organisation des citoyens en « réseau » ou en communautés et généralement l’intermédiation par des plateformes internet »
L’économie collaborative redistribue les compétences de chacun dans l’économie. Dans la vision néo-classique, chacun se spécialise là où il a un avantage comparatif sur les autres, et cela est aussi valable pour les pays (théorie de David Ricardo)… Tout cela vole en éclats avec l’économie collaborative !
Aujourd’hui, tout le monde peut être hôtelier, grâce à des sites comme AirBnB ou Abritel.
Aujourd’hui, tout le monde peut être producteur d’émission de télévision avec YouTube (même si les Youtubeurs qui arrivent à en vivre sont rares… mais ils existent).
Aujourd’hui tout le monde peut être chauffeur avec Uber, Bolt ou d’autres. Tout le monde peut être livreur avec Uber Eats. Uber a tant marqué les esprits (des chauffeurs de taxi surtout !) qu’on parle d’ubérisation de l’économie. Avec des sites comme Blablacar, le concept est encore plus démocratisé, mais les revenus ne sont pas censés être des revenus professionnels contrairement à Uber. Cela en devient un véritable casse-tête pour l’État qui doit taxer les revenus, obliger à les déclarer, et définir en permanence ce qui est professionnel et ce qui ne l’est pas. Sans compter que, forcément, l’économie collaborative renforce l’économie souterraine car beaucoup de particuliers ne déclarent pas leurs revenus issus de là. Il y a peu d’estimations fiables d’ailleurs sur le sujet.
Aujourd’hui tout le monde peut être auteur et même éditeur en même temps avec l’auto-édition. Grâce à Amazon, mais aussi grâce à de nombreuses plateformes internet qui fleurissent ici et là. Les éditeurs en souffrent terriblement.
L’économie collaborative fait souffrir un certain nombre de branches de l’économie, détruit des emplois, et c’est d’ailleurs souvent des branches qui étaient épargnées, voire même préservées par une forme de corporatisme : chauffeurs de taxi, éditeurs, hôteliers, pour ne citer que des métiers concernés par les exemples qui viennent d’être cités.
On parle beaucoup de Uber ou de AirBnB, mais aujourd’hui l’économie collaborative prend de plus en plus de place dans le PIB mondial et la France est en pointe sur le sujet. En 2020, 90% des français estimaient avoir eu recours à la consommation collaborative. Et le chiffre de 570 milliards est impressionnant : il représente un quart du PIB ! Alors qu’avec 20 milliards en 2013, l’économie collaborative était sous les 1% du PIB. C’est la crise sanitaire qui l’a fait exploser. D’ailleurs, la population aurait-elle été confinée dans le contexte des années 2000 où il était impossible de se faire tout livrer chez soi aussi facilement?
En fait, la crise sanitaire a fait entrer les entreprises de manière massive sur ce créneau. Il n’y a pas que les particuliers qui se sont mis aux échanges de bons procédés via AirbnB, Leboncoin, ou autres. Les entreprises s’y intéressent de plus en plus depuis 2020. Il s’agit de mutualiser ses ressources salariées, matérielles, sa clientèle. “Nous venons d’un monde capitaliste orienté vers la compétition. On se dirige vers un monde qui devient de plus en plus interdépendant, avec une économie collaborative”, explique Navi Radjou, conseiller en innovation et leadership, connu pour ses travaux sur l’innovation frugale.
Les entreprises ont donc reconnu l’intérêt d’être soudées et de collaborer. C’est cette prise de conscience autour de l’interdépendance qui a favorisé l’essor de ce partage interentreprises. On les voit maintenant dans des territoires à travers la France. Ce n’est pas un phénomène national, c’est plutôt un phénomène qui se décline différemment dans les différents territoires de l’hexagone.