L’exploitation de pétrole explique en grande partie la croissance connue depuis près d’un siècle et demi. En effet, le rôle du pétrole envers les dynamiques économiques et financières est central. Tel un indicateur, le pétrole demeure un actif hautement stratégique. Alors que le pétrole demeure dans son canal de rebond depuis la crise du COVID, de nouvelles dynamiques sur le cours du baril semblent émerger. Nous nous concentrerons ici sur le rôle déterminant du pétrole sur les marchés et l’économie.
Le rôle du pétrole sur l’économie.
Le pétrole possède une influence non négligeable sur l’évolution des prix et des taux. Les quantités de pétrole disponibles jouent en effet sur la croissance réalisable à très long terme. On notera par exemple que la corrélation entre les variations de la croissance et les variations des prix du pétrole depuis la crise de 2008 atteint près de +60%.
Pétrole et Inflation…
On cherche ici à savoir quel est le lien réel entre pétrole, inflation, dynamisme économique, et taux. Pour cela, on étudie l’ensemble des données hebdomadaires du pétrole (WTI, américain), des taux et de l’inflation depuis 18 ans. On observe ainsi que l’évolution des prix du pétrole détermine en grande partie l’inflation. Le taux de corrélation entre pétrole et inflation depuis 18 ans en hebdomadaire est de 44%, ce qui n’est pas négligeable.Le pétrole est une des sources de l’évolution de l’inflation, et réciproquement.
Le graphique ci-dessus compare la variation de l’inflation (en %, axe horizontal) et la variation du pétrole (en %, axe vertical). On observe une corrélation moyenne représentée par la ligne bleu au centre. Cette ligne est légèrement penchée, ce qui nous permet de déduire les liens qui découlent de la relation pétrole-inflation. On en déduit une observation légèrement déductible :
- Une hausse du cours du pétrole entraine une hausse plus importante de l’inflation. Réciproquement, une hausse de l’inflation se traduit le plus souvent par une hausse moins forte du pétrole.
- Une baisse du cours du pétrole entre une baisse plus importante de l’inflation. Inversement, une baisse de l’inflation traduit généralement une baisse moins importante du pétrole.
On notera enfin que cette corrélation pétrole-inflation augmente à court terme.
Pétrole et taux…
Le pétrole apparaît ainsi comme un indicateur d’activité économique de premier choix. En effet, la corrélation entre le taux du gouvernement américain et le prix du pétrole est de +45% depuis 18 ans. De même, la corrélation entre les taux souverains et l’inflation dépasse +52%. Cela signifie que les taux sont évidemment un indicateur de bonne santé économique, et sont en partie déterminés par l’évolution du pétrole.
Le lien pétrole-taux atteint même 80% sur 18 mois. Ainsi, une baisse du pétrole peut être prémonitoire d’une hausse élevée du risque à court terme, et ainsi d’une baisse des marchés boursiers. Récemment, la baisse des taux observée depuis avril a entrainé une pression baissière sur l’inflation, provoquant une chute du pétrole dans les semaines qui ont suivi.
Quelles perspectives structurelles pour le pétrole ?
La variation hebdomadaire moyenne du pétrole depuis 1986 est de +0,347%, c’est-à-dire en moyenne +1,4% par mois. De même, la volatilité annualisée du pétrole est de plus de 32%. Avec un baril de WTI à 70$ actuellement, cela revient à écrire que le pétrole à plus de 2 chances sur 3 de se retrouver entre 47$ et 92,5$ le baril à l’automne 2022.
Pour comparer le pétrole par rapport à la norme de ses variations, nous pouvons utiliser notre indicateur de variations cumulées. Comme expliqué dans notre publication précédente [voir], cet indicateur permet de mesurer le risque de correction et émet des signaux fiables en fonction du seuil atteint. Le graphique ci-dessous reprend la courbe de l’indicateur (en bleu) et le cours du pétrole (pointillés).
On notera principalement le fait qu’une correction du pétrole a suivi à chaque fois que l’indicateur est passé sous la ligne 0. Plus le passage sous la ligne 0 est durable ou répétitif, plus le risque de forte correction est grand (août 2006, août 2008, août 2014, juillet 2015, octobre 2018 et décembre 2020). Actuellement, sur la première semaine de septembre 2021, l’indicateur est à 8, contre 4 en août. Cela signifie que le risque de mouvement baissier est immédiatement éloigné mais peut surgir rapidement.
Le récent choc sur le pétrole est illustré par un pic d’une intensité inégalée, avec un minimum à -100 (fort signal d’achat en mai 2020, équivalent à celui de 2008) et un maximum à 100 quelques mois plus tard. De même, les grands signaux acheteurs apparaissent quand un minimum sur l’indicateur a été confirmé.
En bref.
En bref, le pétrole est un actif à l’influence stratégique sur les marchés. L’évolution du pétrole évolue en parallèle à l’évolution du risque et de l’économie. Le pétrole détermine et est déterminé en grande partie par l’inflation et la croissance économique. En cela, le pétrole demeure un indicateur avant-gardiste quant à l’évolution de la plupart des marchés boursiers. Actuellement, le pétrole est dans une zone neutre sur quelques mois. Néanmoins, un ralentissement de l’économie, de l’inflation ou une nouvelle chute des taux menacerait le pétrole d’un risque correctif.