Tous les pays en parlent de plus en plus… Et la crise économique qui arrive selon certains, qui est déjà là selon d’autres, est une des raisons d’en reparler : le protectionnisme.
La mondialisation, de par la concurrence accrue avec les pays en développement qu’elle entraîne, est tenue pour responsable des délocalisations et licenciements massifs dans les secteurs les plus riches en main d’œuvre peu qualifiée. Le protectionnisme est le plus souvent la réponse préconisée contre les effets de la mondialisation et correspond au refus de laisser les produits fabriqués à bas prix, dans des pays qui ne sont pas soumis aux mêmes réglementations sociales et environnementales que dans les pays les plus riches, envahir nos économies.
Particulièrement iconoclaste à gauche, cette idée de protectionnisme n’est toutefois pas nouvelle dans le champ politique. Pendant la présidentielle de 2022, la candidate du Rassemblement National, Marine Le Pen, souhaitait instaurer une « priorité nationale » dans l’attribution des marchés publics. De la même façon, François Fillon, représentant des Républicains, défendait la mise en place d’un « patriotisme économique » en 2017. Quant à l’échelon local, des candidats en avaient fait l’un de leurs chevaux de bataille lors des élections régionales de 2015. La région Auvergne-Rhône-Alpes de Laurent Wauquiez (LR) est ainsi devenue la première à instaurer des clauses de préférences locales en 2016.
Mais avant de poursuivre, définissons ensemble ce qu’est le protectionnisme.
Le protectionnisme correspond à une doctrine économique mais également à une politique économique qui, à travers l’instauration de barrières tarifaires et non tarifaires, vise à limiter les importations de biens et de services afin de favoriser ou de protéger la production nationale de la concurrence étrangère et ainsi rééquilibrer la balance commerciale. La principale barrière tarifaire est le droit de douane, c’est-à-dire un impôt prélevé sur une marchandise importée lors de son entrée sur le territoire national. L’objectif de cette mesure est d’augmenter le prix des produits importés afin d’en décourager la consommation. Par exemple, les Etats-Unis ont récemment instauré des droits de douane sur les importations de panneaux solaires chinois.
Les autres instruments du protectionnisme sont des mesures non tarifaires comme l’embargo commercial (imposer une interdiction d’importer certains produits), les contingentements d’importation (fixer des quotas d’importations comme pour les importations de voitures japonaise aux Etats-Unis dans les années 1970-1980), les barrières réglementaires (imposer le respect de normes techniques, sanitaires, environnementales aux produits importés afin d’en augmenter le coût ou d’en rendre impossible l’importation, par exemple, l’interdiction en Europe des importations de produits génétiquement modifiés), etc.
En période de crise, les gouvernements sont souvent tentés de se protéger contre la concurrence étrangère en se repliant sur eux-mêmes. D’où la question que nous posions en introduction. De fait, s’ils sont inondés par des produits importés peu chers, qui mettent à mal les économies domestiques, ils pensent qu’en empêchant ces produits d’entrer dans leur pays, ils sauveront leur industrie et feront repartir la croissance.
C’est le raisonnement qui fut tenu en Europe et aux États-Unis à la suite de la crise de 1929, et plus récemment aux États-Unis par Donald Trump ou encore Joe Biden. Lors de sa rencontre avec Emmanuel Macron en début de mois, il a été question de protectionnisme, le président français ayant fustigé les mesures d’aide de l’état américain aux entreprises américaines, celles-ci s’apparentant à du protectionnisme.
L’histoire n’a jamais donné raison sur le long terme à l’approche protectionniste; on connaît les conséquences néfastes qu’a eue l’escalade des mesures protectionnistes dans les années 1930, et on a pu constater, à l’inverse, une période de prospérité après-guerre qui est allée de pair avec la baisse progressive des barrières douanières à la suite des accords du GATT, puis dans le cadre de l’OMC.
On pourrait donc se demander si le protectionnisme est une politique judicieuse. Quels sont les avantages et les inconvénients du protectionnisme ?
Ce que nous verrons dans un prochain article…