Alors que le cours de l’or est revenu brièvement sur le support pluriannuel des 1 680$ l’once, le cours de l’or est en légère baisse (de près de 2 %) par rapport à ses niveaux de début d’année 2022. Aussi, la situation en euros est bien différente. En effet, la baisse de l’euro a entraîné une valorisation du cours de l’or (exprimé en euros) de plus de 9 % depuis le 1er janvier ! Cependant, la stagnation du cours de l’or semble aussi se manifester. Comment expliquer cette stagnation ? Quelles forces de marché se sont manifestées sur le second trimestre ?
La demande en baisse, l’offre en hausse
L’évolution récente du cours de l’or est essentiellement explicable par des forces structurelles du marché. Pour l’heure, les chiffres ne sont pas alarmistes et montrent un ajustement somme toute assez naturel. Sur un an, la demande d’or physique comme rapportée par le World Gold Council (WGC) est en baisse de 8 % sur un an. Cette baisse est essentiellement portée par le recul marqué de la demande d’investissement, qui est passée de 554 tonnes sur le premier trimestre à un peu plus de 200 tonnes sur le second trimestre.
De l’autre côté du marché, l’offre minière est en progression sur un trimestre de près de 7 %, contre une hausse de près de 4 % sur un an. D’après le WGC, la hausse de l’offre minière est principalement expliquée par la fin des restrictions COVID qui ont plombé la production d’or physique. Aussi, l’offre d’or recyclé, qui représente environ 20 % de toute l’offre, est en progression d’un peu plus de 4,5 % sur un an. Sous cet effet, on assiste à une moindre demande et une offre plus abondante.
On voit donc bien, sous l’impulsion d’inexorables forces de marché, que le cours de l’or est gardé sous pression baissière. Ainsi, plusieurs scénarios de prix s’offrent à nous d’ici la fin 2022 :
- Un scénario de reprise de la tendance haussière. Le retour de la tendance haussière est pertinent dans le cas d’un retour suffisamment rapide et soutenu de la demande d’investissement notamment. Par ailleurs, cela suppose la maintien ou la diminution de l’offre d’or physique.
- Un deuxième scénario d’accélération de la baisse de l’or. Dans ce cas, on assisterait à une augmentation de l’offre de minière et/ou un déficit de demande des secteurs de l’investissement et de la bijouterie principalement.
Quelle est l’influence de la rareté de l’or sur son prix ?
C’est un grand débat que de traiter de l’influence de la rareté de l’or sur son prix. Cependant, il apparaît qu’il existe bien un lien réel entre le cours de l’or et sa rareté. Tout d’abord, il est important de rappeler la corrélation entre le coût de production de l’or et le cours de l’or lui-même. En effet, 80 % de l’offre d’or provient des compagnies minières. En ce sens, toute influence de long terme significative passe inévitablement par l’ajustement de l’offre minière.
A travers le graphique ci-dessous, nous avons représenté le cours de l’or (en rouge) avec le modèle stock-to-flow (S2F, en bleu). Le modèle stock-to-flow est un moyen de mesurer l’évolution de la rareté d’un actif. Pour ce faire, le ratio se calcule en divisant le stock d’or déjà disponible par la quantité d’or minée, c’est-à-dire le flux annuel d’or nouveau qui arrive sur le marché (stock/flux).
On remarque alors effectivement l’influence non négligeable des flux d’or sur son prix. En clair, la rareté des flux de production d’or est directement liée au cours de l’or. Entre 2011 et 2016, le ratio stock-to-flow a subi une dégradation continue, c’est-à-dire une abondance d’offre, qui a également mené le prix de l’or sur des plus bas. Il a fallu attendre 2018 pour observer une raréfaction des flux d’or, probablement sous l’effet de la moindre rentabilité des compagnies minières depuis quelques années, pour finalement assister à la croissance du prix de l’or. On remarque nettement que les flux d’offre d’or ont plombé le cours de l’or en 2021, tout comme en 2022.
L’enjeu est désormais de savoir si l’afflux de production d’offre minière est un phénomène durable. Pour l’heure, la rentabilité des principales compagnies minières semble préservée, mais certains rapports au seins de négociants laissent suggérer qu’il est difficile pour beaucoup de compagnies de céder l’or sous un cours de 1 700 $ l’once environ. On retrouve ici le support majeur observé depuis bientôt un an et demi.
Par ailleurs, l’inflation plus ou moins globalisée et les difficultés d’approvisionnement et la hausse des coûts inhérents au minage (machines, carburants, main-d’œuvre…) nous laissent globalement optimistes sur l’évolution du cours de l’or. Un scénario comme celui de 2011-2016 est donc pour l’heure exclu.