L’économie mondiale est actuellement témoin de bouleversements majeurs avec l’émergence des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) en tant que nouvelle puissance politique et économique. Cette émergence est révélatrice pour le grand public des changements géopolitiques majeurs qui se produisent actuellement dans le monde.
Les BRICS ont été officiellement créés le 16 juin 2006. La formation de ce groupe de pays est le résultat d’une initiative conjointe entre le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, qui ont organisé une première réunion à Yekaterinburg, en Russie, pour discuter de questions économiques et de coopération. En 2010, l’Afrique du Sud les a rejoints, donnant ainsi naissance aux BRICS tels que nous les connaissons aujourd’hui. Depuis lors, un sommet annuel est tenu entre les cinq protagonistes, travaillant à renforcer leur coopération dans divers domaines tels que l’économie, le commerce, la finance et les affaires internationales. Mais depuis quelques mois, ces pays affichent ouvertement leur volonté de réduire leur dépendance au dollar américain (USD), qui occupe actuellement une position de suprématie dans les échanges internationaux. Cette initiative de dédollarisation soulève des interrogations quant à l’avenir de la domination du dollar et à ses conséquences sur l’économie mondiale. De plus, elle suscite des préoccupations quant à la géopolitique et à d’éventuels conflits qui pourraient surgir de ces décisions. Initiatives vues d’un très mauvais œil par les États-Unis, qui sont les plus directement concernés.
Ce mouvement “contestataire” tire ces racines de la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Au sortir de 1945, les échanges commerciaux internationaux ont abandonné l’utilisation de l’or au profit du dollar américain. Cette transition a été rendue possible grâce aux accords de Bretton Woods, qui ont été établis en 1944. À cette époque, les États-Unis détenaient près de 70% des réserves d’or mondiales, ce qui leur a permis d’assumer le rôle de convertibilité du dollar en or en dehors de leurs frontières. Le dollar est devenu la monnaie internationale par excellence au détriment de la Livre Sterling et du Franc Français qui s’appuyaient sur leur dominations coloniales de l’époque.
Les accords de Bretton Woods ont ainsi créé un système de taux de change fixes, où les monnaies étaient liées au dollar et le dollar était fixé à une valeur fixe par rapport à l’or. Cette convertibilité en or a conféré au dollar une stabilité et une confiance qui ont permis son adoption généralisée dans les transactions internationales. En devenant la principale monnaie de réserve et de règlement dans le commerce international, le dollar a été perçu comme la valeur refuge pour les investisseurs avec environ 88% des échanges commerciaux libellés en dollar. Imaginez que 100% du pétrole s’échangeait, il y a encore quelques mois, en dollars US. Hégémonie qui oblige de facto une réserve de billets verts à tout le système bancaire mondial. Une des conséquences majeures de cette situation est que la position prédominante du dollar a renforcé la domination économique et militaire des États-Unis, jusqu’à en abuser.
Au fil du temps, des préoccupations ont émergé quant à l’influence et au contrôle que les États-Unis exerçaient sur l’ensemble du monde grâce à leur monnaie. A de multiples reprises, l’Oncle Sam a utilisé le dollar comme une arme économique en imposant des sanctions financières et des amendes à des pays ou des entreprises qui désobéissaient à leurs prérogatives. Le gendarme du monde s’est alors transformé en père fouettard. De là est né une volonté croissante de la part des pays émergents, tels que les BRICS, de réduire leur dépendance vis-à-vis du dollar. Mais ce fut aussi l’une des principales raisons qui ont motivé les Européens a créé leur propre monnaie: l’Euro.
Car c’est encore pire que ce que vous pourriez penser. Les Etats-Unis utilisent le dollar comme une arme économique contre leurs propres alliés historiques. Ainsi, en 2014, la BNP, banques française, a subi les foudres de l’Oncle Sam et a dû payer une amende record de 9 milliards de dollars pour avoir commercer notamment avec l’Iran. Il parait que ça s’appelle l’extra-territorialité du droit américain. OK, d’accord, vous êtes donc les rois du monde? Le général De Gaulle, de son temps, avait d’ailleurs compris bien avant les autres que les Etats-Unis allaient imposer leur vision du monde via leur puissance monétaire. C’est pour cela que la Banque de France avait commencé dès 1965 à échanger systématiquement ses dollars contre de l’or et à abandonner la monnaie américaine. Comme quoi la dédollarisation et l’ingérence américaine datent de loin… très loin. A vrai dire la date est bien connue: c’est celle du 6 juin 1944, jour du débarquement en Normandie. En oubliant volontairement De Gaulle sur les rives de la Tamise, Roosevelt voulait déjà prendre la main sur de futures colonies économiques en y installant ses hommes de main à la botte de la CIA. Vous comprenez mieux pourquoi les européens tiennent tant à cette monnaie quasi continentale.
Ainsi, les BRICS qui s’ouvrent à de nombreux autres pays ont manifesté leur intention de promouvoir l’utilisation de leurs propres monnaies dans les échanges commerciaux et de réduire leur exposition au dollar, dans la roue des européens qui sont les véritables précurseurs du mouvement. La création d’une monnaie unique est même dans les tuyaux. Les protagonistes cherchent donc à établir un système monétaire mondial plus équilibré et polycentrique, remettant en question la suprématie du billet vert. Du coup, les candidatures affluent, les américains ont trop tiré sur la corde. Cette initiative de dédollarisation soulève des questions sur l’avenir du dollar en tant que monnaie dominante et les conséquences que cela pourrait avoir sur l’économie mondiale.
Alors évidemment que les sceptiques, voire des influenceurs peu regardant sur la came qu’ils distillent au grand public vous diront que c’est un long serpent de mer et que le dollar ne disparaîtra pas. Bien évidemment qu’il ne disparaîtra pas. Mais on ne parle pas vraiment de cela ici. Il s’agit de l’arme de terreur économique que peut-être le billet vert. Ils ont terrorisé… Les oppressés se rebiffent. Le dollar perd de sa superbe, l’influence hégémonique des USA s’effiloche à grande vitesse. Eh oui j’utilise le présent car le mouvement est bien en cours. Pour preuve…
L’Arabie saoudite a passé un accord avec la Chine pour vendre son pétrole en Yuan brisant ainsi l’accord américano-saoudien datant du début des années 70 qui instituait l’hégémonie du pétrodollar. Tandis que les Émirats Arabes Unis se mettent à vendre leur or noir en roupies indiennes. Le Brésil, quant à lui, a récemment abandonné le dollar dans ses échanges avec la Chine et l’Egypte a même émis des obligations en Yuan. La crise est telle que seul les chinois sont intervenus pour sauver l’Egypte de la banqueroute. De leur côté, les membres de l’ASEAN (L’Association des Nations d’Asie du Sud-Est qui regroupe 10 États) délaissent petit à petit le dollar pour promouvoir des moyens de paiements locaux. TotalEnergie vient de livrer du GNL de Golfe Persique via une transaction libellée en Yuan. La Russie commerce plus avec le Yuan qu’avec le Dollar depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Moscou a aussi redoré le blason de son rouble en vendant son pétrole dans sa monnaie nationale. Fini le pétrodollar. Incroyable, mais c’est bien ce qu’il se passe devant nous actuellement. Et ce n’est que le début.
Car la part croissante de ces 5 pays dans le PIB mondial pourrait bien leur permettre d’arriver à leurs fins et plus vite que l’on pourrait le penser. Les BRICS n’ont plus rien à envier aux pays du G7 (USA, Canada, Allemagne, Etats unis, UK, Allemagne, Italie et Japon). A vrai dire, d’ici quelques années, il est fort probable qu’ils les dépassent en termes de PIB car c’est déjà le cas en terme de quantité de population mais aussi de jeunesse de celle-ci. De plus, les candidats ont les portes grandes ouvertes : 18 pays ont officiellement candidaté pour devenir des membres des BRICS. L’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, l’Egypte, l’Algérie, l’Argentine, le Mexique et le Nigéria font partie de la cohorte de candidats à l’adhésion.Et vous remarquerez que ce ne sont pas les derniers venus: beaucoup de producteurs de pétrole. A vrai dire, tous les pays ayant des soucis avec la sphère financière internationale se tournent vers l’autre solution qu’est la puissance économique chinoise et plus généralement des BRICS. Et devinez quoi, en commerçant avec leur monnaie, tous ces pays découvrent que la dévaluation permanente de leur monnaie n’est plus une fatalité. La liberté économique passerait donc par une relocalisation des flux financiers. une bonne nouvelle pour tout le monde sauf un: les Etats-Unis.
En conclusion, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont clairement exprimé leur volonté de réduire leur dépendance au dollar américain dans les échanges internationaux. Cette initiative de dédollarisation remet en question la suprématie du dollar américain en tant que monnaie dominante. Elle suscite des interrogations quant à son avenir et aux conséquences sur l’économie mondiale. De leur côté, les BRICS cherchent à établir un système monétaire mondial plus équilibré et polycentrique, favorisant l’utilisation de leurs propres monnaies et promouvant des moyens de paiements locaux. Cette tendance s’observe également avec d’autres pays et régions qui cherchent à diversifier leurs transactions et à se libérer de l’influence économique américaine. Les BRICS, en raison de leur poids économique croissant, joueront donc un rôle prépondérant dans les affaires mondiales et accéléreront ce processus de dédollarisation. Il convient tout de même de noter que le dollar ne disparaîtra pas complètement, mais son influence hégémonique s’affaiblira et de nouvelles dynamiques économiques émergeront, ce qui annonce des changements significatifs dans le paysage monétaire et géopolitique mondial. La guerre d’Ukraine n’est peut-être que la première d’une longue série…