Le palladium est souvent considéré comme un « métal précieux ». Son prix est effectivement supérieur à celui de l’argent et surtout supérieur de l’or depuis janvier 2019. Néanmoins, la structure du marché du palladium diffère fortement de celle des métaux précieux traditionnels, à savoir l’or et l’argent. On s’intéressera ici à la structure du marché du palladium et son évolution récente. Non sans lien au cycle économique, le palladium se comporte d’une manière statistiquement similaire à celle d’autres matières premières. Son évolution récente valide un signal baissier enregistré depuis le printemps. Tandis que l’évolution de la reprise à court va influencer le cours, l’évolution de l’économie mondiale à long terme sera d’autant plus déterminante.
Le palladium en bref.
Caractéristiques fondamentales
Le palladium n’est rien de plus qu’un métal du groupe du platine. Il est donc de la famille chimique des métaux comme le rhodium, le platine, le rhénium, etc… Près de 80% de la demande de palladium est ainsi destinée à l’industrie automobile afin de fabriquer des catalyseurs contre la pollution sur les voitures essence. De son côté, le métal platine sert de catalyseur contre la pollution sur les voitures desiel.
En 2019, la production mondiale était de 210 tonnes, dont 41% provenaient de Russie (principalement à travers la compagnie Norilsk Nickel OJSC), et 38% d’Afrique du Sud. La production annuelle reste globalement stable, avec 220 tonnes en 2018 et 210 tonnes en 2017. Le phénomène de hausse prononcée du palladium est un phénomène assez récent, avec une accélération forte de la hausse en 2017. Au-delà de l’expansion globale du marché automobile, la principale raison est l’intérêt écologique croissant de ce métal. En 2020, les analystes d’UBS précisaient que « sur les quinze dernières années, la production de palladium a baissé d’un million d’onces, ou 12 %, tandis que les besoins ont progressé de 4 millions d’onces, ou 57 % ».
Statistiques et palladium.
Le calcul des données du palladium depuis 1977 nous permet de mieux saisir ses caractéristiques fondamentales. La variation journalière moyenne du palladium depuis 1977 est de +0,053% par jour, soit en moyenne une hausse de +0,12% par mois, ce qui peut paraître peu. En effet, le vif intérêt pour le palladium, notamment en raison des mesures écologiques, n’est qu’assez récent. La volatilité annualisée mesurée (à partir des données journalières) s’établit quant à elle à 32%, soit une volatilité fortement similaire à celle du pétrole. Un palladium au prix actuel de 1980$ l’once implique qu’il y aurait plus de 2 chances sur 3 pour avoir un cours compris entre 1500$ et 2600$ l’once à l’automne 2022.
Le palladium connaît donc un vif intérêt depuis ces dernières années. Néanmoins, la forte correction récente s’insère dans un contexte de (1) un ralentissement de la reprise économique et du dynamisme de l’industrie automobile et (2) un détournement des constructeurs vers le platine, deux fois moins cher. Statistiquement (voir ci-dessous), le palladium a atteint sa plus forte intensité de hausse en février 2020, ce qui signifie que nous sommes en formation d’une divergence baissière statistique depuis cette date. La correction de la fin d’été s’inscrit donc dans la validation de cette divergence baissière, c’est-à-dire que le cours ne pouvait pas être alimenté fondamentalement par rapport aux indicateurs.
Intensité des mouvements.
Le graphique ci-dessous reprend notre indicateur privilégié pour mesurer la force comparative des mouvements dans le temps. Cet indicateur de variations cumulées (nommons CVI en anglais) permet d’observer graphiquement les probabilités de correction ou de hausse dans les semaines suivantes (typiquement 3 à 4 semaines après le signal pour la mesure de notre indicateur ici). Comparer les variations (ici les variations des 45 derniers jours avant la date indiquée sur l’indicateur), et leur récurrence, permet de déduire des probabilités de correction.
Par exemple, la quasi-totalité des passages sous la ligne 0 ont été suivis quelques semaines plus tard par une correction plus ou moins violente. De même les baisses sont souvent indiquées par la validation d’un sommet sur l’indicateur, qui demeure très canalisé dans le temps. Pour se concentrer récemment, l’indicateur avait touché un sommet majeur validé la semaine du 24 février 2020, c’est-à-dire une semaine avant la première correction majeure du palladium. On notera que ce sommet de l’indicateur était très élevé, ce qui montre que la plus forte intensité de hausse a été atteinte en début d’année. L’indicateur a ensuite donné un signal d’achat fin mai avant le prochain pic de l’indicateur (signal de vente) qui a été le 11 mai 2020. De son côté, le signal de correction, avec un passage durable sous la ligne 0, a été donné mi-juillet.
En bref.
La démonstration statistique nous permet de voir que le pic de la hausse sur le palladium a été atteinte en février 2020. Depuis cette date, nous évoluons dans une phase de ralentissement des performances et de tendance baissière depuis août. De plus, la cyclicité longue montre l’engagement d’une période avec moins de surperformance pour les prochains mois. Néanmoins, depuis près d’une semaine, l’indicateur de variation semble changer de tendance, signal qui pourrait être validé ou invalidé d’ici une dizaine de jours.