Dans son Rapport Annuel sur l’Épargne Réglementée de 2022, la Banque de France met en avant la popularité de l’épargne réglementée l’année dernière, en particulier pour le Livret A.
La collecte pour ce livret bancaire réglementé atteint en effet un plus haut en 10 ans avec une collecte nette de 29 milliards d’euros. Les ouvertures de Livret A ont aussi atteint leurs plus hauts niveaux depuis 2012 à 3,1 millions de comptes.
La première raison derrière ce niveau de collecte important et de la popularité de ce livret est la hausse récente des taux de rémunération qui s’adapte d’une certaine manière à l’inflation. Il est, en effet, passé de 0,5 % à 1 % au 1er février 2022, puis à 2 % le 1er août 2022 avant d’être augmenté à 3 % au 1er février 2023 et d’être gelé à ce niveau le 1er août 2023.
Ces taux relativement attractifs pour les Français souhaitant placer leur argent sur un livret bancaire réglementé dont la somme est disponible facilement a aussi profité du « surplus d’épargne financière » qui a été accumulé par les Français lors de la crise sanitaire.
Le contexte économique incertain de l’année dernière, marqué par des événements tels que la guerre en Ukraine, une augmentation significative de l’inflation et un resserrement des politiques monétaires, a renforcé le sentiment de « l’épargne de précaution » en France, poussant davantage les gens à conserver leurs ressources financières.
Quelques chiffres intéressants concernant le Livret A du Rapport de la Banque de France
- Nombre de Livrets A au 31 décembre 2022 : 56 millions.
- Augmentation du nombre de Livrets A en 2022 : +0,5 % à 300 700 unités.
- Taux de détention des personnes physiques en 2022 supérieur à celui de 2021 : 81 %.
- Encours du Livret A en 2022 en hausse : 375 millions d’euros.
- Collecte nette record depuis 2010 l’année dernière : +26 millions.
- Encours moyen du Livret A : 6 531 euros.
- Nombre de Livrets A inactifs : 4,9 millions.
- Les épargnants de plus de 65 ans détiennent 21 % des Livrets A, ce qui correspond à leur poids dans la population française au 1er janvier 2022.
- Ils représentent en revanche 34 % des encours.
- Les 18-25 ans et les plus de 65 ans sont les catégories qui enregistrent la plus importante croissance des encours (+ 10,4 % et + 10,5 % respectivement).
- Alors que leur poids dans la population française n’est que de 8 % en 2022, 34 % des Livrets A ouverts l’ont été par des étudiants et des mineurs.
- La Lozère, la Haute-Loire et l’Aveyron sont les départements ayant l’encours moyen le plus important.
- La Seine-Saint-Denis, l’Aisne et le Val-d’Oise sont les départements ayant l’encours moyen le plus faible.
- Le Livret A constitue une épargne stable, puisque 59 % d’entre eux ont plus de 10 ans et regroupe 64 % de l’encours.
C’est quoi le Livret A ?
Le Livret A est un livret d’épargne réglementée du gouvernement français permettant aux particuliers de profiter d’un moyen de placement défiscalisé dans la mesure d’un plafond de 22 950 euros. Les fonds collectés sont dédiés au financement de logements sociaux et du renouvellement urbain.
Le gel du taux du Livret A jusqu’en 2025 fait débat
En tant que produit d’épargne réglementé par l’État, c’est ce dernier qui décide de son taux. Or le taux du Livret A devrait varier en fonction de l’inflation pour que les utilisateurs puissent d’une certaine manière préserver leur pouvoir d’achat.
Les taux du livret A peuvent ainsi varier tous les 1er février et les 1er août, car la Banque de France revoit le taux deux fois par an en janvier et en juillet.
L’arrêté du 28 juillet 2023 prévoit en revanche que le taux du Livret A sera de 3 % du 1er août 2023 au 31 janvier 2025. Pour la Banque de France et le ministère de l’Économie, la France fait face à des « circonstances exceptionnelles » concernant la forte inflation et la hausse des taux d’intérêt qui a suivi.
Cela lui permet notamment de s’affranchir de la formule de calcul classique du taux d’intérêt basée sur la moyenne semestrielle du taux d’inflation, mais aussi des taux interbancaires à court terme (avec un taux plancher de 0,5 %).
Alors que le taux du Livret A aurait dû être de 4,1 % au 1er août 2023, il a donc été décidé de le geler alors que l’inflation semble commencer à ralentir pour éviter d’augmenter le coût de financement de la création de logements sociaux. Cette décision a aussi été prise comme « une promesse en faveur de l’épargnant » d’après le gouverneur de la Banque de France, car les anticipations d’inflation sont à la baisse pour 2024 (2,5 %) et pour 2025 (2 %).
Malgré tout, il semblerait que la réglementation n’ait pas été respectée ici, ce qui a poussé un professeur de droit (Paul Cassia) à déposer un recours au Conseil d’État. Affaire à suivre…