Alors que la fin du premier mois de 2023 approche, le CAC 40 est à moins de 4 % de ses plus hauts. En tout, depuis son point bas du 29 septembre 2022, le CAC 40 a rebondi de plus de 25 % ! Une performance qui mérite d’être soulignée… Mais comment analyser cela d’un point de vue statistique ? Au-delà des bons résultats, et surtout du rebond du luxe, les indices européens jouissent d’une force relative favorable depuis l’automne 2022.
Rebond interminable… Mais nécessaire ?
Dans un tweet du 28 octobre 2020 (lien), nous insistions sur la forte probabilité d’assister à un revirement de la tendance du marché. Ce signal était alors matérialisé dans le graphique ci-dessous par le dernier trait vertical en vert, qui représente les dates auxquelles une variation extrême (qui représentent 1 % des variations les plus grandes) s’est produite.
Par suite, on a effectivement validé une forte impulsion haussière désormais proche des nouveaux sommets. De plus, cette impulsion haussière semble avoir été suffisante pour valider une sortie du marché baissier enclenché il y a 1 an. En effet, comme le montre le graphique ci-dessous, l’intensité des variations haussières est devenue durablement positive (indicateur dans le graphique du haut > 10). On en déduit donc le retour d’un nouveau cycle haussier.
Néanmoins, on pourrait aussi percevoir ce mouvement haussier comme un mouvement exagéré. Malgré tout, il est difficile de dire si ce fut la baisse qui a été exagérée, auquel cas le rebond ne serait pas exagéré, ou bien si effectivement la construction de la hausse actuelle se fait sans soutien fondamental (ce qui est légèrement moins probable au regard des derniers chiffres).
Enfin, on voit très bien dans le graphique du bas le range entre 6 000 et 7 000 points qui est intégré depuis début 2021 sur le CAC 40. Ce range est désormais testé par le haut au-delà des 7 000 points. Il est notable, par ailleurs, que le précédent range entre 5 000 et 6 000 points (hors baisse exagérée du COVID) a été intégré début 2019 avant d’être cassé début 2021, soit un peu plus de deux ans. De manière analogue, il est assez naturel que l’on tente une cassure début 2023 pour tester le range 7 000 // 8 000, deux ans après l’intégration du range 6 000 // 7 000.
Surperformance sur les USA
Le graphique ci-dessous montre le ratio CAC 40 / Dow Jones. On voit clairement qu’entre 2020 et 2021, la valeur du CAC 40 par rapport à celle du Dow Jones a chuté de plus de 15 %. A l’inverse, la hausse du marché en 2021 a essentiellement profité à l’indice français qui a regagné une valeur comparable à celle d’avant crise avec le Dow Jones. Le marché baissier en 2022, sur fond de guerre en Ukraine, a donc tout particulièrement pénalisé les indices européens. La valeur du CAC 40 face au Dow Jones a reperdu l’équivalent observé durant le krach du COVID.
Beaucoup d’institutionnels ventent (ou en tout cas se repositionnent) les mérites de l’Europe. Mais ceci serait être trop précipité à nos yeux. En effet, la hausse du ratio CAC40 / Dow Jones n’est que modérée. La valeur de ce dernier ratio passant de 0.18 en novembre 2022 à 0.20 en janvier 2023 (+11%). Or ce dernier sommet de la valeur relative du CAC 40 n’est pas seulement inférieur à son niveau de juin 2022, il s’est encore affaibli en janvier. Nous n’assistons donc pas à un regain d’intérêt massif en faveur de l’Europe dans ce rebond…
Un rebond global
Il serait assez limitatif de traiter uniquement du rebond du CAC 40, car comme nous l’avons vu, les indices américains suivent globalement (hors technologie et MSCI). C’est aussi le cas des métaux. Le cours de l’or (en dollars) a rebondi de plus de 18 % depuis ses plus bas en novembre. C’est-à-dire proportionnellement moins que le CAC 40, mais de manière tout aussi impulsive. Là encore, l’impulsion haussière était indiquée par une série d’indicateurs concordants en novembre 2022 (lire plus).
Le graphique ci-dessus montre le ratio CAC 40 / Or (en dollars). On voit qu’après une nette surperformance de l’or en 2020, et une revalorisation relative du CAC 40 en 2021, le cours du métal jaune semble aujourd’hui évoluer conjointement au CAC 40. Preuve d’un rebond globalisé à de nombreux actifs…
Enfin, un questionnement demeure dans notre analyse. Nous avons vu que nous étions d’une part en haut d’un range. D’autre part, nous avons vu que l’intensité des variations était susceptible de connaître des résistances (graphique 2). On en conclu donc que si le rebond du marché a été impulsé, il semble aussi montrer des signes d’essoufflement. C’est-à-dire qu’on pourrait entrer dans une phase, plus ou moins brève, de temporisation pour le mois de février. Cela corrèle avec la cyclicité du CAC 40 énoncée il y a plus de 6 mois.