Alors que la récession pointe de plus en plus le bout de son nez en Europe (voir article précédent : Bientôt la crise… Mais quelle crise? – Youtrading FR), les capitaux ont tendance à fuir l »Europe. On le voit avec les taux d’intérêt obligataires qui flambent un peu partout depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, et de la guerre économique et médiatique que livre l’Europe à la Russie. Rappelons que si les taux de rendement obligataires flambent, cela signifie que les obligations voient leur cours baisser, donc leur rendement est supérieur… Et si leur cours baisse, c’est car les capitaux fuient… Si on prend, pour ce qui concerne la France, le taux de rendement de l’OAT 10 ans, le mouvement haussier s’est certes essoufflé ces derniers temps mais la hausse demeure impressionnante depuis l’époque, pas si lointaine (fin 2021), où ce taux de rendement était négatif…
Si les capitaux fuient, c’est car l’implication de l’Europe (du moins l’Europe politique) dans le conflit, inquiète. Les pénuries de matières premières ont entrainé une forte inflation sur les prix alimentaires partout en Europe. Sans parler de l’énergie. Vu que la croissance ne semble pas au rendez-vous (les chiffres du PIB au 2e trimestre seront annoncés très bientôt), le pouvoir d’achat des français et des européens en général, est en forte baisse. Ce n’est pas pour rien qu’en France, pays dont l’économie est notoirement administrée par l’Etat, le gouvernement vient de faire voter à l’Assemblée Nationale (avec plus ou moins de succès selon les articles présentés), une loi dite « pouvoir d’achat » visant, en particulier à maintenir les prix à la pompe autour des 1.50€ le litre de carburant, à partir de septembre, cela avec le concours de Total Energies d’ailleurs.
Mais l’ensemble du vieux continent n’est pas concerné par cette fuite de capitaux ni par cette inquiétude. En effet, la Suisse, qui, comme toujours dans les conflits, qu’ils lui soient proches ou lointains, affiche sa neutralité, bénéficie au contraire d’un statut de « puissance refuge », de la même manière qu’en bourse on parle de « valeurs refuge ». Ainsi, le taux de l’obligation 10 ans en Suisse, a nettement moins flambé qu’en France. Il se situe aujourd’hui à 0.81% contre 1.72% pour la France. C’est largement deux fois moins! Plus aucun pays, aujourd’hui, ne voit ses taux obligataires en zone négative. On dira qu’une certaine vérité économique a été rétablie, car le fait de voir des taux négatifs n’avait rien de normal. Mais parmi tous les pays, la Suisse est un de ceux qui maintient des taux parmi les plus faibles…
On l’a donc compris : dans le contexte actuel, les capitaux vont là où la situation, tant économique que politique semble la plus sûre aux investisseurs qui les possèdent.
La sécurité est rémunérée.
Dans ce contexte, ils choisissent davantage la Suisse que la zone Euro, très impliquée dans le conflit.
Voilà pourquoi il n’est pas étonnant de constater que le Franc Suisse a fortement grimpé face à l’Euro.
Le phénomène n’est pas nouveau : le Franc Suisse (CHF) n’a fait que monter face à l’Euro depuis la crise de 2008 (et donc corrélativement l’Euro n’a fait que baisser face au CHF). Un plus haut de l’Euro face à la devise helvétique avait été atteint en 2007 à 1.63CHF. On en est loin! Car voilà que la crise du Covid puis la guerre en Ukraine, avec la flambée des taux en Europe, en ont rajouté… Et désormais l’Euro est sous la parité face au CHF… Aujourd’hui un euro vaut moins qu’un franc suisse. Ce qui, évidemment ne facilite pas la vie des français, allemands, italiens ou espagnols qui vont séjourner en Suisse, mais qui peut en revanche attirer du tourisme suisse dans les pays cités…
La ligne de la parité EUR/CHF avait déjà été touchée fin 2014 mais l’Euro avait ensuite rebondi pour s’établir entre 1.10 et 1.15 CHF la plupart du temps des dernières années.
Mais voilà désormais que le support de la parité a été cassé et vu que l’Euro est en terrain inconnu face au CHF, c’est désormais un no man’s land baissier qui est devant lui… Rien n’est désormais impossible… Pour ceux qui veulent se loger en Suisse, bon courage!