Le taux de l’OAT France 10 ans est emblématique de la confiance que les investisseurs accordent à notre pays (plus il est bas, plus cette confiance est élevée). C’est le taux de rendement des obligations du trésor à 10 ans.
L’EURIBOR 1 an représente pour sa part le taux auquel les banques se prêtent de l’argent entre elles.
Ces deux taux sont très importants pour les banquiers. Plusieurs d’entre eux me l’ont confié : ce sont ces taux qui conditionnent les taux de crédit que les banques octroient aux particuliers et aux entreprises. Donc plus ils sont élevés, plus c’est une menace pour les entreprises endettées. Par ailleurs, le taux de l’OAT détermine aussi les charges d’intérêt qui pèsent sur le budget du pays. Plus ce taux est élevé, plus la France devra rembourser avec des intérêts supplémentaires la dette qu’elle aura contractée. Et on sait que la France est très endettée, et qu’elle contracte encore et toujours de la dette. Ainsi, selon les dernières données que j’ai en ma possession au moment où j’écris ces lignes, donc selon les données publiées vendredi 24 juin par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), la dette publique a atteint, fin mars 2022, 2 901,8 milliards d’euros, soit 114,5 % du PIB.
Aujourd’hui, ces deux taux, qui sont longtemps restés négatifs, flambent littéralement sous l’impact de l’inflation et des craintes de récession. Ainsi, le taux de l’OAT est à plus de 2% tandis que l’EURIBOR, qui était négatif depuis 2015, est à plus de 1%. Ces niveaux n’ont rien d’anormal en soi, ils sont même plutôt bas dans l’absolu, mais tout est une question de dynamique, de tendance, et celle-ci est nettement orientée à la hausse.
Le taux de l’OAT France 10 ans était passé sous les 0% pendant quelques mois, en 2019 puis en 2020, ce qui était en soi une totale aberration, car cela signifiait que lorsque la France empruntait de l’argent sur les marchés, elle ne payait pas d’intérêts aux prêteurs mais en récupérait ! L’aberration a non seulement été corrigée fin 2021, mais la guerre en Ukraine, à laquelle nos dirigeants européens ont choisi de participer, a évidemment amplifié un phénomène inflationniste qui était en germe et a fait flamber le taux de cette obligation. Il est autour de 2% aujourd’hui.
L’autre taux est l’EURIBOR 1 an, dont la flambée est aussi très nette.
Ce taux était négatif depuis début 2016. Ce qui signifiait que pendant 6 ans, les banques se prêtaient de l’argent entre elles au mieux gratuitement, mais souvent en payant pour prêter ! Autant dire qu’elles ne savaient pas quoi faire de leur argent… D’où le fait qu’elles affichaient des taux si bas sur les crédits immobiliers, les crédits à la consommation ou les crédits aux entreprises.
Aujourd’hui, ce taux dépasse les 1%, ce qui en soi n’a rien d’anormal, l’usure a toujours été couteuse… Mais dans une économie où la planche à billets a fonctionné à un rythme effréné pendant des années, où les états sont hyper-endettés, surtout la France, toute flambée des taux va alourdir considérablement la charge des agents économiques qui sont endettés.
La bonne nouvelle pour les particuliers, c’est que les banques répercutent avec un peu de retard ces hausses de taux sur leurs taux de crédit.
Autrement dit, si vous avez des crédits à taux variables, empressez-vous de les transformer en taux fixes, car les taux proposés sur les crédits demeurent encore fréquentables, ce qui ne sera probablement plus le cas dans quelques mois.