La confiance est une variable clé dans l’évolution des marchés, quels qu’ils soient. Dès lors qu’il y a une offre et une demande, la notion de confiance est essentielle dans la détermination des prix. Mais celle-ci n’est pas directement mesurable par un indice de confiance. Aussi convient-il d’observer l’évolution de plusieurs variables et de les comparer entre elles.
Voici, pour commencer, un graphique peu commun.
Il s’agit du pourcentage de hausse du cours de l’or, exprimé dans les différentes devises du monde dit libre.
Cela permet de mesurer la résistance de chaque devise à la crise géopolitique majeure que nous vivons. Il est en effet bien plus éloquent de faire cette comparaison plutôt que de comparer les devises entre elles, puisqu’on sait que l’or est par définition très demandé en période de crise, en tant que valeur refuge.
Ainsi, depuis le début février, on constate que l’or a gagné 12.5% si on l’exprime en Dollars mais 18% si on l’exprime en Euros. Ce sont les deux variations extrêmes. Entre les deux, l’or a gagné 16% par rapport à la livre sterling, un peu moins de 15% par rapport au Dollar canadien et dans les 13% par rapport au Yen ou au Franc Suisse.
Le dollar apparait ainsi comme la devise qui résiste le mieux alors que l’euro est celle qui a perdu le plus de sa valeur face à l’or.
Parmi les grandes devises dites du « monde libre », c’est donc l’euro qui inspire aujourd’hui le plus de défiance bien que l’inflation de l’Eurozone soit plus faible que celle qui sévit aux États-Unis. En effet, le taux d’inflation en Eurozone est estimé à 5.8% en février 2022 (source Eurostat) contre 7.9% aux USA. En théorie, la devise d’une zone qui supporte moins d’inflation devrait s’apprécier et être plus demandée, mais force est de constater que tel n’est pas le cas.
Cela traduit une relative confiance des marchés envers les Etats-Unis et au contraire une relative défiance vis-à-vis de la Zone Euro. Ce sentiment se retrouve dans les taux souverains. Prenons les taux à 10 ans des obligations d’état. Aux USA, le 10 ans rapportait 1.65% annuel en début d’année contre 2% actuellement. Il a grimpé de 35 points de base. En France, il est passé de 0.20% annuel à 0.70% annuel pour l’OAT 10 ans. Il a gagné 50 points de base.
Rappelons que plus le taux de rendement d’une obligation monte, plus cela signifie que le cours de l’obligation baisse, donc que cette dernière est moins demandée. Or, le taux des obligations souveraines à 10 ans montant davantage en France qu’aux USA, cela signifie que la France inspire relativement plus de défiance que les USA aux marchés depuis le début d’année…
Tout converge donc à penser que cette crise qui affecte le monde entier a plus de retentissements, dans l’esprit des investisseurs, sur le vieux continent qu’aux Etats-Unis, ou même en Grande-Bretagne. Et même si les marchés boursiers européens sont moins valorisés en Europe qu’aux Etats-Unis, le phénomène est également notable sur ces derniers. Ainsi l’Eurostoxx 50 perd plus de 14% depuis le 1er janvier 2022 alors que le Dow Jones ne perd « que » 10% à peine sur la même période.
Cela n’est pas de bon augure, surtout avec des dettes souveraines qui se sont accumulées pendant la pandémie…
Le moratoire de la dette risque à un moment d’être remis sur la table de la BCE…