Alors que l’Euro a passé la quasi-totalité de sa brève existence (moins d’un demi-siècle), au-dessus du dollar, voilà que notre devise s’effondre complètement depuis le début d’année, et vaut désormais moins qu’un dollar. A 0.98$ cours actuel, l’Euro perd 13% depuis le 1er janvier. La tendance baissière est claire et manifeste.
Mais la baisse de l’Euro ne s’observe pas uniquement face au billet vert. Elle s’observe aussi face au Franc Suisse. Ainsi, l’Euro qui avait culminé à 1.68CHF en 2007, se situe, quinze ans plus tard, à 0.98 CHF, donc là aussi en-dessous de la parité. Depuis le 1er janvier, l’Euro perd 6% face à la devise helvétique. La donne est différente face à la Livre Sterling, elle aussi en chute libre face au billet vert. La Livre baissant plus que l’Euro, on a même finalement un Euro qui gagne 3% depuis le 1er janvier.
En fait, les mécanismes psychologiques jouent pour beaucoup dans ces mouvements de devises.
La guerre a changé les choses. La guerre fait peur, d’autant plus qu’elle se situe aux portes de l’Europe et implique l’Europe dans sa totalité. De ce fait, le dollar apparait comme une monnaie « refuge » et le Franc Suisse comme une « valeur sure », du fait de la légendaire neutralité de la Suisse, non concernée par le conflit. En ces temps d’incertitude, les capitaux vont vers les monnaies symbolisant le mieux la sécurité. Pourtant les Etats-Unis sont loin d’être neutres dans le conflit, de l’aveu même de leur Président, ils n’ont jamais été aussi proches de la guerre mondiale depuis 1962… Mais le dollar reste un symbole et cela est important.
Dans une moindre mesure, la baisse de l’Euro s’explique aussi par la politique menée par la BCE, qui se montre moins agressive que la FED en matière de hausse des taux directeurs. Ainsi, depuis le 14 septembre, les taux d’intérêt des opérations principales de refinancement, de la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt sont relevés à respectivement 1,25 %, 1,50 % et 0,75 % en Zone Euro, alors qu’aux USA, les taux directeurs se situent entre 3% et 3.25% soit des taux deux fois plus élevés que les taux européens.
Les capitaux vont là où ils sont le mieux rémunérés… Et il est clair que les USA les rémunèrent mieux que l’Europe!
Voilà donc exposés les deux causes principales de la baisse de la devise européenne.
Quelles en sont les conséquences à présent?
Il y a des effets positifs et des effets négatifs.
Effets positifs : -Vu que notre monnaie coute moins cher aux américains, et leur monnaie nous coûte plus cher, nous allons vendre plus de marchandises et de services à destination des USA tandis que nous en importerons moins. Cela a donc un impact positif sur le solde de notre balance commerciale. -Dans la même veine, les hôtels, restaurants et autres lieux touristiques coutent moins cher aux américains (ainsi qu’aux suisses), ce qui entraine un regain d’afflux touristique vers les pays européens, et il ne faut pas oublier que la France, l’Espagne et l’Italie sont trois pays extrêmement touristiques. D’autant plus qu’il n’y a plus vraiment de restrictions sanitaires à l’entrée de l’Union Européenne. Nous avons bien observé cet été que le tourisme a sauvé le PIB européen (voir article sur Youtrading : Récession : le paradoxe du secteur du tourisme – Youtrading FR)
Effets négatifs : -Ce n’est jamais très bon pour l’image d’un pays, et à fortiori d’une zone économique de libre échange comme la Zone Euro de voir sa monnaie ainsi baisser. La baisse attire la baisse et cela fait fuir les capitaux. -Le pétrole s’échange en dollars, et le fait que le dollar coute plus cher, cela se répercute immédiatement sur les cours d’achat du pétrole, et donc sur les prix à la pompe pour ce qui concerne les ménages. Toute une partie de la hausse des prix à la pompe est due à la faiblesse de l’Euro. De la même manière, les matières premières importées nous coutent plus cher et donc cela alimente l’inflation.
Il est encore difficile de dire si les effets négatifs l’emporteront sur les effets positifs, qui ont permis, jusque-là, à la zone Euro, d’échapper à la récession… Nous le saurons rapidement.