La population de la Chine continentale atteint 1,41 milliard d’habitants en 2022. Cette population est la plus élevée du monde et représente 17,6 % des 8 milliards d’habitants de la planète d’après les estimations de l’Institut national d’études démographiques. Mais ce chiffre est d’une étonnante stabilité depuis quelques années. Évidemment, la vérité pourrait être “ailleurs” car il n’y a aucun élément qui aille dans le sens de ces chiffres pour le moins surprenants. La Chine cache une situation tout autre, situation alarmante à plus d’un titre.
Durant les années 70 du siècle précédent, la politique démographique « wǎn, xī, shǎo » a été mise en place en Chine. Cette initiative du pouvoir central visait à encourager les couples à avoir moins d’enfants afin de contrôler la croissance démographique du pays. Le terme « wǎn » signifiant « tardif » encourageait les couples à retarder leur mariage et la naissance de leurs enfants. Le terme « xī » signifiait « écarté », on incitait les parents à espacer les naissances de leurs enfants. Enfin, le terme « shǎo » qui signifie « peu » et poussait les familles à limiter le nombre de leurs enfants. Cette politique avait pour objectif de répondre aux préoccupations du gouvernement chinois quant à la surpopulation du pays, qui avait atteint plus d’un milliard de personnes à l’époque. Bien qu’elle ait également entraîné des conséquences sociales et économiques graves, telles que le vieillissement de la population et un déséquilibre entre les sexes en raison de la préférence traditionnelle pour les garçons (Mais que faisait-on des filles alors? Je n’ose le dire, mais nous le savons tous.), cette politique a réussi à ralentir considérablement la croissance démographique de la Chine. Les chiffres furent spectaculaires. La fécondité chinoise passa entre 1970 et 1978, de 5,75 à 2,75 enfants par femme…
La Chine décida à la fin des années 70 de ne pas continuer ce programme. Non pas à cause du déséquilibre évident entre garçons et filles. Non par peur de casser le système social du pays basé sur le soutien intergénérationnel. Non, juste parce que les résultats n’étaient pas suffisants. Il fallait aller plus loin. Beaucoup plus loin.
Malgré les alertes de tous bords, la fameuse “politique de l’enfant unique” fut mise en place dans toute la Chine à partir de 1979. La politique de planification familiale la plus drastique au monde. Cette politique imposait aux couples de n’avoir qu’un seul enfant, sous peine de sanctions économiques et sociales. Voici quelques-unes des sanctions les plus courantes de l’époque. Ames sensibles s’abstenir, vous pouvez passez au paragraphe suivant:
- Des amendes pouvant atteindre plusieurs années de salaire.
- La perte de l’emploi voire de logement, souvent les 2 de pairs.
- La stérilisation forcée; mais par endroit, ce fut systématique après l’accouchement du premier enfant.
- Les avortements forcés : une fois enceintes d’un 2ème enfant, les femmes risquaient de se faire avorter de force même si elles étaient déjà bien avancées dans leur grossesse.
- Isolement social et ostracisation du couple contrevenant.
Les droits de l’homme et de la femme??? Mais que vouliez-vous que l’on dise dans ces zones rurales et pauvres du fin fond de la Chine? Evidemment, je vous épargne les exactions, les avortements clandestins et puis le drame absolu: la naissance d’une fille. On s’arrête là? On devine la suite, je n’ose vous conter mes découvertes lors de mes investigations pour la rédaction de cet article. Allez, je me contenterai uniquement de vous signaler les infanticides sélectifs… de filles. Ahhh, quel beau pays dictatorial que cette Chine moderne de cette fin du 20ème siècle.
De charmantes rescapées!!!
Bien que controversée (ahhh oui, quand même!!!), cette politique a perduré pendant près de 35 années. Et elle a atteint tous ses objectifs. Elle n’a pas fait que de ralentir considérablement la croissance démographique de l’Empire du Milieu. Elle l’a littéralement stoppé, passant de plus de 1,3 milliard de personnes en 1979 à environ 1,4 milliard de personnes aujourd’hui. 40 ans de stagnation totale… Vous avez un doute? Oui, vous pouvez. La population diminue et cela dure depuis quelques années. Les chiffres sont tronqués, mais on est tellement habitué avec ce pays que cela n’est même plus souligné dans les articles que je lis ça et là.
Raisonnablement (est-ce le bon mot?), en 2015, la politique de l’enfant unique a été assouplie, permettant aux couples dont un des membres est enfant unique d’avoir deux enfants. En 2021, le gouvernement chinois a annoncé qu’il permettrait désormais aux couples d’avoir jusqu’à 3 enfants, dans le but de faire face au vieillissement de la population et de stimuler la croissance économique. Vieillissement? Croissance économique? Tiens, tiens!
La muraille de Chine désertée faute de chinois?
Nous y voilà. Cette politique de l’enfant unique a eu des conséquences gigantesques sur la société chinoise, des effets pernicieux qui n’avaient pas du tout été envisagé à l’époque. On sait que cette planification familiale a entraîné un déséquilibre structurel entre les 2 sexes. Elle a également entraîné une population vieillissante, avec moins de jeunes pour soutenir les personnes âgées, ainsi qu’une diminution de la main-d’œuvre disponible pour les industries et l’économie chinoise. Mais ce à quoi l’on n’avait pas pensé est que les enfants uniques (devenus enfants “rois”) ne veulent pas faire plusieurs enfants. Pire encore: «Si j’en avais un à élever, je serais pauvre ». Eh oui, les temps changent. Le second effet pervers est le manque de femmes en âge de procréer. L’engrenage est enclenché et il a déjà des répercussions sur la génération suivante qui risque de le faire subir à celle d’après.
Officiellement, la population chinois vient de commencer à diminuer en 2022. Selon les données communiquées par le Bureau national des statistiques chinois (mais siiii, vous savez bien, le bureau qui centralise toutes les statistiques vraies pour en fabriquer… des fausses!!!), le pays a perdu 850 000 habitants l’an passé. Question: Vous avez compté les enfants disparus ou on doit faire la soustraction nous-même? Oui parce que, à l’échelle de la France cela fait beaucoup, mais pour vous? Ça fait 0,06%. Enorme LOL.
L’ouvrier chinois, en voie d’extinction?
Les chiffres sont bien plus importants, bien évidemment… La vérité est que la Chine est passée en dessous du seuil de renouvellement des générations au milieu des années 1990. Ou alors, expliquez-moi comment une population peut se renouveler pareillement quand la moyenne des enfants par femme (elles-mêmes peu nombreuses et surtout chanceuses d’avoir échappé à l’extermination) ne peut être qu’inférieur à 1. Là où, avec un système de santé un poil meilleur, on arrive difficilement au renouvellement générationnel avec une moyenne légèrement supérieure à 2 enfants par femme qui, elles, n’ont pas été exterminées. La vie éternelle ne serait donc pas une chimère mais une réalité dans les provinces reculées de la Mandchourie? Je n’y crois pas un instant. Petit pari scabreux: le planning familial chinois va bientôt imposer… DES QUOTAS DE NAISSANCE PAR FEMME. 2,5 ce serait pas mal hein?? (je vous avais dit: scabreux!!) Je n’ose penser aux sanctions pour les contrevenantes. Cette population est vraiment considérée comme du bétail.
Car les chiffres sont là. La Chine est en panne de bébés. La fin de la politique de l’enfant unique n’a donné lieu à aucun baby-boom, bien au contraire. Le taux de fécondité diminue chaque année et est même plus faible qu’il ne l’était durant les trente-cinq années (1979-2015) qu’a duré cette mesure. Résultat : selon l’ONU, la Chine pourrait perdre environ la moitié de sa population d’ici à la fin du siècle. Le phénomène est déjà enclenché. J’annonce ni plus ni moins que la chute de l’Empire du Milieu… faute de population.
Quelles conséquences à cette diminution de population? Elles sont multiples et gravissimes. Évidemment, vous trouvez que j’exagère un peu le trait. Mais il n’en est rien car la population chinoise n’est pas dans l’état financier dans lequel peut être la population japonaise. En effet, le Japon pourrait être un bon exemple. Mais le PIB/habitant du Japon frôle les 40000$ par an pendant que la Chine se traîne lamentablement à 12500$. La situation est donc totalement différente. Et puis il y a un autre phénomène aggravant: le pouvoir central nie les faits.
Bientôt une image d’archive: un bébé chinois!
Soyons réalistes. Une baisse de la démographie en Chine entraînera une augmentation de la proportion des personnes âgées de manière beaucoup plus importante que n’importe où dans le monde. La grandeur du pays, la longueur et la dureté de cette politique amplifieront le phénomène comme nulle part ailleurs. Il n’y a tout simplement pas d’équivalent. Des migrations de masse apparaîtront dans des régions autrefois désertées pour retrouver et accompagner les anciens “restés au pays“. Cela entraînera une pression accrue sur le système de soins et de santé dans certaines régions. La diminution de la main-d’œuvre disponible, dans d’autres contrées, pour les industries et l’économie chinoise, sera accentuée par cette nécessité pour les jeunes de s’occuper de leur aïeux. Ainsi, dans ce cas, la sanction sera double voire triple.
Au niveau macro-économique, un phénomène d’inflation salariale provoquera une hausse des coûts de production. La compétitivité chinoise s’en ressentira lourdement. L’innovation par manque de talents sera en berne, même si, je vous l’accorde, les chinois sont plutôt des copieurs que des innovateurs depuis très longtemps. La disponibilité des habitations entraînera une baisse de l’immobilier alors qu’il est déjà en surproduction flagrante depuis des années. Bref, les déséquilibres économiques seront importants. Mais quand on représente 20% de la population mondiale et la première industrie du monde, les conséquences seront planétaires. Une raréfaction des biens produits par l’Empire du milieu entraînera une accentuation de la relocalisation des productions vers les lieux de consommation qui ne seront pas mieux loti concernant leur courbe démographique. Il est évident que, la main d’œuvre se raréfiant tout azimut, la pression inflationniste restera de mise, de manière structurelle.
Les conséquences sur longue période de cette chute de la population chinoise sont toutefois difficiles à énumérer tant le cas est inconnu dans l’histoire de l’humanité. Aurait-on un exemple historique d’un effondrement de population aussi conséquent? Oui j’en vois un. La peste bubonique du 14ème siècle, appelée “peste noire”, qui tuera entre 30 et 50 % des européens en cinq ou six ans. Plus rapide certes mais aux conséquences troublantes: la chute de la dynastie YUAN en Chine. Troublant, n’est-ce pas? En tous les cas, les conséquences de cette peste ont perduré pendant des dizaines d’années, pour ne pas dire des siècles, sur l’ensemble de la planète connue à ce moment-là.