C’est le 24 février que Poutine a envahi l’Ukraine. Aujourd’hui, à entendre le gouvernement et les médias, c’est ce qui serait à l’origine de la flambée des prix que nous vivons quotidiennement. Eh bien non, l’inflation n’a pas commencé le 24 février 2022, elle a commencé bien avant ; j’en veux pour preuve les différents articles publiés sur le sujet sur le présent site, en janvier et février 2022, le premier datant du 24 janvier (INFLATION : Parlons simple pour poser le concept – Youtrading FR)
Le graphique très officiel de l’INSEE retraçant l’évolution de l’inflation en France sur les 5 dernières années le confirme. La date de l’invasion de l’Ukraine est matérialisée par la verticale rouge. Certes, l’inflation s’est accélérée par la suite, mais elle n’a fait que poursuivre une trajectoire déjà établie depuis plusieurs mois.
Le graphique en question présente le taux d’inflation en glissement annuel. Cela signifie que l’inflation mensuelle est comparée non pas au mois qui précède, mais au mois équivalent de l’année antérieure. Ainsi, quand on lit que l’inflation est de 5.9% en aout 2022, cela signifie que les prix à la consommation ont augmenté en moyenne de 5.9% en aout 2022 par rapport à aout 2021, ce qui fait que nous avons tous eu le sentiment de dépenser plus cet été que l’été 2021. Depuis janvier 2021, l’inflation ne cesse d’augmenter; il n’y a pas eu la moindre pause ni le moindre infléchissement. Lors de sa dernière publication, l’INSEE a précisé que le prix des produits de grande consommation a crû de 8.2% en aout en glissement annuel contre une hausse de 6.7% en juillet. Ce sont ces produits de notre quotidien qui impactent le plus nos modes de vie et bien entendu notre pouvoir d’achat (puisque, rappelons-le, le pouvoir d’achat se définit par ce que nos revenus nous permettent de nous offrir). On notera d’ailleurs qu’en juillet et aout 2021, la hausse des prix étaient déjà de l’ordre de 2% par rapport aux mêmes mois de 2020. On peut donc penser que nous vivons déjà dans un monde bien plus couteux qu’il y a deux ans.
La question est de savoir quand est-ce que cela va s’infléchir. Cette question renvoie à celle du pic d’inflation. De la même manière qu’il y a un pic épidémique, notion rentrée dans tous les esprits avec la crise du COVID, il y aura à un moment donné un pic d’inflation, c’est-à-dire un moment à partir duquel l’inflation baissera. Ce qui ne signifiera pas que les prix vont baisser, que vous payerez moins cher vos baguettes ou votre lessive, mais que les prix augmenteront moins vite. Par exemple, si l’inflation est de 4% en septembre, puis de 3.5% en octobre, on pourra dire que le pic aura été en aout.La Première ministre Elisabeth Borne a estimé jeudi 1er septembre que le pic d’inflation devrait être passé au cours de l’année 2023. Cela laisserait donc augurer d’un hiver très difficile pour notre pouvoir d’achat… Car l’hyperinflation (qui correspond à la situation d’une économie affectée par une inflation extrêmement élevée, qui augmente de mois en mois, échappant à tout contrôle) qui était peu probable en mars dernier (voir article : HYPERINFLATION et STAGFLATION, les deux enfants terribles de l’inflation… – Youtrading FR) n’est malheureusement plus, à notre stade, une élucubration. La probabilité qu’elle advienne croit de mois en mois, hélas.