Les français se préoccupent assez peu de l’inflation même si le terme est en très forte hausse dans les requêtes sur les moteurs de recherche… Mais ils se préoccupent bien plus du pouvoir d’achat. De leur pouvoir d’achat. Une notion d’économie, passée dans le langage courant dans les années 90.
Le pouvoir d’achat, c’est tout simplement ce que vous pouvez acheter ! Votre pouvoir d’achat dépend de vos revenus et des prix. Le pouvoir d’achat est une notion abstraite. Si vous gagnez 3000€ par mois, vous pouvez acheter par exemple une demi-voiture d’occasion à 6000€, ou encore 1000 packs d’eau à 3€, ou encore 3 ordinateurs à 1000€… Mais en réalité vous achèterez un mélange de tout ça et de bien d’autres choses ! Carvous achetez ce que les économistes appellent un panier de consommation.
Les ménages qui utilisent uniquement leur véhicule pour se rendre à leur lieu de travail alloueront une part plus importante au carburant dans leur panier de consommation, que ceux qui prennent les transports en commun et utilisent peu leur véhicule. C’est évident. Par conséquent, une hausse du prix du carburant pénalisera leur pouvoir d’achat. C’est la goutte d’eau qui a fait défiler des gens vêtus de jaune sur les Champs-Élysées en 2018.
Pour formaliser la notion de pouvoir d’achat, on peut dire que c’est le revenu (R) divisé par les prix (P) PA = R / P
Si le prix de ce que vous achetez augmente, mais que vos revenus stagnent, votre pouvoir d’achat va baisser, c’est arithmétique !
Si les prix montent, mais que les revenus montent, tout dépendra de l’ampleur de la hausse de chacun d’eux. Si votre revenu croît de 10%, mais que les prix croissent de 15%, votre pouvoir d’achat diminue. A l’inverse ce pouvoir d’achat augmente si les prix n’augmentent que de 5% quand votre revenu croît de 10%.
Donc l’inflation fait mécaniquement chuter le pouvoir d’achat des ménages, sauf si leur revenu monte plus que les prix ! Mais pourquoi le ferait-il dans le contexte actuel ?
Cela semble assez insensé…
Et pourtant, on nous indique que le pouvoir d’achat des ménages n’est pas si atteint que cela.
Regardons les courbes de l’INSEE, l’institut national de la statistique et des études économiques.
Source : Insee
Ce graphique montre le taux de croissance du revenu disponible brut par ménage, d’un trimestre sur l’autre depuis le début du 21ème siècle (en bleu) et il montre le taux de croissance du pouvoir d’achat de ce revenu d’un trimestre à l’autre (en jaune). Quand la courbe jaune se situe sous la ligne violette, cela signifie que votre pouvoir d’achat baisse. Quand elle est au-dessus, c’est qu’il monte. Idem pour les revenus.
On observe selon ce graphique que le revenu des ménages augmente quasiment tout le temps (sauf pendant la crise de 2008) et que le pouvoir d’achat, à part en 2003, en 2008, en 2012 et en 2020, monte. A chaque fois qu’il a baissé, cela s’est fait sur un trimestre. Donc globalement, l’INSEE nous indique qu’il monte. En ce moment, il monterait légèrement, moins que le revenu (normal puisqu’il y a de l’inflation) mais il serait enhausse.
Cela est confirmé par la courbe suivante :Sur une base 100 en 2005, le pouvoir d’achat serait de 109 environ en 2018, tant pour les salariés du secteur privé que du secteur public. Autrement dit, en 2018, donc au moment des gilets jaunes, vous pouviez acheter 9% de plus de biens et services qu’en 2005.
Source INSEE
Seulement, cela n’est pas totalement conforme à ce que ressentent les français. L’explication est simple : l’indice des prix construit par l’institut ne prend pas en compte le tabac, et autres produits ou services que les français utilisent souvent (plomberie par exemple, hospitalisation privée, etc)… D’où une différence entre ce qui est annoncé et ce qui est ressenti. Un peu comme pour les températures…